Dans quels secteurs la France est-elle indépendante ? – .

Dans quels secteurs la France est-elle indépendante ? – .
Dans quels secteurs la France est-elle indépendante ? – .

Malgré le contexte inflationniste, la France continue d’attirer les investissements étrangers. Selon le dernier baromètre EY (Ernst & Young Global), le pays conserve, pour la 5ème année consécutive, la première place du classement européen de l’attractivité, avec 1.194 projets identifiés. Dans ce contexte où le commerce international est omniprésent, il est légitime de se demander si la France peut être totalement indépendante dans certains secteurs économiques. Nous avons interrogé Philipe Crevel, spécialiste des questions macroéconomiques, pour identifier les domaines dans lesquels la France se démarque.

Le 13 mai 2024, le président Emmanuel Macron et près de 200 chefs d’entreprise se sont réunis au château de Versailles pour la 7e édition du Sommet Choose France. L’objectif de cet événement, lancé en 2018 par le chef de l’État, est d’attirer les investisseurs étrangers vers «soutenir la croissance, l’innovation et l’emploi partout en France ». Et pour cause, plusieurs secteurs ont été investis par des entreprises étrangères, comme l’intelligence artificielle avec l’apport de 4 milliards d’euros de Microsoft, la santé ou encore la fintech. Avec de tels financements extérieurs, on peut se demander si la France est, aujourd’hui, indépendante dans certains secteurs et si cela est encore possible avec la mondialisation. Philippe Crevel nous en dit plus.

« Il est pratiquement impossible pour un secteur d’être totalement autosuffisant »

Dès le début de la révolution industrielle, à partir du XIXème siècle, le commerce international devient incontournable. Aujourd’hui, cette tendance est encore plus prononcée. « Dans l’économie contemporaine, il est pratiquement impossible pour un secteur d’être totalement autosuffisant. L’économie mondiale repose sur le commerce. », explique le macroéconomiste Philippe Crevel. Que ce soit pour l’énergie, les matières premières ou encore les services, la dépendance à l’égard du commerce international est omniprésente. Prenons le secteur agroalimentaire. Bien que la matière première, les céréales par exemple, proviennent majoritairement de France. L’énergie utilisée pour fabriquer des produits provient d’un pays étranger.« En effet, en 2022, La France importait près de 98 % de son pétrole d’Afrique ou du Moyen-Orient, 98 % de son gaz naturel de Norvège, des Pays-Bas ou d’Algérie. Et tout son charbon vient d’Australie, d’Afrique du Sud et de Colombie.« Il y a toujours un besoin d’échanges avec l’étranger pour presque toute la production. Le commerce extérieur repose sur le principe de la théorie des avantages comparatifs. Par conséquent, chaque État se spécialise là où il est le moins mauvais. C’est cette relative spécialisation qui permet l’enrichissement global et la croissance économique de la France.», précise l’économiste.

Expertise en agroalimentaire et en finance

La mondialisation ne signifie pas nécessairement la fin de l’indépendance économique du pays. La France, rappelle Philippe Crevel, est « spécialisée » dans de nombreux domaines et dispose d’un « forte réputation et attractivité ». “Parmi euxLes domaines de spécialisation de la FranceIl y a le secteur agroalimentaire avec des entreprises exportatrices comme Danone, ainsi que les industries aéronautique et navale, avec la construction de bateaux de croisière. Notre pays est également reconnu pour sa spécialisation dans le domaine financier. BNP Paribas est la première banque en Europe et Axa est l’une des plus grandes compagnies d’assurance au monde. Le secteur du tourisme contribue également grandement à l’économie françaiseattirant 90 millions de touristes étrangers chaque année, grâce à des entreprises renommées comme Accor ou ClubMed.»

Les enjeux de la souveraineté économique

En théorie, pour parvenir à une indépendance économique « viable », il faut que le pays avoir la capacité de produire localement des matières premières, de maîtriser les technologies de production et il faut avant tout, une demande intérieure suffisante pour soutenir l’industrie sans dépendre des exportations. Cependant, dans le cas de la France « L’obtention d’une indépendance totale reste une utopie en raison de la nécessité d’importer certaines matières premières et technologies », souligne Philippe Crevel.


En effet, si certains prônent la souveraineté économique, en pratique, « Produire le maximum de biens en France, c’est extrêmement difficile à mettre en œuvre dans une économie en temps réel avec la rupture des chaînes de valeur et avec la volonté de maintenir, voire d’augmenter, le pouvoir d’achat. De plus, cela génère des coûts supplémentaires. » explique le spécialiste. Cela se traduit par des hausses de prix qui impactent directement le pouvoir d’achat des ménages., obligés de payer plus pour des biens qu’ils auraient pu obtenir à moindre coût. “Prenons l’exemple du protectionnisme croissant autour des voitures électriques chinoises. La conséquence de ces mesures est une augmentation des prix des véhicules électriques en France.. Les constructeurs nationaux, soutenus par les droits de douane imposés par le gouvernement, ajustent leurs prix à ceux des voitures chinoises, ce qui n’incite pas à une baisse des prix. En fin de compte, ce sont les consommateurs qui en souffrent.»

Ce qui est essentiel, ce n’est pas tant une autonomie totale que la diversité des fournisseurs. Le problème réside dans la dépendance à l’égard d’un seul pays. Si ce dernier décide de couper les approvisionnements, cela pose un sérieux problème. Il est donc crucial de disposer de plusieurs sources d’approvisionnement. C’est dans cette diversité qu’il faut investir. » explique Philippe Crevel.

Le commerce international, un exercice d’équilibriste

Le libre-échange soulève également une autre problématique liée aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Importer et exporter des produits de l’autre bout du globe a un coût environnemental, c’est pourquoi le gouvernement a proposé, en 2023, le projet de loi de souveraineté énergétique visait à réduire ses GES de 50 % d’ici 2030. Or, ces échanges économiques sont importants, développe l’économiste, puisqu’ils «permettre de développer la croissance dans les pays les plus pauvres du Mercosure, d’Amérique latine ou d’Afrique.« Pour lui, il faut trouver un « un juste équilibre entre le commerce mondial »qui constitue un moteur de croissance important, et « réduire les émissions de gaz à effet de serre ». “Il vaudrait peut-être mieux se concentrer sur la réduction des émissions des navires et des avions plutôt que de limiter le commerce mondial. Il y a des arbitrages économiques, sociaux et géopolitiques à mettre en place. », conclut-il.

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