Il y a un an, alors que la France s’apprêtait à commémorer l’assassinat de Samuel Paty, un autre professeur était assassiné devant son collège : Dominique Bernard, 57 ans, père de trois filles et professeur de lettres à Arras. Un an plus tard, l’information judiciaire est entrée dans sa dernière ligne droite. Trois personnes sont mises en examen : un cousin et le frère cadet de l’assassin, et donc l’assassin lui-même, Mohammed Mogouchkov.
Il est toujours en vie, ce qui est rarement le cas dans les affaires terroristes, et est donc en mesure d’expliquer ses actes. Son dernier interrogatoire remonte à six mois. Et Mohammed Mogouchkov a expliqué aux juges d’instruction l’assassinat du professeur Dominique Bernard, ou du moins ses motivations : «Il théorise sa haine de Marianne, il parle toujours de Marianne», explique Richard Malka, l’avocat de la famille de Dominique Bernard, «sa haine des valeurs républicaines, du droit à l’avortement, de l’homosexualité. Pour lui, nous sommes un peuple dégénéré, c’est un combattant pour Dieu« .
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“Nous cherchons l’espoir”
Selon ses déclarations, Mohammed Mogouchkov aurait préparé son attaque quelques semaines plus tôt. Des éléments, qui seront décortiqués, un jour, lors de son procès aux assises : «Pour une fois, l’assassin est vivant, on va pouvoir l’interroger, il va pouvoir s’exprimer. Il faut comprendre pour pouvoir se battre», précise Richard Malka. “Et puis, on cherche un espoir, une raison pour se dire que tout n’est pas perdu, y compris pour ces gens qui vont être jugés. Parfois, nous n’y parvenons pas et c’est difficile. Pour l’instant, au vu de ses déclarations, nous avons peu d’espoir« .
Outre Mohammed Mogouchkov, deux autres personnes sont inculpées dans cette affaire : son jeune frère, pour complicité d’assassinat ; et leur cousin, âgé de 15 ans au moment des faits, et soupçonné de n’avoir pas empêché un crime. Il devrait être jugé par un tribunal pour enfants.