(ETX Daily Up) – Aux États-Unis, la liste des entreprises demandant à leurs employés de retourner au bureau à temps plein s’allonge de jour en jour. Une volte-face inattendue qui plaît mal aux cadres, trop habitués à la liberté d’organisation qu’offre le télétravail. Ces derniers ne seraient prêts à y renoncer qu’en échange d’une augmentation salariale substantielle.
En quelques années seulement, le télétravail s’est ancré dans les pratiques des salariés américains. Beaucoup d’entre eux n’envisagent pas d’être à nouveau à 100 % au bureau. Actuellement, 24 % des travailleurs du pays de l’Oncle Sam travaillent en mode hybride, c’est-à-dire qu’ils alternent entre travail en présentiel et travail à distance, selon la dernière édition de l’Enquête sur les modalités et attitudes de travail. Leur nombre pourrait toutefois diminuer dans les mois à venir, poussé par les entreprises technologiques comme Amazon et Dell, qui obligent leurs équipes à retourner dans leurs locaux à temps plein.
Encore faut-il qu’ils acceptent de jouer le jeu. En effet, les salariés qui sont à distance un jour par semaine seraient prêts à renoncer à cet avantage en échange d’une augmentation salariale de 9,6 %, selon l’« Enquête sur les modalités et attitudes de travail ». Sans surprise, certaines catégories de salariés valorisent davantage le télétravail que d’autres. C’est le cas des trentenaires avec enfants à charge, ayant fait des études supérieures. Ces derniers accepteraient de venir au bureau tous les jours si leur rémunération augmentait de 10 à 15 %, comme l’a expliqué à Business Insider Nicholas Bloom, professeur d’économie à Stanford et co-auteur de l’étude.
Plusieurs facteurs expliquent la réticence des ouvriers américains à revenir sur le chantier à temps plein. La distanciation permet aux salariés de gagner du temps de trajet entre le domicile et le bureau : travailler depuis son canapé permettrait aux télétravailleurs du monde entier de gagner en moyenne 72 minutes par jour, selon une étude du National Bureau of Economic Research datant de 2023. Une économie considérable de du temps que les actifs réinvestissent dans leur entreprise. En revanche, le télétravail facilite l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, sans nuire significativement à la productivité.
Toutefois, les employeurs américains ne sont pas très sensibles à ces arguments, convaincus qu’il est préférable d’être en présentiel pour communiquer et travailler efficacement. Conséquence : les annonces d’embauches en « full distance » sont en baisse aux États-Unis. Mais les dirigeants qui annoncent la fin du télétravail pourraient s’en mordre les doigts. Le travail hybride est devenu la norme pour de nombreux travailleurs, notamment les jeunes diplômés. Ils n’hésitent pas à refuser un poste si cette opportunité ne leur est pas offerte. Imposer le présentiel est donc l’un des paris les plus risqués en termes de rétention des talents.