un mot pour 4 rêves

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La notion d’« ambiguïté stratégique » récemment adoptée par le président français Emmanuel Macron est connue depuis longtemps des spécialistes de la question du détroit de Taiwan et de l’éventuelle tentative d’invasion de l’île par la Chine. populaire. Le 1er janvier 1979, suite à la rupture de Washington avec Taipei et à l’établissement de relations diplomatiques avec Pékin par le président Jimmy Carter, le Congrès américain adopte un « Taiwan Relations Act » exigeant que l’exécutif américain veille à ce que Taiwan puisse continuer à se protéger, par les armes. ventes, d’une éventuelle attaque chinoise.

Depuis cette date, les États-Unis maintiennent leur politique d’une seule Chine, ne reconnaissant qu’un seul État pour représenter la Chine dans le monde et à l’ONU : la République populaire de Chine (capitale Pékin), et non plus la République de Chine (capitale Nankin). , puis Taipei). Ce dernier fut l’un des membres fondateurs de l’ONU et survit aujourd’hui à Taiwan, dont l’île conserve le nom officiel en droit international.

Taiwan (République de Chine) contre la République populaire de Chine Crédit : wikipedia

En vérité, Washington n’a jamais fait autre chose que prendre acte du fait que Pékin considère Taiwan comme partie intégrante de la Chine. Les États-Unis n’ont en effet jamais légalement validé la prétention de Pékin d’être, au regard du droit international, l’État souverain de l’île. Attachés tels qu’ils sont à statu quo Dans le détroit, les Américains ont toujours maintenu une double opposition : à l’attaque de Taiwan par la Chine, et à la proclamation de l’indépendance de Taiwan (taidu).

Quelle « indépendance » pour Taiwan ?

Retour sur l’histoire : à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en application de l’Ordre général n°1 de MacArthur et conformément aux accords internationaux entre les alliés, l’île et les îlots environnants, alors sous contrôle japonais depuis 1895, furent confiés à la République de Chine, dirigée par Chiang Kai-shek.

Le 25 octobre 1945, le transfert du pouvoir policier à Taiwan est officiellement acté. La République de Chine, capitale Nanjing, avait annoncé, dans un mémorandum, prendre possession du territoire et de toutes les possessions japonaises et infrastructures publiques de l’île.

Puis, en 1947 et 1948, Nankin organise des élections générales auxquelles participent les Taïwanais, qui sont donc inclus dans le corps politique et civique chinois. Enfin, le Traité de San Francisco (1951) puis le Traité de Taipei (un traité de paix distinct entre le Japon et la Chine républicaine, aujourd’hui à Taipei) finalisent, en 1952, le transfert formel de souveraineté après cinquante ans de colonisation par l’ennemi juré japonais.

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Quelques mois après l’inclusion de Taiwan dans la Chine républicaine, une délégation de patriciens taïwanais s’envole pour Nankin, pour négocier l’autonomie de Taiwan au sein de la République. Ils ont reçu un licenciement du généralissime. Déjà, de nombreux Taiwanais, exposés à l’administration corrompue mise en place sur l’île par Nankin, rêvaient de l’émancipation de leur île de la République de Chine continentale qui venait de l’absorber.

Cette demande d’autonomie ne ressemblait certainement pas encore à un « mouvement indépendantiste » sur l’île contrôlée par le continent depuis plusieurs mois. Mais les événements qui ont suivi ont précipité cette évolution.

1947 : la révolte ou l’acte fondateur de « l’indépendance »

Puis viennent les terribles événements de 1947 : le soulèvement de l’île, suite à la mort d’un manifestant, contre l’autorité du gouvernement de Chen Yi, le gouverneur général inepte et corrompu choisi par Chiang Kai-shek pour diriger Formose. . Point de départ d’une révolte insulaire réprimée dans le sang : les événements de mars 1947 et les milliers de morts parmi l’élite et la population taïwanaises après la répression sauvage des troupes envoyées par Nankin. Ce fut l’acte fondateur du mouvement indépendantiste taïwanais. Dès lors, l’aspiration à l’autonomie s’est transformée en un rêve de pleine indépendance. Avec, pour horizon, la construction d’un Etat souverain.

Nouveau bouleversement en 1949 : le retrait à Taipei du gouvernement central républicain chinois, vaincu sur le continent par les armées de Mao, réduit la « République de Chine » à cette grande île de 36 000 km², mais si petite comparée au continent chinois, qui était ne fait pas partie de son territoire national initial.

Le projet même d’indépendance de Taiwan était en train de changer ipso facto de nature depuis que l’île est devenue le siège de la République dont le centre s’est déplacé aux marges du continent. Si l’île déclarait son indépendance, la République disparaîtrait définitivement. En fait, dans la République insularisée, devenue dictature grâce à la lutte anticommuniste, « l’indépendance de Taiwan » est devenue en un instant l’interdiction politique suprême. Et bien sûr, l’interdiction en question n’était pas du tout un projet d’indépendance vis-à-vis de la nouvelle Chine de Mao, la République populaire de Chine, proclamée à Pékin le 1er octobre 1949… qui n’a jamais contrôlé Taiwan.

Jusqu’en 1971, « l’indépendance taïwanaise » pour changer de régime

La difficulté vient de ce que Pékin n’a pas réussi à mettre fin à l’existence légale de la République qu’il prétendait remplacer et dont il convoitait le siège à l’ONU. Un siège que Taïwan conserva jusqu’en 1971.

