Plafonner le prix de son GNL frapperait durement la Russie dans son portefeuille

Plafonner le prix de son GNL frapperait durement la Russie dans son portefeuille
Plafonner le prix de son GNL frapperait durement la Russie dans son portefeuille

Exempt de sanctions, le gaz russe continue d’affluer vers l’Europe. Mais depuis l’invasion de l’Ukraine, il a emprunté des voies différentes. Les gazoducs se sont en partie asséchés – voire totalement dans le cas de Nordstream, victime d’un sabotage en septembre 2022 – et ont déclenché une hausse des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par bateau. N’est-ce pas une démarche que devraient entreprendre les pays européens, afin de priver la Russie de ressources financières et de réduire la portée de ses armes énergétiques ?

C’est ce que pense le CREA (Centre de Recherche sur l’Energie et l’Air Pur), un groupe de réflexion Finlandais. Dans une note publiée en avril, il a proposé aux pays du G7+ (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, France, Canada, Union européenne plus Autriche, Norvège et Suisse) de fixer un prix plafond pour l’achat de Le GNL russe, comme ce qui a été imposé au pétrole, afin de réduire les revenus de Moscou.

En 2022, première année de la guerre d’invasion russe en Ukraine, les importations russes de GNL ont augmenté de 36 % par rapport à l’année précédente, représentant 15 % des importations totales de GNL de l’UE. La Russie est le deuxième fournisseur de GNL des 27, derrière les États-Unis.

Moscou dépendante du marché européen

« Même avant l’invasion de l’Ukraine, l’expansion de la production de GNL était un objectif de la politique énergétique de la Russie. » rappelle le CREA. Depuis l’ouverture du terminal de Yamal dans l’Arctique en 2018, le marché européen est l’une de ses principales destinations. Cela représente, sur la période 2021-2023, la moitié de ses exportations, à parts égales avec l’Asie.

Cette dépendance de la Russie vis-à-vis des débouchés sur le Vieux Continent doit inciter les décideurs européens à agir. D’autant que cette dépendance existe aussi dans le transport maritime de GNL. En 2023, 93 % des pétroliers étaient détenus ou assurés dans des pays du G7 ou de l’UE. « Ce qui constitue un levier considérable pour imposer des sanctions à la Russie. » soutient le CREA.

Selon groupe de réflexion Finnois, la réorientation des flux vers l’Asie, en cas de sanctions européennes, poserait des difficultés logistiques majeures à la Russie. En effet, trois de ses quatre principales infrastructures GNL sont situées dans la partie européenne du pays.

Première option, les pétroliers russes au départ de Yamal et de la mer Baltique pourraient passer par le canal de Suez pour rejoindre l’Asie. Mais la durée de transport du GNL russe serait alors deux fois plus longue que celle du gaz liquéfié qatari, australien ou malaisien pour les clients asiatiques. Son coût augmenterait donc significativement et le rendrait beaucoup moins attractif.

L’autre solution serait de passer par la « Route maritime du Nord », qui longe la côte nord de la Russie en passant par les mers arctiques. Bien que plus courte que la première option, elle reste plus longue que la durée moyenne du transit du GNL depuis l’Australie ou la Malaisie vers ses clients asiatiques. De plus, la route maritime du Nord n’est praticable que de juin à décembre. Le reste du temps, la mer est gelée.

Pour toutes ces raisons, le CREA recommande aux pays du G7+ de mettre en place un prix plafond global sur les achats de GNL russe, à l’image de celui qui a été imposé au pétrole russe en 2022. Il propose la limite de 17 euros/mégawattheure (€/MWh). . Concrètement, cela signifie que les pays appliquant ce plafond s’interdisent d’acheter du GNL à un prix plus élevé, et refusent à leurs entreprises de fournir des services (assurance, transport, etc.) pour échanger du GNL dont le prix dépasse ce seuil. .

Ce plafond de 17 €/MWh est légèrement supérieur au coût de production du GNL russe. Pour quoi ? Car une baisse des prix réduirait les exportations russes de GNL, ce qui perturberait le marché mondial. En revanche, ce prix plafond serait au niveau du prix du marché, car un prix plus bas rendrait le GNL russe plus compétitif et encouragerait les pays importateurs à acheter davantage, entraînant une augmentation des exportations russes.

Plafonner également les volumes

Selon les calculs du CREA, si cette mesure avait été appliquée à l’échelle mondiale en 2023, elle aurait réduit les revenus russes issus du GNL de 60 % (soit 10 milliards d’euros). Si le plafonnement des prix avait été appliqué uniquement par l’UE, cela aurait entraîné une baisse des revenus russes de 29% (-5 milliards d’euros).

LE groupe de réflexion suggère de combiner la mesure avec un volume plafond des importations russes de GNL d’ici les 27, afin de prévenir le risque d’augmentation des importations. Les États membres devraient s’engager à ne pas acheter plus que la moyenne de leurs importations annuelles au cours des trois dernières années (2020-2023).

L’ACI propose également d’interdire la revente du GNL russe afin qu’il soit utilisé uniquement dans le pays d’importation et de faire de même pour les services de transbordement. Cela empêcherait la Russie d’utiliser les infrastructures de l’UE pour importer son gaz avant de le réexporter vers d’autres destinations non européennes.

Avant tout, les États membres doivent donner la priorité aux investissements dans les énergies renouvelables. Cette approche réduirait la dépendance énergétique à l’égard des pays tiers et renforcerait la sécurité énergétique de l’UE. rappelle le CREA

 
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