Inflation, taxe pollueur, concurrence… Duralex multiplie les difficultés depuis 30 ans

Vous les connaissez, vous les voyez peut-être même tous les jours : ces petits verres octogonaux posés sur les tables de la cantine dans lesquels tous les élèves se sont déjà amusés à lire le chiffre censé symboliser leur « âge ». Il s’agit de ceux de la marque française Duralex, fondée en 1927.

Malheureusement, la situation de l’entreprise est précaire. Le mercredi 24 avril, la justice a ordonné recours légal verrier. Une décision prise à la demande de Duralex elle-même, le 16 avril.

L’appel sanctionne plusieurs années de difficultés, même après un rachat en 2021. L’entreprise avait alors été rachetée par Cookware qui possédait déjà l’autre grand verrier français, Pyrex.

Mais avec le Pandémie de covid-19la guerre en Ukraine qui a fait monter les prix prix de l’énergieet leinflation, Duralex a perdu des places face à la concurrence et connaît donc de nouvelles difficultés. Le tribunal de commerce d’Orléans doit se prononcer ce mercredi 24 avril.

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LE recours légal est une procédure engagée lorsqu’une entreprise n’est plus en mesure de payer ses dettes mais que son existence même n’est pas compromise. Cette récupération peut être imposée par les tribunaux ou demandée par l’entreprise elle-même.

C’est le cas de Duralex qui s’est adressée aux tribunaux pour faire cette demande. Cela lui permet de geler ses dettes, et de se donner le temps de trouver un moyen de les rembourser, comme vendre l’entreprise par exemple. C’est la solution privilégiée par Duralex. Dès le lancement de la procédure, débute une période d’observation de 6 mois durant laquelle le gérant reste en place tout en étant accompagné d’un administrateur judiciaire.

A l’issue de ce délai, un bilan est dressé et une décision est prise : soit le redressement est clôturé, soit un plan de redressement est présenté, soit l’entreprise est placée en liquidation judiciaire.

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Pour Duralex, il s’agit déjà de la quatrième procédure judiciaire en 27 ans. Dépôt de bilan en 2004, liquidation judiciaire en 2008, redressement en 2020 puis en 2024, Duralex peine à tenir dans la durée. La marque n’est pas aidée par les circonstances extérieures.

La pandémie de Covid-19 a paralysé la fabrication du verre. baisse des commandes, tandis que Duralex base ses revenus sur les exportations. D’autant que l’entreprise n’a pas pu bénéficier de prêts garantis par l’Etat durant cette période. Les difficultés engendrées ont conduit au rachat de l’entreprise par Cookware, comme mentionné ci-dessus.

Mais en février 2022, la Russie déclenche une guerre en Ukraine. Les Européens sanctionnent Moscou et tentent de se débarrasser de leur dépendance à l’énergie fossile russe. LE les prix de l’énergie augmententDuralex coûte cher, car la puissance nécessaire à la fabrication des lentilles est importante.

Fabriquer du verre implique, entre autres, de faire fondre de la poudre de silice à au moins 1 200°C, ce qui nécessite une énergie colossale pour alimenter les fours. Les prix du gaz avaient même contraint les fours à l’arrêt dès l’hiver 2022/2023. Un prêt de 15 millions d’euros a permis de relancer la production.

Mais conformément à ce contexte, « de nouvelles difficultés sont apparues » en 2023. Premièrement, leinflation. Surtout les matières premières qui ont suivi la hausse des coûts de production et de transport. Cette inflation a également des effets sur les consommateurs qui perdent du pouvoir d’achat et réduisent donc leurs commandes.

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La réduction du consommation C’est aussi un facteur de fragilisation pour Duralex qui, même s’il doit encore honorer les commandes, n’arrive plus à couvrir ses dépenses.

Par ailleurs, la baisse des commandes est également due à concours international, ce qui réduit la part de marché de Duralex, malgré la qualité du travail du verrier. La concurrence vient de Chine, où des copies moins chères sont produites en plus grande quantité et pénètrent les marchés internationaux et européens.

Dernier clou dans le cercueil de la rentabilité de Duralex : une ordonnance, le 16 mars 2024, de payer le « droits à polluer » émis avant 2021, par le nouveau propriétaire de Duralex. Concrètement, produire du verre est polluant. En contrepartie, Duralex doit donc verser une somme pour compenser cette pollution.

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Même si l’entreprise faisait appel, l’amende atteint plus de 840 000 euros et pourrait atteindre 2 millions d’euros en cas de manquement. Une somme qui n’est pas négligeable dans les moments difficiles.

En attendant de connaître le sort de Duralex vous pouvez toujours retourner aux verres de la cantine pour vérifier votre « âge » ; des chiffres qui correspondent en réalité aux numéros des moules utilisés lors de la fabrication. Ainsi, si les verres sont défectueux, l’entreprise peut identifier rapidement la moisissure en question.

Réaction_politique.png

fiche_duralex_citation.png« Il faut tirer la sonnette d’alarme. Pour produire français et éco-responsable, l’État doit réduire la pression tarifaire qui pèse sur les entreprises très consommatrices d’énergie. Il faut aussi faire appel aux autorités locales pour passer des commandes auprès de Duralex mais aussi auprès d’Arc qui est située dans ma circonscription du Nord. »

Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire général du PCF, cité par L’Humanité.

 
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