Que va changer le nouveau parquet national contre le crime organisé ? – .

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Pour mieux lutter contre le trafic de drogue, faut-il créer une instance judiciaire à compétence nationale similaire à celle qui existe en matière de terrorisme ou de forte délinquance financière ? C’est en tout cas le projet d’Éric Dupond-Moretti, qui a annoncé ce week-end dans La Tribune dimanche sa volonté de créer un parquet national pour lutter contre le crime organisé (Pnaco). Si elle voit le jour, cette instance aura pour objectif de lutter contre “haut de gamme” trafic, selon le ministre de la Justice, qui vient d’accueillir, pour gérer ce dossier, une recrue de choix au sein de son cabinet : Jean-François Ricard, qui a dirigé le parquet national antiterroriste (Pnat) pendant cinq ans.

Aujourd’hui, il existe déjà deux procureurs à compétence nationale. Créé par une loi de 2013, le Parquet national financier (PNF) gère les très gros dossiers de délinquance économique et financière. Mais parallèlement à son action, les procureurs locaux peuvent continuer à gérer des dossiers financiers de moindre envergure. Il en va différemment pour le Pnat, créé en 2019. À partir du moment où il considère que tel ou tel acte, commis n’importe où en , est de nature terroriste, le Pnat récupère immédiatement le dossier au détriment du parquet. locale.

Les Jirs, tribunaux interrégionaux spécialisés déjà existants

Quel sera le rôle précis du Pnaco ? “Il pourrait être intéressant de disposer d’un parquet qui joue un rôle de leadership judiciaire dans la lutte contre le trafic de drogue qui a aujourd’hui de nombreuses ramifications nationales et internationales”, souligne Jérôme Durain (PS), président de la commission d’enquête sénatoriale sur le trafic de drogue, qui doit rendre son rapport le 14 mai. « Aujourd’hui, quand la justice démantèle les trafics, elle arrête surtout quelques lampistes. A quelques exceptions près, les têtes de réseaux et leurs actifs financiers restent intouchables car situés à l’étranger. Le chef d’un parquet national aurait plus de poids que celui d’un parquet local pour demander à Dubaï ou à Abu Dhabi l’extradition d’un trafiquant de drogue recherché en France. »

Mais ce combat contre “haut de gamme” est déjà réalisée en France par les juridictions interrégionales spécialisées (Jirs), créées en 2004. Il en existe huit en France – à Paris, , Marseille, , Rennes, Bordeaux, Nancy et Fort-de-France. Procureurs, juges d’instruction et juges criminels travaillent au sein des Jirs. « Nous sommes tous formés pour gérer des affaires de criminalité organisée vastes et complexes, y compris celles ayant une dimension internationale. Très régulièrement, nous émettons des commissions rogatoires ou des mandats d’arrêt dans de nombreux pays », indique Marion Cackel, magistrate à la Jirs de Lille.

Junalco, dans la lutte contre la très grande criminalité organisée

Depuis 2019, la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) existe également. Cet organisme, rattaché au parquet de Paris mais à compétence nationale, a été créé précisément pour lutter contre « le très haut niveau du spectre de la criminalité organisée très grave ». C’est ce que rappelait Laure Beccuau, la procureure de la République de Paris, en décembre dernier devant la commission du Sénat. « Junalco bénéficie désormais d’une reconnaissance internationale, a-t-elle précisé. La France est considérée comme un pays déterminé à lutter contre une criminalité organisée très grave ; elle a développé une coopération opérationnelle avec la Colombie, les États-Unis, la République tchèque, Israël et bien d’autres pays. »

Le revêtement de sol que souhaite mettre en place Éric Dupond-Moretti existe donc déjà en pratique. « L’objectif est-il simplement de renommer Junalco en ministère public national contre le crime organisé ? Cela ne suffirait pas car la priorité est de doter les structures déjà en place de moyens humains conséquents », indique Marion Cackel qui, début avril, a cosigné avec de nombreux magistrats une tribune sur ce thème dans Le monde. « Chaque année, les Jirs arrêtent et jugent des centaines de criminels et saisissent des millions d’euros d’avoirs illégaux. » ont souligné ces magistrats, ajoutant que le « La Jirs souffre autant de la réduction des équipes dédiées aux enquêtes que d’un manque criant de ressources humaines qui n’épargne aucune juridiction. »

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