Le prix à la pompe sera sans doute plus cher cet été

Le prix à la pompe sera sans doute plus cher cet été
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Une attaque de l’Iran contre Israël aurait normalement dû provoquer une flambée des prix, les commerçants restant très sensibles à l’actualité au Moyen-Orient. D’ailleurs, le baril de Brent a dépassé les 90 dollars pour la première fois depuis près de six mois après le bombardement par Israël du consulat iranien à Damas le 1er avril. Il y a eu un élément de surprise, qui n’est pas le cas cette fois. Les traders savaient que la réponse iranienne (puis la contre-réponse israélienne) serait calibrée de manière à ne pas provoquer une conflagration générale. Cela veut-il dire qu’ils jouent à l’apaisement et que les prix vont rester à de tels niveaux ? Pas vraiment. Tout est réuni pour que le prix du pétrole augmente cet été.

D’un point de vue structurel, le marché est déséquilibré. La demande croissante dans un contexte d’offre restreinte poussera probablement le marché dans une situation déficitaire. Les ruptures d’approvisionnement sont réelles. Le Mexique réduit ses livraisons afin de produire plus d’essence chez lui. Un oléoduc écossais qui fuyait a dû être fermé. Les troubles en Libye perturbent la production ; la guerre au Soudan du Sud pourrait faire de même.

Dans le même temps, les sanctions plus sévères contre la Russie laissent de plus en plus de pétrole bloqué. En mars, les raffineurs indiens, deuxième acheteur de la Russie depuis 2022, ont déclaré qu’ils n’accepteraient plus les pétroliers appartenant à Sovcomflot, la compagnie maritime publique russe, par crainte de représailles occidentales. La plupart des quelque 40 pétroliers soumis aux sanctions américaines depuis octobre n’ont pas chargé de pétrole russe. Le rétablissement des sanctions contre le Venezuela pourrait réduire encore davantage l’offre. Les États-Unis pourraient également décider de mieux contrôler leur embargo sur les ventes de pétrole iranien.

La plus grande rupture d’approvisionnement est délibérée. Il vient de l’OPEP+. En novembre, l’organisation s’est engagée à réduire sa production de 2,2 millions de barils par jour (b/j), soit 2 % de la production mondiale. La plupart des observateurs s’attendaient à ce que les prix augmentant probablement tout au long de 2024, les membres de l’OPEP+ profiteraient de l’occasion pour annuler ces réductions. Au lieu de cela, plusieurs d’entre eux ont annoncé en mars qu’ils les prolongeraient jusqu’à fin juin. La Russie a même annoncé qu’elle augmenterait ses réductions de 471 000 b/j supplémentaires, ramenant la production à 9 millions de b/j contre 10,8 millions de b/j avant la guerre.

L’année dernière, la croissance de l’offre hors cartel a plus que compensé l’augmentation de la demande. Cette année, la production hors OPEP augmentera à nouveau – le Brésil et la Guyane devraient produire des quantités records – mais la croissance ralentira. Les stocks mondiaux de pétrole sont déjà en baisse. Ils diminueront plus rapidement cet été, lorsque les vacanciers américains prendront la route.

Tout cela se produit à un moment où la demande augmente. L’activité manufacturière en Amérique, en Chine et en Europe a recommencé à augmenter, ce qui a conduit l’Agence internationale de l’énergie à prédire que la demande mondiale de pétrole brut augmentera en moyenne de 1,2 million de barils par an. d cette année, contre 900 000 b/j en octobre. D’autres, dont certains grands négociants et l’OPEP, estiment que la croissance de la demande pourrait approcher ou dépasser 2 millions de b/j.

Quelle sera la prochaine évolution du prix du pétrole ? Si l’OPEP+ maintient ses réductions inchangées, le prix du pétrole pourrait atteindre 100 dollars d’ici quelques mois. Mais ce n’est pas le résultat souhaité par le cartel. De nombreux membres, dont l’Arabie saoudite, craignent qu’une hausse rapide des prix du pétrole puisse nuire à la demande. Un brut plus cher rapproche le prix de l’essence américaine, déjà à 3,60 dollars le gallon (3,8 litres), du niveau de 4 dollars. Selon JPMorgan Chase, une augmentation au-delà de ce seuil pourrait réduire la demande d’essence de 200 000 b/j au cours de l’été. L’affaire est en tout cas suivie de près par les banquiers centraux et par Joe Biden, candidat à sa réélection. La question est de savoir si le prix du pétrole est tolérable pour les électeurs américains, qui voient chaque jour les prix de l’essence annoncés en gros chiffres rouges sur le bord des autoroutes.

 
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