pourquoi la nouvelle série Netflix est un choc

pourquoi la nouvelle série Netflix est un choc
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Cette odyssée intime sur le harcèlement et le viol subis par un homme bouleverse et approfondit de manière inédite le stéréotype de la « bonne victime ». Une série, signée Richard Gadd, qu’on n’oubliera pas de sitôt.

Après Sac à puces Et Je peux te détruire, qui a porté le récit à la première personne à un point de sophistication et de crudité jamais atteint auparavant dans la série, le Royaume- offre une nouvelle sensation à découvrir de toute urgence. Même si Mon petit renne (Bébé renne en VO) s’inscrit dans cette lignée où l’intimité turbulente sert de base à la fiction, la création du jeune écossais Richard Gadd (bientôt 35 ans) frappe par son originalité, son absence totale de concessions à l’esprit feel good, son manière de mettre en scène une épopée personnelle sidérante, les doigts dans les blessures. Depuis Mon petit renne, il y a le harcèlement vécu par l’auteur au cours de sa vingtaine, lorsqu’une jeune femme déjà condamnée pour des faits similaires jette son dévolu sur lui, un garçon fragile, empathique et perdu. Pendant plusieurs années, elle lui a envoyé des centaines de messages, l’a suivi à son travail, devant sa maison, l’agressant à plusieurs reprises.

Gadd ne cache pas que le personnage central de Mon petit renne, Donny Dunn représente une version fictive de lui-même – il joue réellement le rôle. A l’origine, il y a un tête-à-tête qu’il a présenté en 2019 au Edinburgh Fringe Festival, comme Sac à puces à son époque. Mais à aucun moment la série n’a recours au chantage réel. Il s’agit plutôt de travailler l’histoire en creusant en soi, pour en découvrir plusieurs couches, dont aucune n’est anodine.

Douceur fondamentale

La série dépasse le cas déjà grave de harcèlement pour montrer son héros dans plusieurs états, résolument incapable d’aimer sa petite amie trans et, de façon frappante, comme magnétisé par ceux qui lui ont fait du mal. C’est la grandeur de ces sept épisodes de ne jamais détourner le regard, la partie la plus éprouvante étant la relation de Donny (qui s’identifie comme bisexuel) avec un scénariste vétéran cédant à son ego de jeune écrivain et de stand-up en quête de soutien et de validation. L’homme finit par déployer son influence psychique et physique. Drogué, violé, Donny devient une ombre, qui Mon petit renne montre avec un goût pour une image presque atonale, dans un monochrome de noir, de gris et de bronze qui donne l’impression que tout cela a l’obscurité d’un cauchemar.

Malgré la dureté de la série, on ressent aussi une douceur fondamentale. Parce qu’ici, rien n’est poubelle pour le plaisir. les personnages sont regardés avec une frontalité qui ne les réduit jamais au cliché, y compris le harceleur de Donny, une jeune femme obèse dont la violence n’est jamais excusée, mais ressentie par sa victime comme une forme de lien, un mystère. percer. De ce point de vue, Mon petit renne va très loin dans une réflexion sur la réalité et le statut de victime. Donny met beaucoup de temps à porter plainte puis pour se faire entendre, il relance ses agresseurs comme on met une pièce de monnaie dans une machine, coincé dans une haine de soi qu’il ne parvient que par intermittence à transformer en création.

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise victime, nous explique Mon petit renne avec un équilibre et une profondeur incomparables. Il n’y a que des situations, des trajectoires, des schémas que l’on est plus ou moins capable d’apprivoiser, de comprendre. Les éviter s’avère parfois impossible. La justice peut venir nous sortir de là, ou pas. Quoi qu’il arrive, se retrouver « seul avec soi-même » peut encourager le pire. Cette série donne la sensation la plus concrète possible, qu’on n’oubliera pas de sitôt.

 
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