ce que contient l’accord qui a permis d’éviter une nouvelle grève

ce que contient l’accord qui a permis d’éviter une nouvelle grève
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Cet accord sur la cessation progressive d’activité avant la retraite permet à la plupart des cheminots de prendre leur retraite plus tôt dans de meilleures conditions financières, tandis que la réforme des retraites impose aux salariés du privé de travailler deux ans supplémentaires pour obtenir une pension complète.

La paix sociale achetée au prix fort ? Alors que les syndicats protestataires de la SNCF menaçaient de faire grève pour les ponts en mai, voire pendant les Jeux olympiques, un accord sur la cessation progressive de l’activité des cheminots était trouvé.

Et il semble très généreux. La preuve? Elle a été validée par les quatre syndicats représentatifs de l’entreprise ferroviaire, même le plus radical (Sud-Rail), chose très rare dans l’histoire de la SNCF.

Mais si le consommateur peut se réjouir que le spectre des grèves s’éloigne, le salarié du privé pourra en même temps remettre en question les mesures accordées aux cheminots, qui semblent contredire la récente réforme des retraites qui leur impose de travailler deux ans supplémentaires. pour bénéficier d’une pension à taux plein.

Que contient cet accord ?

La question de l’arrêt anticipé d’activité, notamment pour les chauffeurs et contrôleurs (capitaines) est au cœur des revendications depuis plusieurs années déjà, l’accord en vigueur datant de 2008 étant jugé obsolète suite aux différentes réformes des retraites adoptées depuis.

En effet, aujourd’hui, l’âge moyen de la retraite d’un salarié de la SNCF est de 59 ans et 7 mois, mais il baisse de plus en plus sous l’effet des différentes réformes. Un scandale pour les syndicats compte tenu de la pénibilité de la plupart des emplois de l’entreprise.

Concrètement, l’accord qui s’appliquera l’année prochaine, prévoit, entre autres, une amélioration du système de retraite anticipée, notamment pour les cheminots ayant occupé des postes d’une pénibilité avérée.

Ces derniers, parmi lesquels figurent les conducteurs, pourront entamer une « cessation anticipée d’activité » 30 mois avant leur départ à la retraite avec 15 mois travaillés rémunérés à 100 % et 15 mois non travaillés rémunérés à 75 % avec une cotisation complémentaire de l’entreprise. vous permettant de ne perdre aucun quart.

Pour les contrôleurs, le dispositif est encore plus avantageux avec un arrêt d’activité étalé sur 36 mois dont 18 mois non travaillés rémunérés à 75 %.

D’autres dispositions de l’accord incluent le travail à temps partiel de fin de carrière, rémunéré 10 % de plus que le temps effectivement travaillé. La direction a également proposé la création d’un niveau d’ancienneté supplémentaire pour améliorer la rémunération des cheminots en fin de carrière. Le dispositif s’applique à condition d’avoir au moins 15 ans d’expérience dans l’entreprise.

Une victoire des syndicats sur deux plans

Le rapport de force est aujourd’hui clairement du côté des syndicats, notamment en raison de la perspective des JO et suite aux récentes grèves massives qui ont causé beaucoup de dégâts. La direction de la SNCF devait obtenir la paix sociale, coûte que coûte.

C’est aussi une victoire contre le gouvernement qui a péniblement fait passer sa réforme des retraites. L’accord permet “de compenser en partie les effets néfastes de la réforme des retraites”, se félicite auprès de l’AFP le secrétaire fédéral de SUD-Rail, Erik Meyer.

« Ils (les cheminots, NDLR) se sont massivement mobilisés contre cette réforme. Ils ont ainsi contraint le gouvernement à ordonner aux employeurs d’ouvrir des négociations sur la fin de leur carrière”, ajoute la CGT Cheminots, qui parle de “victoire”.

Un scandale pour l’opposition

La signature de cet accord apparaît comme une forme d’injustice à l’égard des biens privés et publics touchés par la réforme des retraites, même si les difficultés spécifiques et avérées de nombreux cheminots (horaires décalés, nuits, travail le week-end, pendant les vacances) , absence du domicile, responsabilités, etc.) doivent être pris en compte.

Mais pour l’opposition, il s’agit clairement d’un privilège de catégorie accordé aux cheminots, alors que la réforme des retraites visait aussi à liquider les fameux régimes spéciaux et à faire des économies.

« A défaut d’avoir instauré une culture de dialogue social avec les syndicats, le gouvernement cède sur tout. Dans le cas de la SNCF, cela remet en cause les efforts de la dernière réforme des retraites”, estime Jean-François Husson, rapporteur du budget au Sénat (LR).

« C’est un résultat lamentable », tonne Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs LR. «C’est un accord qui défait consciencieusement les acquis de la réforme des retraites. Cela envoie un très mauvais signal. Celle qui consiste à dire qu’on peut partir, être payé pour ne rien faire dans une entreprise publique sous l’autorité de l’Etat”, poursuit-il.

La droite pointe aussi le coût de cette mesure. « Cela s’élèvera à plusieurs dizaines de millions d’euros : un coût que la SNCF supportera et qui se répercutera sur le coût du train. Il ne faudrait pas s’étonner si, aujourd’hui, les billets de train sont chers », estime Bruno Retailleau.

Pour la Fondation Ifrap, « cC’est un contournement de la réforme des retraites qui devait s’appliquer à la SNCF. Une concession pour la paix sociale pendant les vacances de mai et les JO payée sur le dos des Français. La France aurait tout intérêt à demander des compensations aux syndicalistes, comme l’interdiction des préavis de grève illimités, voire un service minimum obligatoire pendant certaines périodes de l’année.

Pour la gestion, un investissement

Au contraire, pour la direction de la SNCF en général et son PDG, Jean-Pierre Farandou en particulier (qui participe également à son renouvellement à la tête de l’entreprise), cette signature prouve que sa nouvelle méthode de dialogue social est fonctionnement.

“Ce lundi 22 avril, nous avons démontré collectivement que cette culture du compromis peut être une réalité à la SNCF, que le dialogue social apporte de nouveaux droits pour tous”, explique-t-il.

Traduction : en discutant, les syndicats obtiennent des mesures, en faisant grève avant même de négocier, les marges de manœuvre seront réduites.

Au lieu de parler de coûts, Jean-Pierre Farandou met en avant les bénéfices à long terme d’un tel accord : moins d’absentéisme, plus d’engagement. Il rappelle que « l’absentéisme reste dépendant du cadre de travail et de la difficulté vécue ».

Cet accord peut aussi constituer un argument pour un recrutement de jeunes (point délicat à la SNCF) refroidi par la disparition des avantages liés au recrutement par statut.

Enfin, comme le rappellent nos confrères de « Ville, Rail et Transports », la signature de cet accord ne préfigure en rien son utilisation effective par les cheminots. La cessation progressive d’activité de l’accord de 2008 n’a été utilisée que par environ 12 % des cheminots.

D’ailleurs, l’accord “ne me choque pas”, estime François Delétraz, le nouveau président de la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports).

« Cela réduit les conflits, et pour ces métiers difficiles, la SNCF a des problèmes de recrutement. Son intérêt est que les gens travaillent un peu plus, qu’ils travaillent 18 mois de plus quitte à être payés 18 mois en retard pour prendre leur retraite lentement à cause de la difficulté du métier.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Affaires

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