Interview Fabio Reggazi | 24 heures – .

« Nous accorderons plus d’importance aux futurs traités avec l’UE, qui sont essentiels pour de nombreuses PME »

Publié aujourd’hui à 7h54

Monsieur Regazzi, l’USAM va-t-elle maintenir son attitude provocatrice après le départ du réalisateur Hans-Ulrich Bigler ?

Nous resterons fermes sur le fond. Je suppose que le nouveau directeur, Urs Furrer, qui arrivera en mai, fixera ses propres priorités.

Un changement de cap en vue pour l’USAM ?

Oui, même s’il reste des points critiques dans le dossier européen. À l’avenir, nous accorderons davantage d’importance aux futurs traités avec l’UE, car ils sont essentiels pour de nombreuses PME.

Ce est-à-dire?

On oublie trop souvent qu’outre les grands groupes, quelque 40 % des PME travaillent à l’export. Si nous laissons les anciens accords avec l’UE s’affaiblir au lieu de les renouveler, les exportations vers l’UE deviendront de plus en plus compliquées.

De nombreuses personnes critiquent la nouvelle approche du gouvernement. L’USAM acceptera-t-elle le paquet d’accords que le Conseil fédéral négocie actuellement à Bruxelles ?

Oui, je suis confiant. Je pense que les chances d’obtenir de nouveaux traités européens sont intactes. Mais en fin de compte, c’est le peuple qui décidera.

De nombreuses PME s’inquiètent cependant de voir des entreprises étrangères pratiquer le dumping salarial en Suisse une fois les nouveaux accords européens signés. Niez-vous la légitimité de cette préoccupation ?

Non. Si les salaires ne sont plus suffisamment protégés en Suisse, il existe effectivement un risque de dumping salarial. Et nous voulons l’éviter à tout prix. Ainsi, l’USAM ne donnera son accord que si la protection salariale est garantie à 100%. Autrement, les entreprises européennes qui emploient de la main-d’œuvre à bas prix supplanteront, par exemple, les cuisinistes ou les entreprises de construction suisses.

Comment résoudre ce problème? La réglementation européenne sur les frais désavantagerait sérieusement les entreprises locales. Il est peu probable que l’UE accorde à la Suisse un traitement préférentiel en matière de notes de frais.

Nous verrons. Je vous rappelle que la réglementation des frais est également très controversée parmi les États membres de l’UE. Toutefois, nous sommes tout à fait disposés à envisager des compromis sur d’autres points, pour autant que la protection des salaires ne soit pas menacée : une réduction du délai d’annonce préalable par exemple, qui concerne les entreprises exécutant des commandes en Suisse, est tout à fait négociable. En effet, grâce aux moyens numériques modernes, il est possible de contrôler des entreprises depuis l’étranger dans des délais plus courts.

La protection des salaires est-elle vraiment le seul point que l’USAM critique encore dans les négociations en cours avec l’UE ?

Il y a bien sûr d’autres points. Nous sommes donc mécontents que la Cour de justice européenne continue de jouer un rôle dans le règlement des différends entre la Suisse et l’UE. Malheureusement, il ne sera pas possible de l’éviter complètement. Il faudra donc, dans une certaine mesure, rechercher un terrain d’entente. Nous devons également nous assurer que les citoyens de l’UE ne portent pas atteinte à la sécurité sociale de leur pays grâce aux nouveaux traités européens. Nous n’avons cependant plus d’objection de principe sur ces points des futurs accords.

Dans quelle mesure l’industrie dépend-elle de la main d’œuvre qualifiée de l’Union européenne ?

Je suis très inquiet à ce sujet. Je pense que nous manquons certes de personnel qualifié, mais surtout de main d’œuvre en général. J’en fais l’expérience au sein de mon entreprise. Depuis des mois, nous recherchons un comptable. Vous n’imaginez pas à quel point c’est difficile. Heureusement, au Tessin, nous avons également la possibilité de chercher au-delà de la frontière, en Italie.

Mais au Tessin, le grand nombre de travailleurs frontaliers irrite de nombreuses personnes.

C’est vrai. Ces gens-là ne veulent pas voir que, sans les frontaliers, notre canton connaîtrait de grandes difficultés. Certains secteurs comme la construction, les hôpitaux et les maisons de retraite pourraient fermer. Et je pense que les problèmes d’emploi vont désormais s’aggraver.

Le loup est un autre défi actuel. Vous êtes un chasseur. Êtes-vous allé à la chasse au loup ?

Au Tessin, les gardes-chasse étaient jusqu’à présent chargés de la réglementation. Les chasseurs ne sont pas concernés. Si cela devait changer, je m’inscrirais.

Pour quoi?

Parce que la situation est devenue incontrôlable. Dans les régions montagneuses, les loups causent désormais de nombreux problèmes. Les mesures de protection que les agriculteurs sont contraints de prendre sont disproportionnées. La décision du conseiller fédéral Albert Rösti d’abattre des loups est un pas dans la bonne direction. Mais je serais allé encore plus loin.

Jusqu’à quel point? Albert Rösti a cependant été vivement critiqué.

Il aurait dû s’y attendre en tant que conseiller fédéral. Pour être provocateur : nous n’avons pas besoin de loups en Suisse. Je suis conscient que ce n’est pas réalisable. Mais 300 loups comme aujourd’hui, c’est une fois pour toutes beaucoup trop. Vingt à trente animaux suffiraient. Il devrait être permis de démolir tout le reste.

C’est très extrémiste.

Non, nous avons besoin de davantage de zones sans loups. Je suis clairement du côté des agriculteurs de montagne sur cette question. Selon moi, les agriculteurs contribuent davantage à la biodiversité que les loups.

En tant que président de l’Union suisse des arts et métiers, vous semblez moins agressif que sur la question du loup. Pourquoi donc?

Pour moi, la chasse est une affaire personnelle. A l’USAM, je ne peux pas être un intransigeant car je dois tenir compte de la pluralité des opinions de nos adhérents.

Mischa Aebi est rédacteur au Palais fédéral pour le SonntagsZeitung. Auparavant, il a travaillé comme journaliste à la section suisse du «Berner Zeitung». Avant de devenir journaliste, il a enseigné les mathématiques et la physique à l’école professionnelle de Berne.Plus d’informations @mischa_aebi
Adrien Schmid est journaliste au Palais fédéral. Auparavant, il travaillait au « Bund ». Historien de formation, il exerce le métier de journaliste depuis la fin des années 1990. Plus d’informations @adschmid

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