Durant ces années de bras de fer entre Chiang Kai-shek et Mao Zedong, l’idée de « l’indépendance de Taiwan » a pris de nouvelles significations des deux côtés du détroit. L’idée des indépendantistes ? Rompre les relations avec la Chine (républicaine) qui occupait brutalement l’île, selon eux, depuis 1945. Une émancipation qui permettait, sur la scène internationale, d’échapper à l’ambiguïté de cette Chine insularisée, et de ne pas risquer un jour de retomber. sous la tutelle du continent, désormais communiste.

Du côté de Pékin, le sens était différent. Depuis 1949, les communistes considèrent l’île comme partie intégrante de leur territoire, même si aucun traité international ne conforte ce raisonnement. Toute volonté d’autonomie de l’île ou de changement de nom de son régime est donc assimilable, selon Pékin, à une volonté d’indépendance vis-à-vis de la Chine populaire, c’est-à-dire un acte de sécession.

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Cependant, du strict point de vue du droit international, Taiwan n’a jamais été intégrée à la République populaire de Chine. Vu de Taiwan, il n’y a donc pas d’indépendance à proclamer vis-à-vis de la Chine populaire.

Sur le plan juridique, nous ne sommes en effet pas en présence d’un cas de sécessionnisme taïwanais, mais bien d’irrédentisme chinois ! En d’autres termes, la revendication nationaliste de Pékin de restituer des territoires où une population ethniquement chinoise vivrait sous domination étrangère par des institutions illégitimes se réclamant de la souveraineté, alors que la « République de Chine », selon Pékin, aurait disparu en 1949 pour laisser la place à la Chine. pour la seule « République populaire de Chine ».

Si les communistes chinois pouvaient établir que la volonté de certains Taïwanais de proclamer une « République de Taiwan » en changeant le nom de leur régime (la République de Chine) est une forme de « sécession », alors le droit de l’ONU légitimerait le recours à la force. par Pékin pour éviter la fragmentation de son territoire national.

Sauf que ce n’est pas le cas. Et en l’état, l’intention de Pékin serait plutôt une tentative d’annexion d’un Etat souverain par un autre Etat souverain. L’irrédentisme chinois reflète une volonté, typique d’un régime autoritaire, d’annexer un territoire qui ne lui appartient pas, déguisée derrière le terme caricatural, et surtout infondé, de sécessionnisme.

Quatrième sens : « Taiwaniser l’indépendance de la République de Chine (Huadu)

Face à ce discours de Pékin, et au militarisme qui l’accompagne, un quatrième sens à l’expression « indépendance de Taiwan » a émergé, petit à petit, ces dernières années : celui de défense de la souveraineté et de l’indépendance. l’indépendance de l’île, appelée République de Chine. C’est le concept appelé Huadu : l’indépendance de Taiwan en tant que République de Chine, sans qu’il soit nécessaire de changer le nom du régime !

Une situation singulière que de voir les mots « indépendance de Taiwan », autrefois détestés par la République de Chiang Kai-shek, utilisés aujourd’hui pour la défense de cette même République de Chine insularisée !

Conséquence logique : sur l’île, les « indépendantistes » radicaux continuent d’appeler à un changement de nom du régime pour abandonner cette République de Chine, certes taiwanisée, mais qu’ils considèrent toujours comme venue de l’étranger, et qui dirige depuis des décennies .

Ces séparatistes séparatistes n’ont pas de propos assez durs à l’égard du Parti démocrate progressiste – engagé dans la protection de l’indépendance de l’île – actuellement au pouvoir et dont ils détestent l’ambiguïté stratégique. Un exécutif qui est également attaqué pour son « indépendance » tant par le Kuomintang que par le Parti communiste chinois, partisans d’une seule et même Chine.

Prudent et pragmatique, le Parti démocrate progressiste s’efforce donc de ne pas toucher aux institutions de la République de Chine en se limitant au statut quoi, et de reporter à des temps meilleurs la possibilité de proclamer un nouveau régime tout en évitant tout conflit.

Face à cette taiwanisation de la République, les frères ennemis d’après-guerre, le Kuomintang des héritiers de Chiang Kai-shek et le Parti communiste chinois, ont convenu, en 2004, de travailler main dans la main pour empêcher à tout prix la proclamation d’un régime national à Taiwan.

Indépendance : le mot est dans toutes les têtes

Il y a donc plusieurs sens à distinguer selon qui utilise l’expression. Ce mot n’est sans doute guère approprié pour parler des Taiwanais opposés à l’unification (ou à l’annexion) par la Chine, puisque l’île n’a pas d’indépendance à proclamer. Cependant, des décennies d’utilisation des termes « indépendance de Taiwan », y compris avec des significations multiples, ont tellement imprégné l’esprit des Taiwanais que peu d’entre eux les remplacent par d’autres termes plus appropriés.

Selon les derniers sondages en date, 1,2% des Taïwanais se déclarent favorables à une unification immédiate. A l’inverse, 21,5% de la population souhaite la proclamation d’un régime véritablement taïwanais dans un avenir qui lui serait favorable. Si l’on ajoute ceux qui souhaitent maintenir indéfiniment le statu quo (33,2%), et les 3,8% favorables à la proclamation immédiate d’un nouveau régime insulaire, on arrive à un total de 58,5% de la population. qui rejette en principe l’unification, que ce soit maintenant ou dans le futur.

Restent 28% des sondés qui, par pragmatisme, attentisme ou opportunisme, sont favorables au maintien du statu quo jusqu’à ce qu’une décision soit prise sur un changement de nom du régime… ou une unification sous l’égide de Pékin. Une approche dont les enquêtes d’opinion enregistrent une érosion depuis 2005 face aux menaces d’annexion de plus en plus brutales du président .

 
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