Nouveau patron et nouvelle ère pour le groupe M6 : David Larramendy, 50 ans, a été officiellement nommé mardi président du directoire et succède à l’emblématique Nicolas de Tavernost, aux commandes depuis 37 ans.
M. de Tavernost, 73 ans, dirige M6 depuis sa création en mars 1987, d’abord comme adjoint du premier PDG Jean Drucker puis comme patron depuis 2000. Le groupe possède notamment la chaîne de télévision du même nom et la radio RTL.
Annoncée le 13 février, la nomination de son successeur a été ratifiée mardi par le conseil de surveillance, à l’issue de l’assemblée générale, a indiqué le groupe dans son communiqué sur ses résultats du premier trimestre.
Tout en saluant une “bonne transition”, M. de Tavernost a avoué un “petit pincement au cœur” mardi matin sur RTL, la radio interne pour laquelle il avait réservé sa dernière prise de parole publique en tant que numéro 1.
Le groupe M6, dont l’actionnaire principal est le géant allemand Bertelsmann, comprend quatre chaînes de télévision gratuites (M6, W9, 6ter, Gulli), neuf chaînes payantes (dont Paris Première et Téva), trois radios (RTL, RTL2, Fun Radio) et des sociétés de production (comme SND pour le cinéma).
Rentable
M. Larramendy dirige la régie publicitaire du groupe depuis fin 2014.
Parisien attaché à ses racines basques, il rejoint M6 en 2008, après avoir notamment travaillé pour le site marchand MisterGoodDeal au début des années 2000 puis pour la banque d’affaires Goldman Sachs à Londres.
Marié à une spécialiste d’art brésilienne et père de deux filles, il possède une double formation d’ingénieur et de financier, à Supélec puis à la prestigieuse école américaine Wharton.
Son principal enjeu sera de faire entrer le groupe M6 dans le secteur audiovisuel de demain, alors que les jeunes se détournent de la télévision traditionnelle au profit des réseaux sociaux et des plateformes comme Netflix.
Fort d’émissions à succès comme “Top Chef”, “L’amour est dans le pré” ou la dernière-née “Le Juste Prix”, M6 va accélérer sur la télévision à la demande en lançant en mai sa nouvelle plateforme de streaming gratuit, M6+, qui remplacera l’actuel, 6Play.
Face à ces enjeux, le groupe peut s’appuyer sur sa capacité à gagner de l’argent. C’est le plus rentable du paysage audiovisuel français, avec une marge de 22,9% en 2023.
Sur l’ensemble de l’année dernière, son bénéfice net s’est élevé à 234 millions d’euros et son chiffre d’affaires à 1,3 milliard, dont 1 milliard provenant des recettes publicitaires.
Streaming coûteux
“Rien n’indique qu’en 2025 ou 2026, nous aurons un taux de marge de même nature”, prévenait début février Nicolas de Tavernost devant la commission d’enquête parlementaire sur la TNT (télévision numérique terrestre).
“Nous allons faire des investissements très importants dans le streaming, ce qui aura certainement des conséquences sur la marge pendant une certaine période”, a-t-il expliqué.
Par ailleurs, au premier trimestre 2024, le résultat opérationnel courant (EBITA) du groupe recule de 2,6%, à 57,9 millions d’euros, “en raison d’une augmentation des investissements prévus dans le cadre du plan streaming”, a souligné M6 dans son communiqué de résultats. .
Sur la même période, le groupe a réalisé 322,3 millions d’euros de chiffre d’affaires (+3,0% par rapport à l’année précédente).
Avec ses cheveux en bataille, ses yeux bleu glacier et son esprit vif, M. de Tavernost avait l’image d’un leader pour qui chaque centime économisé est un centime gagné.
Ironiquement, son dernier coup d’éclat a été de rafler à TF1 les droits des Coupes du monde de football 2026 et 2030.
Sur RTL, il est resté évasif sur son avenir, indiquant qu’il “continuerait à travailler dans d’autres activités”, notamment dans le groupe événementiel GL Events.
Au poste de directeur général de M6 Publicité, David Larramendy est remplacé par Hortense Thomine-Desmazures, qui était jusqu’alors directrice générale adjointe en charge du numérique, de l’innovation et du marketing.
