Une hausse de la délinquance juvénile en France ? Ce n’est pas ce que disent les chiffres.

Une hausse de la délinquance juvénile en France ? Ce n’est pas ce que disent les chiffres.
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BORIS HORVAT / AFP Y a-t-il réellement eu une augmentation des délits et délits commis par des mineurs en France ces dernières années ?

BORIS HORVAT / AFP

Y a-t-il réellement eu une augmentation des délits et délits commis par des mineurs en France ces dernières années ?

SÉCURITÉ – Gabriel Attal promis “action, action, action”. Face à l’actualité chargée de ces derniers mois, marquée par la violence des meurtres à Grande-Synthe (Nord), Romans-sur-Isère (Drôme) et Viry-Châtillon (Essonne), le Premier ministre a sonné la sonnette d’alarme. “mobilisation générale” devant « Dépendance à la violence » de certains adolescents.

Comparution immédiate pour les mineurs de plus de 16 ans, réduction voire suppression des allègements de peine pour les minorités dans les condamnations pénales, internat pour jeunes » à la dérive », punition des parents pour les délits commis par leurs enfants… Le gouvernement ne manque pas d’idées pour contrer cette prétendue flambée de violence chez les jeunes. Mais y a-t-il réellement eu une augmentation des délits commis par des mineurs en France ces dernières années ?

C’est plutôt le contraire que soulignent les professionnels du monde juridique et associatif. « Soutenir que les jeunes deviennent de plus en plus violents est un postulat qu’aucun chiffre ne soutient »dit le collectif dans un communiqué Justice pour enfantsqui regroupe notamment le Conseil national des barreaux, la Conférence des présidents, le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH).

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« Difficile de tirer des conclusions réelles et définitives »

Comme indiqué Libérer en 2020, les statistiques de délinquance appellent à la prudence dans l’interprétation des chiffres, selon qu’on s’intéresse à la délinquance constatée par les forces de l’ordre, aux condamnations par la justice ou aux enquêtes de victimisation et de délinquance déclarée. .

Un rapport du Sénat datant de 2022 l’indiquait ceci : « Il n’existe que depuis 2016 des statistiques fiables sur les mineurs impliqués par les forces de sécurité, et elles posent encore plusieurs difficultés. Il est donc difficile de tirer des conclusions réelles et définitives. », ont reconnu ses rapporteurs. Or le discours politique, porté par l’actualité, se concentre sur les violences sur mineurs.

« Il y a deux fois plus d’adolescents impliqués dans des coups et blessures, quatre fois plus dans le trafic de drogue et sept fois plus dans des vols à main armée que dans la population générale », a soutenu le Premier ministre à Viry-Châtillon le 18 avril. Un constat très relatif : selon les chiffres du ministère, en 2022, les coups et violences volontaires représentent 21 % des disputes les plus fréquentes entre mineurs, contre 19 % pour les auteurs majeurs. . Les autres proportions avancées par Gabriel Attal ne sont pas non plus étayées par les statistiques publiées par le ministère de la Justice.

Une baisse des mineurs en cause

Et même si les mineurs sont surreprésentés dans certaines catégories, cela ne signifie pas pour autant une augmentation des violences chez les adolescents dans le temps. ” La délinquance juvénile est plus violente qu’avant (…) Nous ne pouvons pas rester les bras croisés.» cependant affirmé le RTL le 19 avril le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti.

Un discours que dénoncent les professionnels. « Au contraire, selon les statistiques du ministère de la Justice, une baisse de 24 % du nombre de mineurs mis en cause a été observée entre 2019 et 2022, et, si la proportion de poursuites est restée stable sur cette période, le nombre de mineurs jugés devant les tribunaux a diminué de plus de 30% », affirme le collectif Justice pour enfants.

Selon les chiffres du ministère de la Justice, en 2022, Les dossiers relatifs à la délinquance juvénile traités par les procureurs de la République ont concerné 168 900 mineurs, soit 2,5 % de la population âgée de 10 à 17 ans. En 2021, ces dossiers ont concerné 198 100 mineurs. Selon le rapport du Sénat, ce chiffre est resté, entre 2010 et 2019, plutôt stable, » entre 190 000 et 200 000 selon les années « .

Des fluctuations à la baisse qui ne sont pas non plus la conséquence d’une justice plus laxiste envers les plus jeunes. « Il est également erroné de soutenir que de nombreux mineurs restent impunis : le taux de réponse pénale à leur encontre est supérieur à 90 %, intervient-elle. […] plus systématiquement mais aussi plus rapidement que pour les adultes »indique le collectif dans son communiqué.

Omniprésence médiatique

C’est aussi ce que soulignait en février Éric Achard, secrétaire fédéral de la CFDT justice et éducateur de formation : il s’agit d’un « lieu commun » penser que la justice pour mineurs serait laxiste. “ Alors qu’il existe au contraire un suivi des actes délictueux commis par des mineurs qui est généralement supérieur à celui qui existe pour les adultes.il a avancé HuffPost.

Le sociologue et chercheur au CNRS Christian Mouhanna souligne, de son côté, que les sanctions visant les jeunes délinquants sont devenues plus sévères et non assouplies, entre 2018 et 2022. » La baisse du nombre de mineurs sanctionnés par la justice est d’autant plus remarquable que la période en question se caractérise par un durcissement des lois ciblant les comportements jugés inappropriés ou inciviques des jeunes, notamment dans l’espace public. il argumente dans une chronique publiée par Le monde le 24 avril.

Si les violences entre jeunes ont toujours existé, la différence aujourd’hui réside peut-être dans la perception de ces violences, alimentée par la médiatisation politique et médiatique, et l’omniprésence des images. ” Au lieu de replacer ces événements dans un contexte plus large, les discours n’hésitent pas à généraliser à partir d’actualités certes réelles, mais qui ne reflètent pas une situation d’ensemble.conclut Christian Mouhanna.

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