Le Premier ministre français Michel Barnier a proposé des changements à la politique d’immigration dans son premier discours à l’Assemblée nationale mardi, notamment l’extension du statut de détention des migrants en situation irrégulière afin d’accélérer les décisions d’expulsion.
« Il est urgent de sortir la migration de ‘l’impasse idéologique’ dans laquelle tout le monde l’a mise », a-t-il souligné, ajoutant que ce défi doit être traité « avec sérieux et humanité » au lieu d’être « instrumentalisé » par des « controverses ».
Barnier a assuré à l’Assemblée que la France « n’a pas une maîtrise satisfaisante » de sa politique d’immigration puisque, malgré les plus de 100 000 demandes d’expulsion enregistrées chaque année, il reste « des dizaines de milliers d’immigrés irréguliers qui restent « incommodement ». Le sol français, selon ‘Le Parisien’.
C’est pour cette raison que le Premier ministre a annoncé que le gouvernement s’efforcerait d’obtenir un traitement plus efficace des demandes d’asile et faciliterait une « prolongation exceptionnelle » de la détention des migrants en situation irrégulière afin d’accélérer les arrêtés d’expulsion.
Le parti conservateur Les Républicains a en effet présenté un projet de loi visant à porter la durée maximale de détention des migrants à 135 jours au lieu des 90 jours actuellement fixés, selon plusieurs médias français.
Barnier a également assuré qu’ils restreindraient les visas pour les pays réticents à accueillir leurs ressortissants expulsés. Ses propos interviennent au milieu de la mort controversée d’une jeune femme en banlieue parisienne. Selon l’enquête, le principal suspect est un citoyen marocain détenu en Suisse et faisant l’objet d’un arrêté d’expulsion.
Après son discours, l’extrême droite lui a reproché de ne pas proposer de mesures concrètes sur l’immigration. La leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, a demandé que l’on travaille sur une loi reprenant les dispositions censurées par le Conseil constitutionnel en décembre dernier.
RÉFORME DES RETRAITES
Barnier a également proposé un dialogue avec différents interlocuteurs pour apporter des « ajustements raisonnables » à la réforme controversée des retraites promulguée par le président français Emmanuel Macron, qui a conduit des milliers de personnes à descendre dans la rue pour protester.
“Certaines limites de la loi votée le 15 avril 2023 peuvent être corrigées”, a déclaré le Premier ministre, appelant également au dialogue sur une autre des mesures promues par Macron et paralysée en raison de la dissolution de l’Assemblée, la loi sur l’aide à mourir. .
Barnier a fixé plusieurs « lignes rouges » et a promis qu’il n’y aurait aucune tolérance pour le racisme et l’antisémitisme, ainsi que pour la violence contre les femmes. De même, il a insisté sur le fait que les droits à l’avortement, au mariage égal et à la procréation assistée ne seraient pas remis en question.
Lors du discours de Barnier, les députés de La Francia Insumisa (LFI) ont protesté en brandissant leurs cartes d’électeurs dans l’hémicycle, comme symbole de leurs doléances envers une élection qui, selon eux, n’a pas respecté le vote des Français.
Barnier n’a pas demandé de vote de confiance devant l’Assemblée nationale dans le cadre de son premier discours en tant que Premier ministre, puisque la Constitution française ne précise pas qu’il est obligatoire, alors qu’il s’agit d’une tradition bien ancrée en France. Les partis d’opposition de gauche français ont annoncé leur intention de présenter une motion de censure contre le Gouvernement suite aux critiques portées sur son élection suite à la victoire du Nouveau Front populaire aux dernières élections législatives.