« Le gouvernement israélien fait de nous des ennemis internes »

« Le gouvernement israélien fait de nous des ennemis internes »
« Le gouvernement israélien fait de nous des ennemis internes »

Son mégaphone crache une souffrance épuisée. Perché sur une voiture rue Kaplan à Tel-Aviv, Einav Tsengauker s’adresse à la foule qui s’y est spontanément rassemblée lundi 6 mai au soir après l’annonce de l’approbation d’un accord de cessez-le-feu par le Hamas.« Cette opportunité est probablement la dernière pour nos proches de revenir vivants, s’écrie Einav, une femme mince aux longs cheveux noirs, devant la caméra de la douzième chaîne. Si notre Premier ministre rate cette opportunité, je ferai sortir tous les Israéliens… Les rues brûleront, le pays brûlera… Nous ne pouvons pas jouer ainsi avec la vie des gens. » Son fils, Matan, 24 ans, a été kidnappé à Nir Oz le 7 octobre.

Son exaspération s’accompagne des montagnes russes émotionnelles de ces derniers jours et lorsque le cabinet de guerre a annoncé lundi soir qu’il poursuivait son opération à Rafah, le sentiment d’abandon était plus fort que jamais. “Nos dirigeants d’extrême droite sont prêts à sacrifier nos otages et nos soldats pour conserver leurs sièges”tempête Einav Tsengauker, qui n’attend même plus un geste d’empathie de la part du gouvernement.

« Aucune empathie avec les familles »

Visages de la frange antigouvernementale du Forum des familles, Einav et d’autres proches des otages mènent depuis 213 jours un combat qui a fait de certaines familles de citoyens intouchables de véritables cibles. La mère de Matan a été visée par le puissant jet d’un canon à eau lors d’une manifestation à Tel Aviv le 24 février, et a également été traitée comme une “criminel” à la radio par Yinon Magal, journaliste du mouvement sioniste religieux.

“C’est une forme d’intimidation, une façon de décourager les gens et de les faire taire.”, estime Zahiro Shahar Mor. Crâne rasé et barbichette bien garnie, cet employé de banque dont l’oncle Avraham Munder, 78 ans, est également captif à Gaza, a été arrêté à deux reprises, et convoqué pour un interrogatoire le 1er mai, à la suite d’accusations de vandalisme. Lors d’une manifestation le 27 avril, il a tagué “Bibi est une meurtrière” sur la façade des bureaux du Likoud à Tel Aviv. “Tout est politiqueil dit. Netanyahu et son gouvernement font de nous des ennemis internes. Il n’y a aucune empathie avec les familles. C’est plus facile de gérer leur guerre. »

« Tout ce que vous dites contre Netanyahu sert le Hamas »

Ces « ennemis » sont avant tout les familles qui réclament le départ de Benyamin Netanyahu et défendent un accord de trêve plutôt qu’une opération à Rafah qu’elles anticipent meurtrière pour leurs proches. « Au moins trois personnes ont reçu des messages du bureau du Premier ministre disant : « Tout ce que vous dites contre Netanyahu sert Sinwar [le chef du Hamas à Gaza]», précise Zahiro Shahar Mor, avant d’ajouter : « Il s’agit d’une propagande officielle, largement relayée par les grands médias. Mais si nous ne crions pas, personne ne le fera. Nous sommes une bouée de sauvetage, une ligne d’oxygène pour ceux qui se trouvent dans les tunnels. L’enjeu est de rester présent dans l’opinion publique, pour que cette ligne continue d’exister, mais nous luttons contre un gouvernement qui contrôle le cycle médiatique. »

Quand il faut montrer son soutien, le Premier ministre et le reste de la droite israélienne se contentent du service minimum : quelques déclarations, une ou deux rencontres… Contrairement au président américain, qui a récemment reçu Avigail Idan, otage de 4 ans. libérée en novembre, à la Maison Blanche le 24 avril. Son arrivée a été immortalisée par une photo : la petite fille souriante dans les bras de Joe Biden. Dans un groupe WhatsApp du Likoud, nous demandons expressément de ne pas le partager : il faut éviter de nuire à l’image de Benjamin Netanyahu.

 
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