Sale trucs numériques dans l’espace politique

Sale trucs numériques dans l’espace politique
Descriptive text here

La proximité des élections législatives à Madagascar alimente déjà ses petites manigances de « sales coups » du pouvoir pour nuire aux adversaires politiques. L’incarcération d’Olga Ramalason, heureusement sortie de prison vendredi, n’est qu’un des épisodes d’une campagne qui ne peut qu’être sale, dans un contexte malgache qui continue de donner raison à ceux qui méprisent la politique et les hommes politiques. D’une manière générale, les manœuvres honteuses à Madagascar restent encore plutôt du domaine du classique (emprisonnement, contrôle fiscal, harcèlement administratif, etc.), même si les réseaux sociaux du pays sont déjà le champ d’action des comptes. faux destinés à chanter les louanges du camp qui les nourrit et à discréditer les adversaires, y compris par la diffamation et le dénigrement qui restent toujours impunis, sauf lorsqu’ils s’attaquent au pouvoir. On n’oublie pas que l’existence des usines troll soupçonné d’être au profit des autorités malgaches a déjà fait l’objet d’une enquête journalistique sérieuse.

À l’étranger, les interférences malsaines entre politique et numérique continuent de se complexifier. A quelques semaines des élections législatives européennes, Emmanuel Macron vient de pointer du doigt l’ingérence des pays autoritaires dans la vie politique européenne, et notamment dans les élections. Jeudi dernier, il n’a pas hésité à mettre en garde contre « un retour de la propagande, des fausses , qui ébranle nos démocraties libérales ». L’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine de 2016 en vue de favoriser l’élection de Donald Trump a déjà été largement commentée et documentée. On se souvient aussi du reportage sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2018 à Madagascar, qui a valu à notre collègue Gaëlle Borgia et à une équipe du New York Times la récompense la plus prestigieuse à l’échelle mondiale dans le monde du journalisme, le prix Pulitzer. Enfin, même si a priori aucune puissance étrangère n’y était associée, n’oublions pas la polémique autour de l’utilisation des données de Facebook par Cambridge Analytica au profit de Donald Trump, qui illustre parfaitement que le cyberespace est devenu un champ de bataille politique.

Le problème est donc non seulement réel mais mondial. L’ambition de la et de la Chine est de déstabiliser les démocraties établies, de promouvoir leur modèle de coopération peu attentif aux violations des droits de l’homme et des principes démocratiques (d’où leur attrait auprès des dirigeants africains), et si possible de placer des hommes favorables à dans les cercles du pouvoir en vue de favoriser les opportunités d’affaires (comme le montre cet article de la Revue internationale d’intelligence économique au sujet de l’influence russe au Sénégal et à Madagascar). Une succession de scandales de corruption impliquant des responsables européens au profit de la Russie et de la Chine a fait réagir le Parlement européen. Si même les élus et dirigeants politiques en Belgique, en Allemagne, en Pologne, en Hongrie, en ou aux Pays-Bas sont vulnérables aux « demandes », quelle est la capacité de dignité et de résistance des politiques malgaches ?

Avec les avancées technologiques et notamment l’intelligence artificielle générative, on peut désormais créer des photos et des vidéos dont le côté faux est de plus en plus difficile à détecter. En Slovaquie, un candidat vient de perdre une élection qui lui semblait promise car une vidéo faux profond a créé le buzz deux jours avant le vote et porté un coup à sa réputation. Il s’agit d’une vidéo créée par l’intelligence artificielle, et l’image et la voix semblaient authentiques, mais ne le sont pas.

Les justiciers et les autres

Si même dans les pays développés, l’essor du phénomène est inquiétant, on ne peut que se demander ce qu’il adviendra de l’avenir des élections à Madagascar. Il est vrai que nous sommes déjà dans un pays aux innombrables surprises : les morts sont régulièrement inscrits sur les listes électorales, les conflits électoraux se règlent toujours comme par magie au profit du pouvoir en place, et l’on assiste régulièrement au blanchiment d’auteurs. de coups d’État à travers des magouilles électorales. Désormais, il faut aussi se demander ce qui se passera lorsque le faux profond va intégrer les réseaux sociaux à Madagascar.

Le jour où un montage photo ou vidéo quasi parfait mettra en scène un homme politique, un leader du FFKM ou un leader de la société civile dans une situation compromettante, il ne fait malheureusement guère de doute que la majorité des Malgaches s’empresseront d’y croire et de partager pour le plaisir de bourdonner croustillant. Un triste constat alimenté, d’une part, par le manque de scrupules et de moralité de la classe politique lorsqu’il s’agit de détruire des rivaux, et d’autre part, par la prolifération de citoyens naïfs chez lesquels le sens critique fait défaut. l’image des testicules chez les castrats : absente. C’est ce qui explique, par exemple, qu’un coup d’État avéré soit perçu par certains comme une révolution vaillante, même s’il n’a révolutionné que la situation financière de la clique à l’origine de la manœuvre.

Ces évolutions ne feront qu’accroître les inégalités d’information entre les institutions et les citoyens ordinaires. L’État malgache ou une grande entreprise aura bien plus de facilité qu’un simple particulier à stopper la diffusion de fausses informations par les grandes plateformes comme Facebook. Ces inégalités seront encore accrues lorsqu’il s’agira d’identifier le premier diffuseur, l’auteur et le commanditaire de cette fraude. Cette situation ne fera que renforcer le sentiment d’impunité chez les uns et celui d’impuissance chez beaucoup d’autres.

L’incapacité des grands acteurs de l’internet à filtrer les contenus « incroyables mais faux », voire toxiques, ne fait plus de doute. On est même aujourd’hui à l’heure des soupçons selon lesquels ces grandes plateformes trouvent un intérêt, qu’il soit commercial ou idéologique, à amplifier de tels contenus. Les États-Unis ont renforcé le bras de fer entamé il y a plusieurs années avec la maison mère de TikTok pour que cette plateforme coupe tout lien avec la Chine. L’Union européenne, de son côté, accélère sa nouvelle réglementation sur les services numériques (DSA). Pour l’instant, rien ne convainc que toute cette agitation puisse avoir un réel effet positif sur les internautes à Madagascar.

Ceux-ci seront très inégaux face à la marée de contrefaçons qui se prépare. Dans notre pays, le taux d’éducation est tel que la majorité de la population croit en tout et en tout, depuis Ménaka dragon velirano les politiques, à travers toutes les autres arnaques (Antarès, Ouest-Sucre etc.) qui trouvent toujours de bons clients, tout comme cette flopée de charlatans sous couvert de mouvements religieux et qui se proclament pasteur, révérend, apostolie, évêqueou même le Messie.

Ceux qui entretiennent l’ambition de survivre face à cette situation auront donc tout intérêt à garder en tête cette vidéo informative sur ce qu’est un faux profond.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le Nigeria embourbé dans une inflation galopante
NEXT « C’est une journée mémorable pour le club ! – Ligue de rugby – .