“Ce n’est pas normal, c’est un cluster”

“Ce n’est pas normal, c’est un cluster”
“Ce n’est pas normal, c’est un cluster”

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Comme lui, les familles de 72 enfants de 3 à 17 ans habitant six communes du territoire de La Rochelle viennent de découvrir les résultats d’un « projet citoyen » imaginé et financé par l’association Avenir Santé Environnement fondée en 2018 à la suite de l’apparition de cancers pédiatriques inexpliqués dans la plaine de l’Aunis, l’une des zones céréalières les plus fertiles d’Europe.

Jusqu’à 10 molécules par enfant

En avril 2024, des urines et des mèches de cheveux ont été collectées et analysées par un laboratoire public rattaché à un hôpital universitaire. Quatorze pesticides – et jusqu’à cinq par enfant – ont été détectés dans leurs urines, qui ne durent que quelques jours. Les cheveux gardent le souvenir d’une exposition à ces produits sur plusieurs mois : 45 molécules y ont été retrouvées, jusqu’à 10 par enfant.

Parmi les substances identifiées : le pentachlorophénol (PCP), un fongicide utilisé comme produit de préservation du bois et désormais interdit. Elle a été mesurée dans les urines chez près d’un enfant sur deux. Leurs cheveux ont révélé la présence de DEET – un anti-moustique – dans plus de 86 % des tests. Les pesticides agricoles figurent également en bonne place, comme le lindane, un insecticide et polluant persistant interdit en depuis 1998, la pendiméthaline, un herbicide présent dans près de 20 % des échantillons, ou encore le phtalimide associé à des fongicides comme le folpel. régulièrement détecté dans l’air de la plaine de l’Aunis.

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La présence de néonicotinoïdes dans ces résultats soulève encore plus de questions. L’acétamipride a été détecté dans près de 14 % des urines des enfants. Toxicologue à l’INSERM et à l’INRAE, Laurence Huc estime que « l’usage frauduleux de ces substances » est à l’origine de cette contamination « dans le secteur, malgré les interdictions ». Céline et Arnaud Martinet ont découvert trois molécules dans les cheveux et l’urine de leur fils de 12 ans. Ils vivaient à Saint-Rogatien en 2014 lorsque la leucémie frappe leur enfant, alors âgé de 17 mois. Une greffe de moelle osseuse lui a permis de « repartir à zéro » en 2016.

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Désormais installée à Bourgneuf, la famille ne cache pas non plus sa « colère » face à ces résultats et dénonce « le scandale du siècle ». Tout le monde est concerné, les preuves scientifiques s’accumulent mais les pouvoirs publics ne font rien… » À Saint-Rogatien, sept cas de cancer pédiatrique ont été observés entre 2008 et 2020, rappelle Jean-Marie Piot, président de la Ligue contre le cancer en Charente-Maritime. : «Sur cette période, c’est plus de quatre fois le nombre attendu. Ce n’est pas normal, c’est un cluster.

Basée à Bourgneuf, une mère de famille regrette « le flou » qui entoure les molécules identifiées. Jusqu’à sept substances ont été retrouvées dans les cheveux de ces trois enfants âgés de 7 à 13 ans. Mais aucun seuil réglementaire n’existe pour les résidus mesurés dans les cheveux et les urines. Émouvant, ce quadragénaire y pense parfois. L’association Avenir Santé Environnement, qui a financé ces analyses à hauteur de 30 000 euros grâce à des dons, entend désormais « appeler les décideurs » à obtenir « un plan de sortie des pesticides de synthèse d’ici 2030 et l’application immédiate du principe de précaution ». mesures», énumère notamment son président Franck Rinchet-Girollet.

 
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