Philosophe et romancier, Mazarine M. Pingeot (en photo) fait le pari de l’intime dans 11 quai Branly (Flammarion). En retournant pour la première fois à « l’Alma », l’appartement officiel présidentiel dans lequel elle a grandi de 9 ans à 16 ans, elle convoque des fantômes, se confronte à la mémoire de son père, François Mitterrand, et s’interroge s’il est même possible de s’émanciper de l’enfance.
Ces questions se croisent Coeur (Albin Michel), le nouveau roman de Thibault de Montaigu. Là, il traque habilement les malédictions familiales et compose une émouvante lettre d’amour à son père, alors malade, qui lui demande d’écrire sur la mort mystérieuse d’un ancêtre. Écrire, c’est peut-être aussi faire vivre…
On pensait la formidable saga de Riad Sattouf, L’Arabe du futurvendu à plus de 3,5 millions d’exemplaires et traduit dans une vingtaine de langues ! C’était oublier la pièce manquante du puzzle et peut-être la clé de l’histoire de sa famille franco-syrienne : le point de vue de Fadi, son jeune frère, arraché à sa Bretagne natale par son père, emmené de force en Syrie, et séparé de lui depuis près de 20 ans. Autant de rires que de larmes à la lecture du premier tome de Moi, Fadi, le frère volé (Livres du futur). Un événement.
Tout comme la sortie du dernier livreEdward Louis. En enquêtant, dans L’effondrement (Seuil), sur le sort de son frère aîné, retrouvé mort à 38 ans après des années d’alcoolisme et de dépression, le romancier conclut un long cycle familial entamé en 2014 avec En finir avec Eddy Bellegueule (Seuil). Pour la première fois, il troque la sociologie contre d’autres outils, met en jeu tout ce qu’il a écrit et livre une tragédie inquiétante pour aujourd’hui.
Il y a plus de dix ans, Anne-Dauphine Julliand dit dans le déménagement Deux petits pas sur le sable mouillé (J’ai lu) de la maladie et annoncé le décès de ses deux filles. Ajouter de la vie aux jours (Les Arènes), son nouveau récit, se confronte à l’impensable : le suicide de son fils Gaspard, en 2022, à la veille de ses 20 ans. C’est un texte lumineux qui surgit des larmes, une lettre d’amour à ceux qui ne sont plus à la hauteur de la vie qui continue malgré tout…
Enfin, nous vous présenterons le premier roman captivant de l’actrice et scénariste Charlotte des Georges. Chiens de meute (Fayard) est une fresque qui nous plonge au cœur d’une famille ravagée par les drames et les non-dits. C’est aussi le portrait crépusculaire d’un monde qui interdit les larmes et laisse ses enfants livrés à eux-mêmes. Que reste-t-il à la prochaine génération ? Écrire, ici, c’est se souvenir, mais aussi réfléchir à ce que l’on ne veut pas transmettre à son tour…
Et si nous inventions notre propre famille ? Cette semaine, nous allons à la rencontre des personnes qui forment Maud Scélo et dix de ses amis. Ils ont fait le pari de reprendre la librairie du Centre qui menaçait de fermer ses portes dans la petite ville de Ferney-Voltaire, à la frontière suisse.
Et puis, à l’occasion du 100e anniversaire de Manifeste du surréalisme par André Breton, nous suivrons les sœurs Anne et Claire Bérest, arrière-petites-filles de Francis Picabia et Gabriële Buffet, parties à la rencontre des élèves de Terminale HLP du lycée Fénelon, à Paris, pour leur parler de mémoire familiale, d’histoire de l’art et d’écriture automatique.
L’émission est à voir ce mercredi 16 octobre, à 21 heures, sur France 5.