Un membre de l’Unrwa dans la cour de l’école Al-Jawni après une frappe israélienne à Nuseirat dans la bande de Gaza, le 11 septembre 2024 (AFP / Eyad BABA)
Le Parlement israélien a décidé d’interdire les activités en Israël de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), provoquant un tollé international, sur fond de négociations sur la libération des otages détenus à Gaza.
Plusieurs capitales européennes ont dénoncé cette interdiction, tout comme l’ONU et l’OMS (Organisation mondiale de la santé), alors que l’UNRWA est le principal acteur des opérations humanitaires dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par plus d’un an de guerre entre Israël et le Hamas.
Israël, longtemps très critique à l’égard de l’agence, a accusé des employés de l’UNRWA d’avoir participé au massacre perpétré sur son sol par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023, qui a déclenché des représailles particulièrement israéliennes. meurtrier.
Malgré l’opposition de son allié américain et l’avertissement du Conseil de sécurité de l’ONU, la Knesset a adopté à une écrasante majorité (92 voix contre 10) ce texte qui interdit « les activités de l’UNRWA sur le territoire israélien », y compris à Jérusalem-Est, un secteur de la ville sainte occupé et annexé par Israël depuis 1967.
Un deuxième texte, également largement adopté (89 voix contre 7), interdit également aux responsables israéliens de travailler avec l’UNRWA et ses employés, ce qui devrait perturber considérablement les activités de l’agence, alors qu’Israël contrôle strictement toutes les expéditions d’aide humanitaire entrant à Gaza.
Les deux lois entreront en vigueur 90 jours après leur adoption, selon la Knesset.
– “Colonne vertébrale” –
“Il existe un lien profond entre l’organisation terroriste (Hamas) et l’Unrwa et Israël ne peut pas le tolérer”, a insisté Yuli Edelstein, l’un des députés à l’origine du texte.
L’Unrwa, créée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1949, gère notamment des centres de santé et des écoles à Gaza et en Cisjordanie. Fournissant abri, nourriture et soins de base, il est considéré comme la « colonne vertébrale » de l’aide à Gaza, en proie à une catastrophe humanitaire.
Le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini, a dénoncé une interdiction qui va « aggraver les souffrances des Palestiniens ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit “profondément préoccupé” par ces deux lois “qui, si elles étaient appliquées, empêcheraient probablement l’UNRWA de poursuivre son travail essentiel”, avec “des conséquences dévastatrices”. « Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA », a-t-il insisté, appelant Israël « à agir conformément à ses obligations au titre de la Charte des Nations Unies ».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’exprime devant le Parlement à Jérusalem, le 28 octobre 2024 (POOL / DEBBIE HILL)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël était “prêt” à “travailler avec (ses) partenaires internationaux” pour continuer “à faciliter l’aide humanitaire à Gaza d’une manière qui ne menace pas (sa) sécurité”.
Avant même le vote, les États-Unis se sont déclarés « très préoccupés » et ont « exhorté le gouvernement à ne pas approuver » ce texte.
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé une décision « intolérable ». Mêmes inquiétudes et condamnations de Londres et de Berlin, mais aussi de l’Irlande, de la Norvège, de la Slovénie et de l’Espagne, qui considèrent le travail de l’Unrwa « irremplaçable ».
Côté palestinien, le Hamas a dénoncé une « agression sioniste », tandis que la présidence palestinienne a vu dans ces textes la confirmation de « la transformation d’Israël en un Etat fasciste ».
– « Arrêtez cette guerre » –
Dans ce contexte tendu marqué par la poursuite de sa guerre contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, Israël a annoncé lundi avoir discuté avec les négociateurs étrangers réunis au Qatar d’un nouveau cadre de négociations sur la libération des otages détenus dans le territoire palestinien.
Le chef du Mossad, l’agence israélienne de renseignement extérieur, David Barnea, a rencontré le chef de la CIA Bill Burns et le Premier ministre qatari pour discuter de ce « nouveau cadre », selon le bureau de M. Netanyahu, qui a déclaré que les discussions « se poursuivront dans les prochains jours ». entre les médiateurs et le Hamas.
La veille, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, dont le pays est l’un des médiateurs, avait proposé un cessez-le-feu de deux jours durant lesquels quatre otages israéliens seraient échangés contre des Palestiniens emprisonnés par Israël.
Cette trêve serait suivie « d’ici dix jours » de négociations en vue d’un « cessez-le-feu complet et de l’entrée de l’aide humanitaire ».
M. Netanyahu “n’a pas reçu” cette proposition : “si cette proposition avait été faite, le Premier ministre l’aurait immédiatement acceptée”, a déclaré lundi soir son porte-parole.
“Nous devons arrêter cette guerre”, a insisté lundi le président américain Joe Biden.
Alors qu’Israël a frappé samedi des cibles militaires en Iran, qui soutient et finance le Hamas et le Hezbollah, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a estimé que ces raids avaient “modifié l’équilibre des pouvoirs”, avec un “ennemi (…) affaibli”.
L’Iran a menacé lundi Israël de conséquences “inimaginables” après ces frappes menées en réponse aux tirs de missiles iraniens le 1er octobre sur Israël.
Selon Benjamin Netanyahu, l’Iran cherche à constituer « des stocks de bombes nucléaires dans le but de détruire Israël ».
– Frappes au Liban –
Des sauveteurs recherchent des survivants dans les décombres d’un bâtiment détruit par une frappe israélienne dans la ville de Tyr, au sud du Liban, le 28 octobre 2024 (AFP / Kawnat HAJU)
Au Liban, Israël a mené de nouveaux raids aériens, après avoir intensifié sa campagne de frappes depuis le 23 septembre puis lancé une offensive terrestre dans le sud du pays contre le Hezbollah.
Les raids sur la ville méditerranéenne de Tyr ont fait au moins sept morts et 17 blessés, selon les autorités libanaises, qui ont également fait état de 60 morts dans des frappes sur plusieurs localités de l’est du pays.
Israël dit vouloir neutraliser le Hezbollah au sud du Liban afin de permettre le retour vers le nord d’Israël de 60 000 habitants déplacés par les tirs incessants de roquettes depuis le début de la guerre à Gaza il y a plus d’un an.
Plus de 1.600 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre au Liban, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
Selon l’armée israélienne, environ 115 « projectiles » ont été tirés lundi par le Hezbollah vers Israël.
– “Nourriture” –
Des Palestiniens prient devant les corps de leurs proches, tués lors d’une frappe aérienne israélienne à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 27 octobre 2024 (AFP/-)
Dans la bande de Gaza, l’armée israélienne a annoncé avoir tué “des dizaines de terroristes” dans le camp de réfugiés palestiniens de Jabalia, secteur du nord du territoire où elle mène une offensive depuis le 6 octobre, affirmant que des combattants du Hamas essaie de s’y regrouper.
L’offensive israélienne à Gaza a tué au moins 43 020 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement Hamas, jugées fiables par l’ONU, et a provoqué le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants du territoire.
Walid Abou Shawish, un homme de 40 ans qui a fui le nord pour se réfugier à Khan Younès (sud), a déclaré à l’AFP avoir « tout vendu pour acheter une tente » pour sa famille de neuf personnes et « tout dépensé pour avoir de la nourriture ». et de l’eau potable.
L’attaque du 7 octobre 2023 a fait 1.206 morts, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes, dont des otages tués ou morts en captivité.