En déclarant que «l’État de droit n’est ni intangible ni sacré », le ministre de l’Intérieur avait provoqué un tollé de la gauche mais aussi d’une partie du camp présidentiel.
“Pas de vantardise s’il vous plaît!”Michel Barnier l’a dit à ses ministres lors d’un premier petit-déjeuner à Matignon le 23 septembre. Et s’il leur avait aussi demandé d’être « irréprochable et modeste » et « agir plus que communiquer »certains semblent déjà avoir oublié les recommandations de leur patron. Multipliant les sorties médiatiques dès son arrivée place Beauvau, Bruno Retailleau a créé la polémique ce week-end après des déclarations sur LCI et dans le JDD. En affirmant d’abord que “L’immigration n’est pas une opportunité” puis en estimant que « l’État de droit n’est ni intangible ni sacré ».
Des sorties qui n’ont pas manqué de provoquer un tollé à gauche mais aussi dans le camp présidentiel. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré “assez inquiet” commentaires du ministre. « Quand la situation est tendue, quand il y a des crises, il ne faut surtout pas remettre en cause l’État de droit. C’est ce qui protège notre démocratie. a-t-elle prévenu ce lundi. Alors que le député MoDem Erwan Balanant a appelé le chef du gouvernement à “recadrer” son ministre de l’Intérieur. Avant d’avertir : « Un peuple souverain sans État de droit est une dérive immédiate vers le populisme et le rêve des extrêmes. » De son côté, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a expliqué sur “La démocratie est à la fois la souveraineté populaire et l’État de droit, ne serait-ce que parce qu’être majoritaire ne donne pas le droit d’écraser les minorités.”
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Une vague de réactions qui a poussé Bruno Retailleau à publier un communiqué ce mardi matin. « Le sujet de la protection et de la sécurité des Français est trop sérieux et trop sérieux pour être exploité par de faux débats »il désamorça tout en réitérant son constat : “Aujourd’hui, la loi ne protège pas suffisamment les Français”. Le ministre de l’Intérieur a néanmoins rectifié le tir, se posant en garant des institutions : « Bien entendu, il ne peut y avoir de démocratie sans État de droit, sans que les pouvoirs publics respectent le droit et les libertés. C’est le fondement de notre République. Avant de marteler, une nouvelle fois, son ambition réformatrice : “Lorsque les textes en vigueur ne garantissent plus tous les droits – à commencer par le premier, celui d’être protégé –, ils doivent évoluer, dans le plein respect des institutions de notre République.” Quelques heures avant la déclaration de politique générale de Michel Barnier, l’ancien chef des sénateurs Les Républicains assurait également qu’il était « ce que nous ferons sous l’autorité du Premier ministre ».
La précision du ministre a cédé la place, plus tard dans la matinée, à la correction catégorique de Michel Barnier en Conseil des ministres. Le chef du gouvernement a rappelé “son attachement intangible à l’Etat de droit”dont le non-respect constitue un “ligne rouge”a rapporté la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon. “Il est impensable de remettre en cause (l’Etat de droit) ne serait-ce que d’un centimètre”indiqua-t-elle. Avant d’agir : “C’est le cadre (que Michel Barnier) a fixé et continuera de fixer à l’ensemble du gouvernement.”