Marc Lévy a commencé à écrire pour raconter des histoires à son fils. Depuis sa première parution, ses livres ont pris une autre tournure, plus géopolitique. S’il y a un fil conducteur dans ses romans, c’est bien l’humanité : « qu’il s’agisse d’une comédie, d’un roman policier, d’un thriller politique ou d’un roman historique comme ce fut le cas avec Enfants de la Liberté ce qui est le plus important pour moi, c’est de mettre en valeur l’humanité des personnages. Une humanité de ses personnages fictionnels qui permet selon lui d’approcher la réalité des conflits.
Quand la fiction fait écho à l’actualité
Dans « Noé », il sent l’invasion russe en Ukraine et raconte les rafles d’enfants par les Russes en « La Symphonie des monstres ». Aujourd’hui, l’auteur observe attentivement les menaces de l’époque : « Je ne crois pas que les temps soient plus terribles qu’ils ne l’étaient en 1937 ou 1938, chaque siècle a connu ses années de barbarie. Je crois fermement au fait que les forces du mal avancent tandis que les forces du bien restent stationnaires », explique-t-il.
Fils de résistant, Marc Lévy, à sa manière, agit également de résistance en proposant au grand public des ouvrages lui permettant d’avoir une fenêtre ouverte et incarnée sur l’actualité. Les questions qui le guident sont les suivantes : « qu’est-ce qui fait que nous devenons Jean-Moulin ou Lacombe Lucien à un moment donné de notre vie ? Qu’est-ce qui nous fait résister à la haine ? Qu’est-ce qui fait que nous restons les gardiens de ce morceau d’humanité qui nous est confié ? »
La « lâcheté » des intellectuels et des politiques
L’auteur fustige néanmoins la « lâcheté » des hommes politiques et de « certaines personnes reconnues comme intellectuelles ». Il retrouve chez ces derniers « la même lâcheté que celle qui fut exprimée par certains intellectuels français » au début de la Seconde Guerre mondiale, « le même égoïsme, et donc cette même vision à court terme de l’avenir ». Il précise que si certains se demandaient pourquoi faire la guerre à l’Allemagne ou à l’Autriche, ou encore pourquoi fonder l’Europe, « d’autres ont été dans le maquis, ont été arrêtés, torturés, déportés, mais se sont battus pour qu’aujourd’hui Michel Onfray soit à la télévision ». Si Marc Lévy se décrit comme « quelqu’un de nature très calme », il concède que « cette mémoire courte » est « probablement la seule chose » qui « le met en colère ».
« L’actualité d’aujourd’hui est complètement déshumanisée »
A travers ses romans, Marc Lévy entend proposer une alternative à « l’escalade de l’actualité (…) totalement déshumanisée ». “Quand je vous dis aujourd’hui que les Russes ont bombardé l’Ukraine et qu’il y a eu neuf morts, cela vous dit moins que si je vous dis qu’il y a une grosse tempête qui va s’abattre sur Paris ou Lyon à midi”, explique-t-il, “mais si vous lisez un livre et vous lisez l’histoire de ses personnages, ou de son entourage, puis chaque fois que vous entendrez qu’il y a eu un bombardement, cette histoire s’incarnera car elle entrera en vous. »
L’auteur dispose également d’un public russophone important. Si son éditeur réussissait à publier « Noa » qui retrace la chute du dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, celui-ci est désormais en exil. Lui et l’auteur ont choisi de publier « La Symphonie des monstres » gratuitement sur internet. Il estime que « nous devons faire une distinction entre la Russie de Poutine et la Russie et les Russes, tout comme nous devons faire une distinction entre les Allemands et les nazis. »
L’intégralité du spectacle est disponible en replay.
