Procès, mausolée pharaonique… Ce que vous ne saviez (peut-être) pas sur Constantin Brancusi

Né en Roumanie, Constantin Brancusi (1876-1957) a conservé tout au long de sa vie l’empreinte du milieu rural dans lequel il a grandi. Son sensibilité accrue à l’artisanat est à l’origine de sa destinée de sculpteur. Arrivé à Paris en 1904 pour se former auprès des plus grands, il quitte l’atelier de Rodin trois ans plus tard car « rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ».

Brancusi travaille sans relâche, sculptant des sculptures mais aussi leurs socles et meubles, polissant les marbres et les bronzes qu’il entasse et photographiant dans son Atelier Impasse Ronsinqui devient dans les années 1920 un lieu de pèlerinage pour les plus grands noms de la sculpture comme Isamu Noguchi, Barbara Hepworth ou Marta Pan… Et se situe reconstitué au Centre Pompidou.

1. Il a quitté la maison à onze ans !

Brancusi en tenue de voyage1904

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Coll. Centre Pompidou, MNAM, Paris • © GrandPalais Rmn

À partir de 1884, Constantin Brancusi est apprenti chez un tonnelier, mais à l’âge de onze ans, il fuit la maison de ses parents à Peștişani ! Il erre en Roumanie, a travaillé chez un pressing puis comme serveur à Craiova pendant plusieurs années. Jeune homme, il joue du violon pendant son temps libre dans une auberge, un client remarque qu’il a fabriqué lui-même son instrument. Il a ensuite encouragé Constantin Brancusi à s’inscrire l’Ecole des Arts et Métiers. En 1898, Brancusi complète sa formation à l’École des Beaux-Arts pour devenir sculpteur. Une vocation qui le conduit à Paris, où il va à pied en 1904 !

2. Une hélice d’avion lui a inspiré l’un de ses grands chefs-d’œuvre

A gauche, « Bird in Space » de Constantin Brancusi, 1941. A droite, Blackburn, Monoplan Type D G-AANI de 1912

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Bronze • 292,7 cm • Coll. centre Pompidou, MNAM, Paris • © Bridgeman Images – © Succession Brancusi – Tous droits réservés (Adagp) 2024. © Peter Lane / Alamy / Hemis

“Je ne voulais pas sculpter un oiseau, je voulais sculpter le vol”, a déclaré Brancusi à propos de L’oiseau dans l’espace. En octobre 1912, le quatrième Salon aéronautique s’ouvre au Grand Palais et parmi les milliers de visiteurs émerveillés par le chefs-d’œuvre de la technologie, passe un trio d’artistes : Fernand Léger, Marcel Duchamp et Constantin Brancusi. Duchamp s’exclame : « C’est fini, la peinture ! Qui, désormais, peut faire mieux que cette hélice ? » Il consulte Léger et demande à Brancusi s’il serait capable de faire aussi bien. Il faut noter que le sculpteur a relevé le défi !

3. Il était au cœur d’une incroyable affaire judiciaire

Article dans L’Intransigeant8 janvier 1929

C’est encore Duchamp qui est présent quand L’oiseau arrive à New York, pour une exposition en 1926. Le bronze de 1,35 mètre de haut a été déclaré œuvre d’art par Brancusi, ce qui implique des taxes bien inférieures à celles d’un objet manufacturé, mais les douaniers américains ne le voient pas de cet oeil : « Cet objet ne ressemble pas à une sculpture. » L’affaire, portée devant la justice, se transforme en véritable essai d’art moderne. Enfin, le sculpteur a gagné sa cause en 1928, selon le verdict du juge : « Que nous soyons ou non sympathiques à ces idées d’avant-garde et aux Écoles qui les incarnent, nous pensons que leur existence et leur influence sur le monde de l’art sont des faits que les tribunaux reconnaissent et doivent prendre en compte. en compte. »

