A Toulouse, la fondation Bemberg retrouve de son éclat

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« Femme à la baignoire » (1903), de Pierre Bonnard. MATHIEU LOMBARD / FONDATION BEMBERG

Ce n’est pas la fondation la plus connue de France, mais elle est aujourd’hui, par ses collections et leur nouvel agencement, l’une des plus attractives : la Fondation Bemberg, située à l’Hôtel d’Assézat, à Toulouse. Après des travaux qui ont duré trois ans et ont largement modifié la muséographie et le parcours, il a rouvert le 2 février, et sa visite pourrait vous surprendre. On ne s’attendrait peut-être pas à découvrir l’un des principaux groupes de la peinture germanique du XVIe siècle.e siècle conservé en France et un autre, très considérable, par Bonnard.

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La cour de l'Hôtel d'Assézat vue depuis la loggia, à Toulouse, en janvier.

La cour de l’Hôtel d’Assézat vue depuis la loggia, à Toulouse, en janvier. FONDATION BEMBERG 2024

A vrai dire, il semble que toute l’histoire de la fondation soit placée sous le signe de la surprise et de l’énigme. A commencer par la personnalité du collectionneur, qui confia à Toulouse, en 1995, ce qu’il avait accumulé au fil du temps. Georges Bemberg (1915-2011) est né dans une dynastie d’industriels d’origine allemande établis en Argentine à partir de 1852. Ils s’allièrent à des familles de très grands propriétaires fonciers et multiplièrent les entreprises, dont les bières Quilmes qui dominent le marché national depuis 1888. .

Cela signifie que la question des moyens financiers ne s’est jamais posée pour lui. Il voulait d’abord devenir pianiste et fut un temps élève de Nadia Boulanger à New York. Il a beaucoup écrit : des pièces de théâtre, des romans et un essai, L’innocence américaine ou le mythe d’Abel (Sagittaire, 1948), ce qui eut une répercussion. Il côtoie Roger Caillois, Saint-John Perse et Borges. Et commence à acheter à New York dans les années 1930, sa première acquisition ayant été une gouache de Pissarro.

Voilà des faits établis, car, en ce qui concerne sa vie privée, il parvient à la garder si secrète que la biographie qui lui a été consacrée en 2023 par Anne Sauvageot – Georges Bemberg, collectionneur à la croisée des arts ( Privat ) – en est réduite à admettre son ignorance en la matière. On vient d’apprendre qu’à Paris il habitait rue du Dragon, préférant Saint-Germain-des-Prés aux beaux quartiers de l’Ouest où, d’habitude, vivent les grandes fortunes. Ce détail confirme que Georges Bemberg préférait un certain isolement à la mondanité à laquelle sa situation semblait le condamner.

Diversité encyclopédique

Il n’est pas plus facile de déduire quoi que ce soit sur sa personnalité de sa collection, car elle est d’un grand éclectisme, portée par une diversité d’acquisitions presque encyclopédique. On y trouve de la peinture, de la sculpture, des arts graphiques, du mobilier, des objets d’art et des éditions précieuses. Elle s’étend de la Renaissance jusqu’à la première moitié du XXe siècle.e siècle, de Cranach à Picasso, en Italie, en Allemagne, en Flandre, en Grande-Bretagne et en France.

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