Jordi Corominas, des Pyrénées à la Ligne Magique du K2

Jordi Corominas, des Pyrénées à la Ligne Magique du K2
Jordi Corominas, des Pyrénées à la Ligne Magique du K2

L’Espagnol Jordi Corominas succédera à l’Américain George Lowe au prestigieux classement du Piolet d’or Carrière en décembre prochain à San Martino di Castrozza. Une récompense qui salue une vie dédiée à la haute montagne avec, en point d’orgue, sa formidable finale en solo sur le Ligne magique tu as K2 en 2004.

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Des ascensions de haut niveau dans un style impeccable

« Jordi a apporté une contribution significative à de nombreux domaines de l’alpinisme, de ses propres ascensions de haut niveau dans un style impeccable, à sa longue carrière de guide professionnel (plus de 30 ans dans les Alpes), en passant par son rôle de directeur de l’équipe nationale espagnole d’alpinisme de 2002 à 2010, ou la formation de nouveaux guides. » C’est ainsi que le jury des Piolets d’Or justifie son choix cette année de l’Espagnol Jordi Corominas, alpiniste aussi discret que talentueux, au parcours riche de quelques belles épopées himalayennes, comme tous ceux qui ont reçu avant lui la prestigieuse récompense. .

Né en 1958 à Barcelone, Jordi Corominas a grandi dans le sud du Pays basque et a débuté l’escalade à La Roja, puis dans les Pyrénées où il a notamment réalisé de bons hivers dans les années 1980. Ayant vécu de nombreuses années dans la vallée de Benasque, au pied de l’Aneto, il devient guide de haute montagne au début des années 1990, époque où il réalise ses premiers grands exploits dans l’Himalaya avec l’ascension du Dhaulagiri et la troisième ascension du Thalay Sagar (6 904 m) et premier en style alpin de l’arête ouest (V+ 60°).

En 1988, il avait déjà atteint 7 400 mètres sur la route autrichienne du Lhotse Shar, route qu’il tentera à nouveau en 2010 et 2019. On lui attribue également quelques tentatives audacieuses sur l’arête nord-est de l’Everest en 2000, dans la face ouest de l’Everest. Gasherbrum IV en 2006 ou en face sud du Shishapangma en hiver 2013. Mais aussi de belles réussites comme le pilier sud du Tengi Ragi Tau, le premier du Kundalini, sur la face Est du Meru Nord, 6 450m (6b, A2+ 85° ) ou la première de la face ouest et de l’arête sud-ouest du Cho Polu (6 700 m), au Népal.

La Magic Line, son chef-d’œuvre

Mais son chef-d’œuvre est sans doute cette fameuse ascension du Ligne magiquesur l’arête sud-sud-ouest du K2, en 2004, 18 ans après la première du Slovène Petr Božik et des Polonais Przemyslaw Piasecki et Wojciech Wróż. Le 17 août, parti à l’aube d’une petite tente à 8 100 mètres en compagnie de Manel de la Mata et Oscar Cadiach, Jordi Corominas arrive finalement seul au sommet, à minuit, après une grande ascension de 20 heures. Le saut rocheux franchi lors de l’ascension marquant le point de non-retour, il fera la descente via l’éperon des Abruzzes dont il ne connaissait rien.

« Le solo est une expérience tellement personnelle que je ne ressens pas le besoin d’en parler. »

L’Espagnol a très peu parlé de ce solo : « Je ne veux pas le dire et je ne veux pas prendre de photosa-t-il confié un jour à Dario Rodriguez, rédacteur en chef du magazine espagnol Inégalité (Lire 100 alpinistes ; Guérin, 2015). Jouer en solo est une expérience tellement personnelle que je ne ressens pas le besoin d’en parler. Et je suis tellement concentré que je ne peux pas penser à prendre des photos. Ce sont des choses que je garde en moi et que je ne peux pas divulguer. Je les garde au fond d’un tiroir. »

L’idole Walter Bonatti

Outre l’Himalaya, Jordi Corominas a aussi beaucoup grimpé au Pérou où il a notamment réussi la première voie en solitaire de la voie japonaise de la face sud du Chopicalqui (6 395 m), la première (après trois tentatives en cinq ans) de la face ouest de Siula Chico (6 265 m) (ED+) ou la première de la face sud du Nevado Copa (6 188 m) (ED, jusqu’à l’arête sommitale).

« Lors des Piolets d’Or 2024, j’espère que quelqu’un d’autre lui demandera non pas ce qu’il a grimpé mais ce qu’il a ressenti à chaque fois qu’il affrontait un défi en montagne, » écrit l’alpiniste et journaliste Oscar Gogorza dans le communiqué des Piolets d’Or. J’espère aussi que lors de la cérémonie, il sera aussi heureux que le jour où il a rencontré son idole Walter Bonatti, le jour où l’Italien a reçu le premier Piolet Carrière.. »

Les lauréats du Piolet d’Or en carrière

2009 : Walter Bonatti
2010 : Reinhold Messner
2011 : Doug Scott
2012 : Robert Paragot
2013 : Kurt Diemberger
2014 : John Roskelley
2015 : Chris Bonington
2016 : Wojciech Kurtyka
2017 : Jeff Lowe
2018 : Andrej Stremfelj
2019 : Krzysztof Wielecki
2020 : Catherine Destivelle
2021 : Yasushi Yamanoi
2022 : Silvo Caro
2023 : George Lowe

 
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