« Un manque de respect pour les morts », désespère un maire du Roannais

« Un manque de respect pour les morts », désespère un maire du Roannais
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Le manque flagrant de médecins crée également des difficultés en cas de décès, aussi bien à domicile qu’en Ehpad. Le pouvoir donné aux infirmières d’établir des certificats pourrait être une solution, espère Isabelle Dugelet, maire de La Gresle.

Isabelle Dugelet, maire de La Gresle, petite commune rurale du Pays de Charlieu, connaît bien les difficultés de trouver un médecin, seul habilité à délivrer un acte de décès.

En décembre 2019, vous avez pris un décret pour le moins insolite et ironique, interdisant à vos électeurs de mourir le week-end et les jours fériés. Cela a même créé un buzz national… C’était totalement absurde et provocateur. Je l’ai pris parce que nous étions confrontés à la difficulté de trouver un médecin alors qu’un résident de la maison de retraite était décédé un dimanche de décembre. Et on sait que le dimanche après-midi à l’Ehpad, il y a beaucoup de visites. Il en va tout autrement si le décès survient pendant la nuit ; dans ce cas, l’acte de décès peut attendre le lendemain matin, il y a moins d’urgence à le faire rapidement.

« Cet homme courageux est resté sur la route pendant plus de deux heures et demie le temps que nous trouvions une solution. »

Isabelle Dugelet (Maire de La Gresle)

Avec le recul, plus de quatre ans plus tard, est-ce que ce sont des situations auxquelles vous êtes encore régulièrement confrontés ? Bien sûr. Nous avons beaucoup de mal à trouver un médecin disponible, et cela arrive très souvent. Il n’est pas systématique qu’un médecin vienne rapidement. Tout récemment, il y a eu un mort sur la voie publique. C’était un résident de la maison de retraite. Le Samu a demandé aux pompiers de transporter le corps du résident jusqu’à sa chambre et qu’il vienne le soir, lors de garde, réaliser l’attestation. Mais c’est inacceptable et illégal, on ne peut pas déplacer un corps ! Sachez que cela signifie que ce brave homme est resté sur la route pendant plus de deux heures et demie, le temps qu’une solution soit trouvée et que les pompes funèbres viennent le chercher.

“C’est inhumain, voire fou”

Pour les différentes parties prenantes, cela représente aussi beaucoup de temps… Évidemment ! La police, par exemple, doit être présente et attendre que l’acte de décès soit délivré. Parce qu’il faut s’assurer qu’il n’y a pas de problème, que la mort est naturelle, voire qu’il n’y a pas d’enlèvement de corps.
Pour nous, c’est pareil, il faut appeler partout pour essayer de trouver un médecin disponible dans nos carnets d’adresses. Nous sommes confrontés à de réelles difficultés.
Et puis bien sûr, il y a les familles. Eux qui restent parfois une demi-journée avec le corps du défunt dans la maison, sans pouvoir rien faire, et alors que la douleur est déjà immense. C’est inhumain, voire fou. C’est un manque de respect envers les morts et leur entourage.

Cela pourrait être une solution, à condition qu’il y ait des infirmières bénévoles.

Pensez-vous qu’autoriser les infirmiers à délivrer des actes de décès (lire ci-dessus) est une solution ? Quoi qu’il en soit, il faut faire quelque chose, la situation est de plus en plus tendue. Alors oui, cela pourrait être une solution. Mais à condition d’avoir des infirmières bénévoles. Car en ce moment, nous sommes confrontés à une véritable pénurie de médecins. Ce qui affecte les infirmières, qui se retrouvent obligées d’accomplir des actes de plus en plus complexes et de plus en plus nombreux. C’est vrai que dans les Ehpad notamment, cela faciliterait les choses, sachant que les décès ne sont pour la plupart pas une surprise, les résidents sont en fin de vie, c’est assez simple.

Commentaires recueillis par Pauline Michaud

Expérimentation

Dans le cadre d’une expérimentation d’un an en Auvergne-Rhône-Alpes, des infirmiers de la Loire et du Rhône pourront également rédiger ces certificats. L’objectif est d’évaluer la faisabilité et l’acceptabilité par les infirmières de l’établissement de ces documents, ainsi que les conséquences sur l’amélioration des délais de certification et sur la qualité des données fournies dans ces certificats.
Les infirmiers bénévoles, qu’ils soient indépendants, employés en Ehpad ou dans le suivi des hospitalisations à domicile, doivent être diplômés d’Etat depuis au moins trois ans et avoir été spécifiquement formés. Ils ne pourront intervenir que pour les majeurs, en cas d’indisponibilité d’un médecin dans un délai raisonnable, et si le décès est survenu à domicile ou en Ehpad uniquement.

 
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