« Les salaires doivent augmenter pour compenser la perte de pouvoir d’achat »

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Vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), Luis de Guindos, à Francfort (Allemagne), le 4 mai 2023. ANDRÉ DOULEUR / AFP

Luis de Guindos, vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), salue le processus de désinflation en cours et prévoit une première baisse des taux d’intérêt lors de la réunion de l’institution à Francfort jeudi 6 juin. Il s’inquiète cependant d’un risque de une tempête financière venant des États-Unis, où l’inflation reste à un niveau plus élevé, empêchant la Réserve fédérale (Fed) de réduire ses taux.

En mars, l’inflation dans la zone euro était de 2,4%, proche de votre objectif de 2%. La bataille contre l’inflation est-elle gagnée ?

Ce n’est pas fini, mais nous avons enregistré plusieurs victoires importantes sur la voie de la désinflation. Nous sommes passés d’une inflation de 10 % à 2,4 %. Inflation sous-jacente [hors énergie et alimentaire] est également en baisse et se situe désormais à moins de 3 %. Tous les indicateurs évoluent dans la bonne direction. Nous n’en sommes pas encore là, mais nous y sommes presque. Nous pensons que d’ici 2025, nous atteindrons notre objectif de 2 %.

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Au-delà des risques géopolitiques, le principal danger restant vient de l’inflation dans le secteur des services, alimentée principalement par les salaires. Mais là aussi, on constate un affaiblissement évident de la dynamique : les salaires ont augmenté de plus de 5% en rythme annuel il y a quelques trimestres, alors qu’ils n’ont augmenté que d’un peu plus de 4% au dernier trimestre 2023.

Pourquoi, en se concentrant sur les salaires, c’est toujours aux salariés d’en payer les conséquences ? Votre collègue au directoire de la BCE, Piero Cipollone, a récemment souligné qu’il fallait rattraper la perte de pouvoir d’achat…

Les salaires doivent augmenter pour compenser la perte de pouvoir d’achat, mais cela doit s’accompagner d’une amélioration de la productivité. Or, tel n’est pas le cas, qu’il s’agisse de la productivité par personne occupée ou par heure travaillée. En conséquence, les coûts unitaires de main-d’œuvre continuent d’augmenter. Cependant, je pense que nous allons dans la bonne direction et que les gains de productivité sont proches.

Cela signifie-t-il qu’une baisse des taux d’intérêt en juin est une quasi-certitude ?

Nous avons été très clairs : si les choses évoluent dans le même sens que ces dernières semaines, nous réduirons le caractère restrictif de notre politique monétaire en juin. Comme on dit en français, sauf surprise d’ici là, c’est un « fait accompli ».

À quelle vitesse la BCE pourra-t-elle réduire ses taux d’intérêt après cela ?

Cela dépendra de l’évolution des données, de la situation géopolitique, de l’effet potentiel sur le prix du pétrole par exemple. Il faudra également surveiller l’évolution des salaires et de la productivité. Il faudra aussi tenir compte de ce qui se passe aux États-Unis, où l’inflation est plus élevée. Le niveau d’incertitude est tel qu’il est très difficile de se prononcer. Je vous ai parlé du mois de juin. Au-delà de ça, je préfère être très prudent.

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