Le photographe Thierry Allard se met dans la peau d’un… escalier, qui constate que, longtemps point de passage obligé en architecture, il s’est déjà révélé essentiel à l’humanité.
Si j’impose un test à certains et que je fais battre leur cœur un peu plus vite, c’est parce que je m’inquiète pour leur santé.
Quant aux gens trop pressés ou aux impudents qui cherchent à me défier, sachez qu’il m’arrive de tuer.
Dehors, sur mes pas, je propose quelques arrêts. Prenez donc le temps d’apprécier les points de vue que je vous propose.
Certains, se disant progressistes, ont eu l’idée de me motoriser. Vous pourrez ainsi nettoyer le sol plus rapidement, avec vos sacs de courses ou vos valises.
L’ennui passager d’un mouvement immobile.
A l’intérieur, par des petites caisses accrochées à un fil, j’étais rattrapé, le plus souvent mis en cage, quand je n’étais pas poussé dehors, pour échapper aux incendies qui pouvaient brûler sous ma rambarde.
Ne serais-je plus préfabriqué sauf pour sauver des vies ?
Cependant, même aujourd’hui, lorsqu’une bonne fée architecte se décide, me conçoit avec un caractère unique ou crée une œuvre monumentale, je sais encore que je suis capable d’étonner.
Lignes droites, courbes et rampes alambiquées, pierre, fer, bois ou béton, je suis faite pour rayonner à travers le monde.
Regardez-moi, la tête en bas, vous verrez parfois mon visage.
Intégrez-moi, je vais vous surprendre.
Enroulez-moi pour que je reste inspirant.
Thierry Allard
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