Pourquoi Hérodote croyait-il que les femmes des steppes d’Asie centrale étaient des « Amazones » ? – .

Pourquoi Hérodote croyait-il que les femmes des steppes d’Asie centrale étaient des « Amazones » ? – .
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Au passage de son Histoires où il raconte la guerre qui opposa, vers 513 avant JC, les Scythes et les Perses de Darius Ier, Hérodote évoque les Sauromates, peuple que les Romains nommeront plus tard les Sarmates. Ces cavaliers nomades, qui s’étaient alliés aux Scythes pour résister à l’invasion perse, vivaient à l’origine dans les steppes entre le Don et la mer Noire, ce qui les mettait en contact avec les Grecs.

Les « meurtriers d’hommes »

Si l’on en croit Hérodote, les Sauromata étaient les descendants d’unions entre des hommes et des femmes scythes que la langue locale qualifiait de « meurtriers d’hommes ». Hérodote insiste sur la place importante qu’ils occupaient dans leur communauté et la nouveauté de leur rôle au sein d’une société de bergers nomades, également chasseurs et guerriers. « Les femmes des Sauromates mènent le genre de vie de leurs anciens ancêtres : elles vont à la chasse à cheval, avec et sans leurs maris ; ils partent en guerre ; ils portent les mêmes vêtements que les hommes (…) Aucune fille ne se marie avant d’avoir tué un ennemi ; il y en a qui meurent, et meurent vieux, avant d’être mariés, faute de pouvoir satisfaire à cette loi.

Si l’on en croit le récit de l’historien grec, les femmes Sauromata – du moins celles appartenant à l’aristocratie – auraient donc partagé les tâches et probablement les droits des hommes, sans doute parce que leurs activités s’exerçaient principalement en dehors du foyer.

Les spécialistes de l’histoire ancienne de l’Asie centrale s’interrogent sur la crédibilité que l’on pouvait accorder à ce type de témoignage. Les recherches menées après la Seconde Guerre mondiale, principalement par des archéologues soviétiques, ont considérablement enrichi nos connaissances sur les peuples nomades qui parcouraient, dans l’Antiquité, la steppe eurasienne depuis Pontide jusqu’aux confins du monde chinois.

Rôle central dans la vie économique, sociale, religieuse et politique

Ils purent ainsi confirmer ce que la linguistique avait déjà établi, concernant l’origine commune de ces différents peuples. Les riches meubles découverts dans les tombes des nomades vivant en Europe de l’Est, en Sibérie méridionale et en Asie centrale prouvent qu’ils ont adopté des coutumes, des croyances et un mode de vie communs. Tous les témoignages écrits et figuratifs recueillis convergent également pour souligner le rôle central que jouaient les femmes dans la vie économique, sociale, religieuse et parfois politique de ce monde nomade.

Les fouilles des tombeaux où étaient enterrées les femmes de rang princier, richement décorées et équipées d’armes, ont également confirmé ce lieu éminent pour les VIe et Ve siècles avant JC. ANNONCE.

Statut social élevé

On peut donc émettre l’hypothèse que, sous ses allures de fable et son parti pris exotique, le témoignage d’Hérodote est une confirmation écrite du statut social élevé qu’occupaient les épouses de certaines nomades dans l’Antiquité. Au XIXe siècle, des ethnographes russes rapportaient encore l’existence, dans ces steppes pontiques, d’expéditions de guerriers à cheval auxquelles participaient des femmes. C’étaient même eux qui, parfois, les commandaient.

Bibliographie

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