VRAI OU FAUX. La France est-elle le pays avec le plus grand nombre d’accidents du travail mortels en Europe ? – .

Alors que la CGT réclame une loi pour « mettre fin au massacre » des morts au travail, Sophie Binet assure que la France « détient le record d’Europe » du nombre d’accidents du travail mortels. C’est faux, elle arrive en 4ème position. Mais la France est la moins performante si l’on prend en compte tous les accidents du travail.

La CGT veut une loi pour « mettre fin au massacre » décès et accidents du travail. Une cinquantaine de militants ont manifesté jeudi 25 avril devant l’Hôtel de ville de Paris. En chasubles et en manteaux, ils arboraient des dizaines de silhouettes symbolisant les tués au travail et y déposaient des roses blanches. Invitée de LCI le même matin, la secrétaire générale du syndicat, Sophie Binet, a dénoncé la situation : “Si on ne regarde que les décès au travail, il y en a 789 dans l’année, ça fait plus de deux par jour […] ce massacre dont la France détient le record en Europe pourrait être évité. Vrai ou faux ?

C’est faux, la France ne détient pas le record européen du nombre d’accidents mortels chaque année. Selon les dernières données d’Eurostat, pour l’année 2021, en termes de nombre d’accidents du travail mortels pour 100 000 habitants, elle arrive en 4ème position, derrière la Lettonie, la Lituanie et Malte. Il y a eu précisément 645 décès sur le lieu de travail en 2021 et 738 en 2022, selon le dernier rapport Medicare. Cela correspond à plus de deux décès par jour. Ces chiffres prennent en compte les suicides, les maladies ou encore les accidents de manutention.

En revanche, la France est la moins performante d’Europe si l’on prend en compte tous les accidents du travail, et pas seulement les accidents mortels. Toujours selon le dernier bilan de l’Assurance maladie, en 2022, plus de 560 000 accidents ayant entraîné un arrêt ou une incapacité de travail ont été recensés. La France se retrouve en tête du classement européen, devant la Suisse et le Portugal.

Ces comparaisons entre pays sont à prendre avec prudence car tous les États européens ne comptabilisent pas les accidents du travail de la même manière. Concernant les accidents mortels, certains pays ne prennent pas en compte la maladie ou le suicide si le lien avec le travail n’est pas prouvé, comme le précise une note gouvernementale. Par ailleurs, dans certains pays, les citoyens sont moins incités à déclarer un accident, lorsqu’il n’y a par exemple pas d’aide financière en contrepartie, ce qui fait baisser les statistiques, comme le constate Eurostat.

Peut-on dire que la situation empire ? Ces dernières années, c’est difficile à analyser en raison de la pandémie de covid. De nombreux salariés se sont retrouvés au chômage partiel. Le nombre d’accidents a donc diminué. Mais si l’on regarde les 20 dernières années, on constate une baisse des accidents du travail en France, constate l’Assurance maladie. Il y avait environ 750 000 accidents du travail par an au début des années 2000, contre environ 600 000 en moyenne ces dernières années. Mais la France a désormais atteint son plus bas niveau depuis une dizaine d’années : le nombre d’accidents du travail ne baisse plus. Les syndicats réclament davantage de prévention.