« Au début j’avais peur que les gens se disent encore c’est quoi les kouyonis ? – .

« Au début j’avais peur que les gens se disent encore c’est quoi les kouyonis ? – .
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D’où venez-vous ?
« Je suis originaire de l’Îlet Furcy à Cilaos, un endroit où j’ai vécu jusqu’à mes quinze ans avant de m’installer à La Rivière Saint-Louis, côté Tapage.

Comment était la vie là-haut ?
Plutôt calme je dirais. Nous avions une vie simple, nous nous amusions. On ramassait du cresson, on jouait au football… Tout le monde se connaissait. Nous étions loin de beaucoup de choses mais nous étions libres dans notre confinement. Et puis j’ai toujours beaucoup aimé le cinéma. À la moitié de l’Îlet Furcy, pas de vidéos ni de caméscope à cassettes, pas de enfants.

D’où est venue l’idée de créer un tel personnage sur les réseaux sociaux ?
Je me suis inspiré de la publicité de Prudence Créole dans laquelle on voyait un Super Payet héroïque. J’avais envie de mélanger les genres entre ce personnage et les influences comics et super-héros masqués des années 90 avec lesquels j’ai grandi.

Est-ce pour cela qu’on ne voit jamais vos yeux dans chacune de vos vidéos ?
Au fond, c’était surtout parce que, quand j’ai publié ma première vidéo, j’avais vraiment peur que ça ne fasse pas rire les gens, qu’ils se moquent de moi et disent «cé kvé ce kouyonis encore.» Au fil du temps, j’ai trouvé que l’idée correspondait bien à mon personnage et je l’ai gardée. Et puis, cela ajoute une part de mystère. J’ai dit à ma communauté que lorsque j’atteindrai les 100 000 abonnés, je montrerai mes yeux pour l’occasion.

Vous chantez beaucoup dans vos vidéos et utilisez toujours des voix off. Pourquoi ne pas parler ?
C’est un défi pour moi de faire rire les gens sans parler. Dan ban’ komédi lontan, navé pwin le son et pas besoin de kozer pou fé ri do moun’. Mi aime ce côté ou mi koz pas, tout en faisant comprendre ce que mi veut dire à travers des références culturelles ou à travers mes gestes.

Yab comme toi, SOS à un agriculteur en détresse, Yab Saint-Laurent pub… La parodie est-elle votre crédo ?
J’aime beaucoup parodier, j’aime retrouver des références populaires de ma génération qui sont souvent le point de départ de mes vidéos. Je m’amuse beaucoup à faire tout ça, à twister la musique comme Femme comme toi ou des parfums connus pour faire une sorte de zambrocal comique.

On voit que vous savez maîtriser l’art du montage, quel est votre métier ?
Je travaille dans le secteur audiovisuel, à mon compte. Je suis caméraman, monteur et réalisateur. J’ai travaillé dix ans avec Réunion La 1ère sur la production du spectacle Doux amour. Après je fais aussi de l’éducation à l’image : j’apprends aux petits enfants à faire des vidéos. Être indépendant me permet de gérer mon emploi du temps comme je l’entends entre ma vie professionnelle et mes vidéos humoristiques.

Est-ce un domaine dans lequel vous avez toujours travaillé ?
Non, je me suis orienté vers la maintenance industrielle. Après un BTS, je suis parti en métropolitaine pour faire des études, mais dès le premier mois, j’ai compris que ce n’était pas pour moi. De ce fait, je me suis réorienté vers le cinéma en découvrant ce monde au travers d’associations à Montpellier. Ensuite, j’ai fait trois ans à l’université. Trois années où j’ai passé beaucoup de temps à regarder des films, à étudier. Après quatre années là-bas, je savais que je voulais revenir à La Réunion car j’avais besoin de m’exprimer, principalement en créol.

Au-delà de l’humour, quel est le message que vous souhaitez faire passer dans vos vidéos ?
Mon but est de montrer que ce personnage que j’ai créé n’est pas inquiet. Il profite de la vie avec le peu qu’il a. Je parle d’un gars tranquille et simple des quartiers chics qui, en fin de compte, se rend compte qu’avec ce qu’il a, il n’est pas si mal loti.

Combien de temps vous faut-il pour réaliser une vidéo, de l’écriture à la publication ?
Quand j’ai une idée, je l’écris et j’ai besoin de deux ou trois jours de réflexion pour qu’elle mûrisse. Parfois je le mets dans un coin et j’y reviens plus tard. Mais, en gros, deux ou trois jours pour peaufiner l’idée, une à deux heures pour écrire. Ensuite, je dessine tous mes plans sur une feuille : entrer le plan à un instant donné, relier le mouvement… Le petit film est déjà tourné dans ma tête. Ensuite le tournage, pour 1m30 de vidéo, me prend trois à quatre heures. J’ai un côté perfectionniste, je ne laisse aucun détail au hasard.

Combien d’abonnés avez-vous sur les plateformes où vous êtes présent ?
J’ai d’abord commencé sur TikTok et je ne m’attendais pas à une réponse aussi massive en si peu de temps. J’ai 40 000 abonnés sur ce réseau social. Sur Facebook, j’en ai environ 15 000 et Instagram 10 000. Mon public est assez diversifié selon les plateformes, allant des adolescents aux quadragénaires. Ce que j’aime dans ma communauté, c’est que les gens sont très attentionnés. J’ai commencé par publier des vidéos dans des groupes privés. Je suis heureuse de voir que ce que je propose fait rire au-delà de mes proches.

En parlant de vos proches, il y en a un que l’on voit assez souvent. Qui est-ce ?
C’est ma grand-mère que j’ai embarqué dans l’aventure. Avant de réaliser ces vidéos, je l’avais déjà filmée dans son quotidien, pour garder une trace de ses instants de vie et ne pas oublier tous les savoirs qu’elle m’a transmis. Comme j’aimais faire ça, je lui ai demandé de jouer au jeu de la caméra. Cela ne la dérangeait pas beaucoup, même si elle ne comprend pas forcément tout ce que je fais. Elle est de plus en plus critique envers elle-même. Parfois, quand elle fait du shopping, les gens la reconnaissent. Et puis le public de mes vidéos s’y attache. Quand ils ne la voient pas pendant un moment, les gens m’envoient un message pour me demander si elle va bien. Ce que je montre d’elle est très personnel, mais je pense qu’avec les valeurs qu’elle véhicule, beaucoup de gens s’y retrouvent et revivent un peu ce qu’ils ont connu, avec une pointe de nostalgie.

Commentaires recueillis par Hugo DELAGRAYE


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