Le monde du chocolat s’enfonce dans une crise sans précédent : les prix du cacao atteignent des sommets historiques, menaçant la viabilité de la filière et faisant craindre une hausse du prix des tablettes pour les consommateurs. Mais cela permet aussi une augmentation des revenus pour certains pays producteurs.
La tonne de fèves de cacao se négocie désormais à plus de 10 000 dollars, soit plus du double de son prix il y a un an. Cette poussée spectaculaire peut s’expliquer par une combinaison de facteurs : demande croissante, offre insuffisante et perturbations de la chaîne d’approvisionnement.
En effet, cette flambée spectaculaire des prix est due à une combinaison de facteurs complexes. La demande de chocolat augmente rapidement, en particulier en Chine et dans d’autres pays émergents, où des classes moyennes croissantes développent un goût pour des produits de luxe abordables, comme le chocolat. Dans le même temps, l’offre est sous pression en raison de conditions météorologiques défavorables. Notamment en Afrique qui regroupe les principaux pays producteurs, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent ensemble plus de 60 % de la production mondiale de cacao. Enfin, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine ont exacerbé la situation, entravant la circulation des marchandises et augmentant les coûts de transport.
La filière cacao impactée
Les conséquences sont graves pour l’ensemble du secteur. Les chocolatiers, confrontés à l’explosion de leurs coûts, n’ont d’autre choix que de répercuter la hausse des prix de vente. Cette spirale menace l’accessibilité de ce produit pour les consommateurs et risque d’entraîner une baisse de la consommation.
En Afrique, où la production de cacao occupe une place centrale dans l’économie de nombreux pays, les petits producteurs sont particulièrement vulnérables. Ces agriculteurs ont du mal à faire face à la hausse des coûts de production, ce qui menace leurs moyens de subsistance et amplifie les inégalités économiques dans des régions déjà vulnérables.
Vers une crise systémique ?
Au-delà des effets immédiats, cette crise met en lumière les fragilités d’un système dominé par les grands groupes et peu soucieux de pérennité. Les pratiques agricoles intensives fragilisent l’environnement, tandis que les conditions de vie et de travail des petits producteurs restent souvent précaires.
Face à cette crise, les acteurs de la filière chocolat recherchent activement des solutions pour stabiliser le marché. Les initiatives visent à augmenter la production de cacao de manière durable, à améliorer les conditions de vie des producteurs et à minimiser les impacts environnementaux. Par exemple, certains programmes se concentrent sur l’enseignement de techniques agricoles plus résilientes au climat et sur l’amélioration de l’accès aux marchés pour les petits producteurs.
Des pistes de développement durable pour le cacao
Augmenter la production de manière durableen encourageant les pratiques agroforestières respectueuses de l’environnement et en améliorant la résilience des plantations aux aléas climatiques.
Garantir des prix équitables aux producteursen luttant contre les monopoles et en promouvant des modèles économiques plus justes, comme le commerce équitable.
Améliorer les conditions de vie et de travail des travailleursen garantissant des salaires décents, l’accès aux soins et à l’éducation, et en luttant contre le travail des enfants.
La flambée des prix du cacao n’est pas une crise cyclique, mais un signal fort des limites d’un modèle agroalimentaire non durable. La transition vers un secteur plus durable et équitable est essentielle pour garantir la pérennité de l’industrie du chocolat, protéger les ressources naturelles et assurer un avenir décent aux communautés productrices.
Historique des prix du cacao
Le marché du cacao a toujours été sujet à la volatilité. Au cours des années 1970 et 1980, l’instabilité politique en Afrique de l’Ouest a entraîné une hausse notable des prix. Plus récemment, au début des années 2000, les prix ont augmenté en raison des inquiétudes concernant les maladies des plantations et des débats autour du commerce équitable. Cette perspective historique montre que les flambées des prix ne sont pas nouvelles. La situation actuelle est cependant unique en raison de sa convergence avec d’autres crises économiques et environnementales mondiales.
Même si les défis sont nombreux, la hausse des prix du cacao peut également présenter d’importantes opportunités pour les économies des pays producteurs, principalement en Afrique de l’Ouest. Une augmentation des revenus issus des exportations de cacao pourrait stimuler les économies nationales, à condition que les gains soient répartis équitablement. Des prix plus élevés devraient permettre une meilleure rémunération des agriculteurs.
