Au Royaume-Uni, un aller simple vers le Rwanda pour les migrants illégaux

Au Royaume-Uni, un aller simple vers le Rwanda pour les migrants illégaux
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Quelle est la nouvelle loi britannique sur le Rwanda ?

Adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali, le texte de loi, intitulé « sécurité du Rwanda (asile et immigration) », adopté au Parlement britannique dans la nuit du 22 au 23 avril, vise à répondre aux conclusions du Cour suprême, qui a jugé illégal le projet initial en novembre dernier. Il permet au gouvernement de clarifier le traité négocié avec le Rwanda, d’envoyer les demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni vers ce pays africain des Grands Lacs après le 1euh Janvier 2022. Leur dossier sera étudié au Rwanda où ils resteront le temps de l’examen de leur candidature mais, et c’est la nouveauté de ce texte, quelle qu’en soit l’issue, ils ne pourront pas rentrer au Royaume-Uni. Le 15 novembre 2023, la Cour suprême britannique a déclaré ce projet illégal en raison des risques encourus par les demandeurs d’asile au Rwanda et de la possibilité qu’ils soient renvoyés vers un autre pays par les autorités locales.

Concrètement, la nouvelle loi prévoit que « tout décideur » – qu’il s’agisse d’un ministre, d’un agent d’immigration ou d’une cour ou d’un tribunal révisant les décisions d’asile – « doit considérer le Rwanda comme un pays sûr » concernant la protection des réfugiés et des demandeurs d’asile. Il garantit également la primauté du Parlement britannique sur les tribunaux étrangers. Les recours légaux pour bloquer son application fondés sur le droit international ne seront pas pris en compte, ni la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, ni la Convention de 1949 pour la répression de la traite des êtres humains, ni la Convention de l’Union européenne des droits de l’homme. La version finale du traité avec le Rwanda garantit également que les demandeurs d’asile se verront accorder la résidence permanente dans ce pays, s’ils le souhaitent, sans bénéficier du statut de réfugié. Le statut de résident leur permettra d’obtenir un logement et « un soutien adéquat » (sans plus de détails). Si le migrant ne souhaite pas rester au Rwanda, il est libre de quitter le pays, ajoute la nouvelle loi.

Des recours légaux sont-ils possibles ?

Le Premier ministre Rishi Sunak a indiqué lundi 22 avril que la loi entrerait en vigueur dès que la deuxième version du traité entre le Royaume-Uni et le Rwanda serait ratifiée, c’est-à-dire en ” les jours suivants “. Une seule possibilité de recours sera acceptée : si le demandeur d’asile « court un risque réel, imminent et prévisible de subir un préjudice grave et irréversible » en étant envoyé au Rwanda. Toutefois, des ONG ont déjà indiqué qu’elles soutiendraient les demandeurs d’asile dans leurs recours, le Royaume-Uni ne pouvant pas rejeter ses obligations internationales en adoptant simplement une loi.

Afin de se donner une petite marge de manœuvre, Rishi Sunak a promis que « le premier vol partira pour le Rwanda dans dix à douze semaines ». Ce délai vise à garantir que tous les obstacles ont été supprimés. Deux cents salariés ont été formés à la gestion des recours judiciaires, 25 salles d’audience et 150 juges ont été identifiés pour étudier ces recours, et 500 personnes ont été formées pour accompagner les demandeurs d’asile au Rwanda. Le chef du gouvernement envisage la création de“un rythme régulier de plusieurs vols par mois, pendant l’été et au-delà, jusqu’à ce que les bateaux cessent d’arriver.”

Cette loi peut-elle vraiment dissuader les migrants ?

Lors de son arrivée au pouvoir en novembre 2022, le leader conservateur s’est fixé cinq objectifs politiques, dont “pour arrêter les petits bateaux” venus des côtes françaises. Il n’a pas réussi. Lundi, il a de nouveau accusé le Parti travailliste et la Convention européenne des droits de l’homme, qu’il a menacé de quitter, de bloquer son activité. Même si le principal obstacle venait en réalité de la Cour suprême britannique.

Si Rishi Sunak estime que cette législation et le décollage des vols vers le Rwanda constituent un pas en avant important, il a admis que “le succès ne sera au rendez-vous que lorsque les bateaux cesseront d’arriver”. Il faudra donc que la possibilité d’être renvoyé au Rwanda soit suffisamment dissuasive pour que les migrants considèrent que la traversée de la Manche est trop risquée. Pour l’instant, cela n’a pas été le cas : 6 264 personnes sont arrivées par bateau depuis le 1euh janvier 2024 et 29 437 en 2023, selon les statistiques du ministère de l’Intérieur. Selon les mêmes statistiques, les nationalités les plus représentées dans les arrivées par “petits bateaux” concernent plutôt des pays en proie à des problèmes politiques. En 2023, les Afghans représentaient 20 % des arrivées, devant les Iraniens (13 %), les Turcs (11 %), les Érythréens (9 %) et les Irakiens (9 %). Ceci explique un taux de protection assez élevé pour les demandeurs d’asile (59 % entre 2017 et 2019). Au Royaume-Uni comme ailleurs, les migrants fuient une vie difficile dans l’espoir d’en trouver une meilleure.

Rishi Sunak peut-il espérer bénéficier électoralement de cette loi ?

Sur le plan politique, une baisse notable des arrivées de migrants n’améliorerait que légèrement ses chances de se maintenir au pouvoir à l’issue des prochaines élections législatives, qui auront lieu avant fin janvier 2025. Le dernier sondage de l’institut britannique YouGov sur les intentions de vote, publié les 16 et 17 avril, donne au Parti conservateur 21 %. Loin derrière le Parti Travailliste, à 44%. Cela fait plus de 20 points de différence.

 
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