4. Il a photographié lui-même ses sculptures

Constantin Brancusi, Vue d'atelier : Princesse X (1915-1916), Colonne du Baiser (1916-1917)Constantin Brancusi, Vue d'atelier : Princesse X (1915-1916), Colonne du Baiser (1916-1917)

Constantin Brancusi, Vue d’atelier : Princesse X (1915-1916), Colonne du baiser (1916-1917)vers 1921

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Épreuve à la gélatine argentique • 23 × 17,1 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM, Paris • © GrandPalais Rmn / © Succession Brancusi – Tous droits réservés (Adagp) 2024

Si Rodin aimait voir ses sculptures à travers l’objectif d’Edward Steichen et de Jean Limet, Brancusi trouvait toujours qu’un autre œil trahissait son œuvre. À partir de 1914, il décide d’être leur seul photographe. Le sculpteur acquiert un véritable savoir-faire et se fait conseiller par Man Ray pour l’achat de matériel professionnel en 1920. Les photographies de Brancusi ne sont pas un simple catalogue mais un ensemble d’œuvres autonomes dans lequel il donne une nouvelle vie à sa sculpture par la lumière.

5. Il avait un projet de mausolée pharaonique pour l’épouse du Maharaja d’Indore

Constantin Brancusi, Plan du Temple de la Devivrance à Indore : localisation des Oiseaux dans l'espaceConstantin Brancusi, Plan du Temple de la Devivrance à Indore : localisation des Oiseaux dans l'espace

Constantin Brancusi, Plan du Temple de la Devivrance à Indore : localisation des Oiseaux dans l’espace1936

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Dessin au crayon • 21,2 × 26,6 cm • Coll. Centre Pompidou, MNAM, Paris • © GrandPalais Rmn – Jean-Claude Planchet / © Succession Brancusi – Tous droits réservés (Adagp) 2024

En 1934le Maharaja d’Indore Yeshwan Rao Holkar visite l’atelier de Brancusi et, séduit, souhaite commander un mausolée pour le maharani récemment décédé. Le projet devait comprendre trois Oiseaux dans l’espace : une en marbre noir, une autre en marbre blanc et la dernière en bronze poli, dans un rotonde fermée avec un jet d’eau et une petite ouverture dans le plafond pour laisser entrer la lumière naturelle. L’idée était suffisamment avancée pour qu’un contrat d’acquisition soit signé et que le sculpteur parte en Inde en décembre 1937. Mais, l’année suivante, le maharadjah couper court à toute correspondance pour une raison inconnue, alors que le sculpteur est en train de créer l’ensemble monumental de Târgu Jîu.

6. Son atelier a été conservé… mais déplacé trois fois !

Reconstitution de l'atelier de Brancusi, Impasse RonsinReconstitution de l'atelier de Brancusi, Impasse Ronsin

Reconstitution de l’atelier de Brancusi, Impasse Ronsin

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© Succession Brancusi – Tous droits réservés (Adagp) 2024 / © Scala

En 1956, un an avant sa mort, Brancusi lègue à l’État l’intégralité de son fonds d’atelier, à condition qu’il soit reconstitué tel qu’il était à son décès. Il a donc été décidé de créer un premier espace atelier à musée national d’art moderne, très critiqué, qui siégea jusqu’en 1977 au Palais de Tokyo. Puis le premier directeur du Centre Pompidou, Pontus Hulten, eut un bâtiment en tôle fidèle à l’esprit de l’Impasse Ronsin. Finalement, en 1997, une version définitive, respectant les normes architecturales et muséales (mais parfois jugée plus froide), fut conçu par Renzo Piano, toujours sur la place. Actuellement fermé, cet espace a été partiellement transféré dans les salles de l’exposition temporaire « Brancusi », visible jusqu’au 1euh Juillet.

Du 27 mars 2024 au 1er juillet 2024
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Centre Georges Pompidou • Place Georges Pompidou • 75004 Paris
www.centrepompidou.fr

 
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