Donald Trump a encore diabolisé les migrants vendredi, en promettant que son éventuel retour à la Maison Blanche signerait la « libération » d’une « Amérique occupée », aux antipodes de sa rivale Kamala Harris et de son opération de séduction auprès des électeurs centristes.
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« Aujourd’hui, l’Amérique est connue dans le monde entier comme l’Amérique occupée. Nous sommes occupés par une force criminelle», a déclaré le milliardaire républicain devant une foule enthousiaste dans le Colorado.
Le 5 novembre, date de l’élection présidentielle, “sera le jour de la libération de l’Amérique”, a-t-il ajouté sous les acclamations.
Le tribun de 78 ans avait choisi son décor pour son discours presque entièrement axé sur l’immigration : Aurora, petite ville de l’Ouest américain qu’il brandit faussement depuis des semaines comme une ville où les migrants criminels ont « pris le pouvoir ».
Kamala Harris est une “criminelle”, qui a “importé une armée d’étrangers illégaux membres de gangs et migrants criminels des cachots du tiers-monde”, a-t-il fustigé. “Nous avons ici l’exemple le plus frappant.”
Aurora a défrayé la chronique cet été à cause d’une vidéo diffusée en boucle par la mouvance trumpiste, où l’on voit des Latino-Américains armés s’introduire dans des appartements.
Elle a depuis été présentée par M. Trump et ses alliés comme une « zone de guerre ». Au grand désespoir du maire de la ville, Mike Coffman, lui-même républicain.
L’élu local a rappelé à plusieurs reprises qu’une poignée d’incidents avaient été démesurés. Cette semaine, il a déclaré que « les inquiétudes concernant l’activité des gangs vénézuéliens ont été grandement exagérées » et qu’« Aurora est une ville très sûre ».
Mais cela n’empêche pas Donald Trump de tenter de convaincre les Américains que les arrivées massives à la frontière sous l’administration Biden-Harris ont provoqué une vague de criminalité – ce qu’aucune statistique officielle ne montre.
Extrémisme contre centrisme
Pour vendre sa vision apocalyptique des États-Unis, M. Trump a également fait écho le mois dernier à des mensonges selon lesquels des migrants haïtiens mangeaient des chiens et des chats à Springfield, dans l’Ohio.
Un discours catastrophique, accompagné de la promesse de « déportations massives », grâce auxquelles il espère mobiliser les électeurs de certains États clés, notamment l’Arizona (sud-ouest), où Kamala Harris a fait campagne vendredi.
A l’inverse, la candidate démocrate fait le pari que l’élection se gagnera en faisant pencher certains modérés à son côté.
La vice-présidente a poursuivi son offensive contre les quelques républicains réticents à soutenir l’ancien président, en leur promettant non seulement de nommer un ministre de leur parti en cas de victoire, mais aussi de créer un conseil mixte, avec démocrates et républicains, sur lequel s’appuyer.
« J’aime les bonnes idées d’où qu’elles viennent ! » » a-t-elle dit sous les applaudissements.
Kamala Harris a réitéré qu’une victoire ne serait pas « facile » et de fait, dans les sondages, elle reste au coude à coude avec sa rivale, notamment dans les sept États clés qui feront basculer l’élection.
Pour mieux labourer ces « swing states », mais aussi pour mobiliser l’électorat masculin, auprès duquel Donald Trump est plus populaire, la vice-présidente fait appel à des poids lourds de son parti.
Barack Obama se rendra bientôt en Arizona et au Nevada. Jeudi en Pennsylvanie, le démocrate a demandé à ses « frères » noirs, auprès desquels le candidat républicain marque des points par sa posture machiste, de faire la différence entre « rabaisser les gens » et « forcer ».
Vogue et Madison Square Garden
Un autre ancien président démocrate, Bill Clinton, fera campagne en Géorgie (sud-est).
Kamala Harris, qui mise résolument sur le monde du show business et du divertissement, fait également la Une de Vogue vendredi, le magazine de la très influente Anna Wintour, qui soutient sa campagne.
Le vice-président doit se rendre ce week-end en Caroline du Nord (sud-est), puis en Pennsylvanie (nord-est) lundi.
Plus de « swing states », comme le Nevada où Donald Trump se rendra vendredi, avant l’Arizona dimanche.
Mais l’ancien président veut aussi se montrer sur les terres des démocrates, où il espère faire des cartons médiatiques sinon grappiller des voix.
On le verra samedi en Californie à Coachella, ville connue pour son festival de musique populaire, avant un rassemblement fin octobre dans le lieu le plus emblématique de New York, le Madison Square Garden.