Même dans une capitale cosmopolite, la question de l’intégration des personnes d’origine étrangère ne peut se limiter à une opposition stérile entre gauche et droite. Ce serait totalement irresponsable. Car les enjeux sont importants, en premier lieu pour les personnes concernées. Pour vivre ensemble, ou pour nous tous, donc.
A Bruxelles, plusieurs députés socialistes ont déposé un texte au Parlement en vue de permettre à une personne passant l’examen du permis de conduire d’être accompagnée par un interprète. L’examen ne se passerait donc plus nécessairement dans l’une des 3 langues nationales. Le MR accuse le PS de communautarisme électoral. En contrepartie, le PS accuse le MR de flirter avec l’extrême droite, rien que ça.
“Le MR flirte avec l’extrême droite” : le PS bruxellois réagit aux attaques du MR sur le projet d’examen du permis de conduire traduit en 8 langues
Profitons de cette polémique sur les réseaux sociaux pour évoquer une question fondamentale concernant l’immigration. Le manque d’intégration et le manque de maîtrise du néerlandais sont devenus des moteurs du Vlaams Belang dans la campagne flamande. Imposer un parcours d’intégration et encourager l’apprentissage d’une des trois langues nationales n’est pas excessif. Au contraire, il aide ces familles immigrées à s’intégrer sereinement dans la société, à se sentir chez elles en leur permettant de se faire comprendre, d’interagir avec leurs voisins de palier, de soutenir l’éducation de leurs enfants, de trouver un emploi, de décrire présenter leurs symptômes à un médecin et se défendre contre l’injustice ou d’autres formes de stigmatisation. La maîtrise du langage ne se limite pas aux mots, elle abat les murs et les frontières. Parler une langue commune évite la confusion et atténue le rejet et la violence, car cela ouvre la porte à la bienveillance. Bien ancré à gauche, le linguiste américain Noam Chomsky affirme qu’il constitue « une culture et l’unification d’une communauté ».
La pédiatre Françoise Dolto ajoute que c’est dans la communication qu’il est possible d’imaginer « l’épanouissement de chacun dans le respect des différences ». La maîtrise d’une langue est un atout collectif à valoriser, et à ne pas contourner au moindre obstacle…
