Que sait-on de l’alliance sécuritaire entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso ? – .

Que sait-on de l’alliance sécuritaire entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso ? – .
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Informations sur l’article
  • Auteur, Isidore Kouwonou
  • Rôle, BBC Afrique
  • Il y a 5 minutes

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso viennent de franchir une nouvelle étape dans leur volonté de rapprochement. Ils ont annoncé mercredi 6 mars 2024 la création d’une force militaire conjointe pour lutter contre l’insécurité à laquelle les trois pays sont confrontés depuis plusieurs années. C’était lors d’une réunion à Niamey.

Selon le général Moussa Salaou Barmou, chef d’état-major des forces armées nigériennes, la force conjointe des trois pays qui composent l’Alliance des États du Sahel (AES) « sera opérationnelle dans les meilleurs délais pour prendre en compte les défis sécuritaires » de cet espace.

Les trois pays dirigés par des militaires à la suite des coups d’Etat, entendent, à travers cette force commune, “créer les conditions d’une sécurité partagée”, selon le communiqué qui a sanctionné la réunion à laquelle ont également participé les chefs d’Etat. Etat-major du Mali et du Burkina Faso.

Il est également indiqué qu’un concept opérationnel sera développé pour permettre « d’atteindre les objectifs de défense et de sécurité » au niveau des pays de l’AES.

Les défis sécuritaires ne manquent pas au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Ils font face à des attaques armées répétées sur leur sol.

Situation sécuritaire dans l’AES : état des lieux

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Légende, La situation sécuritaire s’est dégradée ces dernières années au Sahel en Afrique de l’Ouest

En choisissant de se réunir au sein de l’Alliance des États du Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont convenus le 16 septembre 2023 de conclure un pacte de défense mutuelle. Cela s’est produit dans un contexte où la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a menacé d’intervenir militairement au Niger lorsque la junte qui a perpétré le coup d’État en juillet a refusé de rétablir l’ordre constitutionnel.

Dans le même temps, la situation sécuritaire dans les trois États reste alarmante.

Le 25 février, trois villages et une église ont été attaqués dans le nord du Burkina Faso. Le même jour, une mosquée a également été attaquée. Le bilan s’élève à une dizaine de morts, selon des sources sécuritaires locales.

Des attaques similaires se produisent également dans d’autres pays de l’AES. En octobre dernier, le Niger a perdu 29 de ses soldats lors d’une attaque près de la frontière avec le Mali.

En septembre 2023, trois jours de deuil ont été décrétés au Mali à la suite de deux attaques distinctes qui ont fait 64 morts, dont 49 civils et 15 militaires, dans le nord du pays.

Les trois pays ont subi plusieurs autres attaques qui laissent presque fréquemment les familles dans le deuil.

Selon le rapport 2023 de l’Institut pour l’économie et la paix, 310 attaques ont fait 1 135 morts et 496 blessés au Burkina Faso en 2022. Au Mali, le rapport attribue 944 morts à des attaques armées. Selon le rapport, les attaques dans ces deux pays ont augmenté de 48 % par rapport à l’année précédente (2021).

« L’augmentation du nombre d’opérations terroristes dans la région du Sahel a été significative (plus de 2 000 % sur les 15 dernières années). Cela est dû à la situation politique instable, où six tentatives de coup d’État ont eu lieu, dont quatre ont réussi », indique le document.

La situation sécuritaire dans la zone reste toujours préoccupante selon ces informations. Mais la création d’une force commune permettra-t-elle de vaincre l’insécurité dans les trois pays de l’AES ?

Des promesses rompues par les militaires au pouvoir ?

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Légende, La force conjointe annoncée par les autorités militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso s’inscrit dans le cadre de la charte Liptako-Gourma qui a créé l’Alliance des États du Sahel en septembre 2023.

Selon les observateurs, il est trop tôt pour le dire, mais le désir des populations de ces trois pays de mener une vie calme et paisible se renforce. L’insécurité est devenue la réalité quotidienne de ces hommes et femmes contraints de quitter leur foyer.

La violence, comme nous pouvons le constater, s’est aggravée ces dernières années au Sahel en Afrique de l’Ouest. Les militaires à la tête du Mali, du Niger et du Burkina Faso avaient promis de résoudre le problème de l’insécurité et de sauvegarder l’intégrité de leur territoire dès leur arrivée au pouvoir.

L’ancienne puissance coloniale, la , présente au Sahel depuis des années avec sa force militaire, a été priée de quitter cette zone.

Même constat pour la mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali (MINUSMA) qui a reçu l’ordre des dirigeants de la junte de quitter le pays où elle est présente depuis une dizaine d’années. Un départ qui a été effectif en décembre dernier.

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso se sont alors rapprochés de la pour les aider à maintenir la stabilité dans la région.

Selon Oumar Ba, analyste de la sécurité en Afrique de l’Ouest au Centre d’études stratégiques de Paris, il y a une amélioration avec les gains territoriaux des « forces de défense des pays de l’AES sur les petits groupes jihadistes et sécessionnistes dans une certaine mesure ».

