Dans un avenir où la sécheresse s’abat sur la planète, l’humanité est contrainte de sacrifier sa population. En effet, ses habitants se transforment en arbre à 50 ans et la société enfermée sous une coupole de verre doit suivre des règles très strictes. Un jour, alors que sa femme décide prématurément de mettre fin à ses jours à l’âge de 32 ans, son mari, Stefan, va tenter de la sauver quitte à prendre de gros risques.
Imaginé par Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó — deux réalisateurs hongrois — Dôme céleste 2123 est un film d’animation dans la plus pure tradition de la science-fiction : une terre dévastée, une population décimée contrainte de se livrer aux pires expériences pour tenter de se sauver et un avenir dystopique sont les principaux éléments qui créent une exposition passionnante au début de le film.
Si ce dernier nous rappelle le long-métrage Coureur de lame (1982) de Ridley Scott, à l’ère des vastes technologies et d’un décor futuriste raffiné, son thème reste cependant différent. Parce que dans Dôme céleste 2123il ne s’agit pas du lien entre les machines et les humains, mais plutôt de celui entre l’Homme et la nature.
Un cri de vie
Même si le long-métrage, présenté en 2023 lors du Festival international du film d’animation d’Annecy, ne nomme pas directement la crise écologique, elle est omniprésente à travers la présentation d’un paysage aride dépeint à travers des couleurs chaudes. On sent la trace que l’Homme a laissée dans une histoire d’anticipation qui lie ainsi catastrophe écologique et apocalypse de science-fiction, le tout dans une conception tridimensionnelle mêlant dessin et prises de vue réelles. Que ce soit par son histoire et son rythme, ou par les multiples techniques graphiques utilisées, Dôme céleste 2123 témoigne d’une grande vivacité et d’une large pluralité. Comme un dernier éclat de nature et de vie face à ce paysage désertique !
Ce dernier triomphe trouve aussi sa raison d’être à travers l’histoire d’amour qui est au cœur de Dôme céleste 2123 entre Stefan et sa femme, Nora. À travers un réalisme charmant, le film d’animation dresse le portrait d’une romance aussi naturaliste que complexe, mise à l’épreuve par les peines de la vie.
Loin des archétypes classiques, les personnages apparaissent brisés, têtus, parfois même égoïstes ou naïfs, même au sein du couple. Les réalisateurs n’en font pas des super-héros, capables de défier l’apocalypse, mais des protagonistes qui, malgré les terrifiantes conditions du futur, tentent de conserver leur humanité, mais surtout de mener une vie « normale ».
Une humanité qui tente en même temps de survivre, mais qui pour cela se livre à la pire barbarie. La dichotomie entre ce que prône poétiquement le film et les actions de la société décrites est fascinante, Dôme céleste 2123 offrant une vision de ce à quoi pourrait ressembler notre avenir proche.
L’animation, à la fois sombre et chaleureuse, accentue, par ailleurs, cette atmosphère où se heurtent mort et vie, deux thèmes qui soulignent la volonté de Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó d’offrir ainsi une ode à la vie dans ce qu’elle a de plus beau mais aussi de plus chaotique. Cathartique!