« Mais nous sommes loin de l’efficacité totale d’une sécurité optimale et globale sur l’ensemble des territoires de ces différents pays membres de l’AES », ajoute-t-il, indiquant que la menace est réelle, diffuse, importante. et bien accueilli par les autorités militaires gouvernementales qui « savent que ce combat s’inscrit dans la durée et ne peut être gagné seul, sans le consentement des populations, sans une mobilisation patriotique générale et aussi sans l’appui de partenaires capables de contrôler la domination du pays ». ciel grâce à des drones, des satellites.

Ce sont tous ces facteurs qui expliquent, selon lui, la nécessité de rassembler une force pour faire face à la situation.

Car selon Mamadou Adje, ancien conseiller aux situations d’urgence de l’état-major général des forces armées à la présidence de la République du Sénégal, les jihadistes ne se livrent plus à de petites attaques contre des villages, mais à des attaques à grande échelle contre des campements et camps militaires.

Les défis de l’alliance de sécurité

L’alliance annoncée par les autorités militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso s’inscrit dans le cadre de la charte Liptako-Gourma qui a créé l’Alliance des États du Sahel en septembre 2023.

L’article 6 de la charte prévoit la nouvelle architecture de sécurité collective et de défense mutuelle contre toute attaque et menace contre la souveraineté d’un État membre.

Ces pays font face à un ennemi diffus et subtil, souvent caché dans les populations aux frontières, qui profitent de leur porosité et se livrent à des actes de déstabilisation, déclare l’analyste de la sécurité en Afrique de l’Ouest.

« Il est très difficile de lutter contre le terrorisme. Ce ne sont pas les grands pays qui vont me renier là-dessus », souligne Oumar Ba.

Il souligne toutefois que la volonté politique et stratégique ne manque pas chez les chefs militaires des trois pays. « Nous espérons que les mois à venir pourront nous en dire davantage sur l’efficacité opérationnelle relative ou non de cette nouvelle force interarmées. »

Cette force, poursuit-il, sera jugée sur le terrain et on verra si elle sera capable ou non de réduire drastiquement les attaques jihadistes. “Nous verrons si cela peut stabiliser durablement la zone, sécuriser les populations et restaurer l’intégrité et l’autorité des Etats”, a-t-il déclaré.

Hormis ces aspects, les Etats de l’AES seront également confrontés à des défis liés aux ressources financières, selon Mamadou Adje, ancien conseiller aux situations d’urgence de l’état-major général des forces armées à la présidence de la République du Sénégal.

“Le défi financier est dû à l’assèchement des ressources financières traditionnelles avec le retrait de l’ONU, de la France et des pays qui ont apporté un soutien financier, notamment avec le G5 Sahel”, souligne-t-il.

Ces États comptent désormais sur le soutien russe pour relever ces défis. Mais ils sont également confrontés à des défis logistiques. selon M. Adje, le matériel russe est hétérogène.

“Ce sont des pays qui disposent d’équipements français, de formations françaises… Avec le soutien des Russes, le problème de l’opérabilité va se poser.”

Le Sahel, espoir d’une éventuelle stabilisation avec les militaires ?

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Pour le moment, la situation sécuritaire reste encore très précaire dans les États AES, dont certaines parties du territoire sont contrôlées par ces groupes armés.

Selon M. Ba, la stabilisation de la zone est possible. Mais cela ne pourra être durable que lorsque ces régimes corrigeront leur déficit démocratique.

« Ce sont des régimes civils et militaires. Leur légitimité démocratique souffre encore d’un certain manque de légitimation qui vient d’élections libres, démocratiques, sincères, transparentes et inclusives », souligne-t-il.

Et donc le retour à l’ordre constitutionnel à travers des scrutins transparents répondant aux critères et standards africains et internationaux est, selon lui, une des clés de la stabilisation durable et de la crédibilité de ces régimes.

Les défis économiques, la pauvreté, les inégalités sociales, la précarité, la sécheresse et le terrorisme sont autant de défis que cette stabilité doit relever pour s’inscrire dans les forces nationales qui adhèrent à la vision prioritaire de la stabilisation.

Le Sahel s’étend sur plus de 2 780 000 km2 et comprend des pays gigantesques dotés de vastes territoires avec des zones de frontières poreuses.

« Il faudra que l’AES soit capable de trouver un « gentleman’s Agreement » salvateur avec la CEDEAO pour pouvoir négocier sa sortie et pouvoir trouver des arrangements gagnant-gagnant pour nos différentes institutions et composantes étatiques », insiste Oumar Ba.

Il prévient que si le Sahel ne le fait pas, il court le risque d’une déstabilisation encore plus grande avec la poussée jihadiste et les tentatives de coups d’État en pleine période de transition.

« Je pense que la stabilisation durable de la zone sahélienne ne peut réussir de manière fondamentale si l’Afrique est dans une logique de méfiance mutuelle entre ces différents Etats et ces différentes organisations et si les populations n’ont pas le droit d’avoir leur mot à dire dans le choix de leurs destin de manière libre, démocratique et transparente », explique-t-il.

 
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