« Nul doute que les semaines et les mois à venir seront difficiles sur le front »

« Nul doute que les semaines et les mois à venir seront difficiles sur le front »
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»Si le Congrès n’aide pas l’Ukraine, l’Ukraine perdra la guerre» a lancé le président Volodymyr Zelensky le 7 avril. Le plan de 60,8 milliards de dollars approuvé samedi à Washington par la Chambre des représentants américaine arrive donc à point nommé, au moment même où Moscou passait à la vitesse supérieure, tant en première ligne qu’en en ciblant brutalement les infrastructures ukrainiennes.

Les frappes russes visant mercredi dernier la ville de Tchernihiv, dans le nord du pays, ne sont ni récentes ni inhabituelles.» commente Michael Gjerstad, analyste à l’Institut international d’études stratégiques. “C’est le cas partout au pays. En revanche, le fait que ces villes soient durement touchées est une conséquence directe de l’affaiblissement de la défense aérienne de l’Ukraine et de son manque de missiles sol-air. Faute d’équipements suffisants, les autorités ukrainiennes ont été contraintes de faire des choix.»

Les frappes sur les infrastructures ont-elles encore plus d’impact que les combats au front ?

Si l’on analyse ce type de situation à travers l’histoire, on constate que le fait de cibler des infrastructures civiles exerce une pression terrible sur un pays et affecte brutalement le moral de la population, mais cela n’entraîne pas directement une défaite militaire. En d’autres termes, cela ne conduit pas à l’effondrement. L’élément qui reste absolument essentiel est le moral des troupes au front. Si les soldats perdent espoir, parce qu’ils ont le sentiment d’être dépassés quoi qu’il arrive par les moyens de l’ennemi, alors les risques sont plus grands.

«L’hypothèse d’une victoire absolue de Poutine devient probable. Les troupes russes pourraient être à Kiev en septembre»

L’Europe est-elle trop lente et trop timide dans son soutien militaire ?

Les défis de l’Europe sont toujours les mêmes : promouvoir une action commune et coordonnée prend du temps. En ce qui concerne le soutien national, les capacités de production industrielle militaire – comme celles de missiles sol-air par exemple – restent trop faibles, même si elles ont progressé. Nous menons donc des débats souvent en décalage avec ce qui se passe sur le terrain. Nous nous demandons constamment comment augmenter la production de munitions ou de moyens de défense. Résultat, nous arrivons toujours avec six mois à un an de retard. Toute la difficulté de cette situation est de définir où en sera la guerre dans un an et quels seront les besoins spécifiques des Ukrainiens. Cependant, en 2023, nous étions beaucoup plus optimistes quant aux chances de résistance de Kiev. Les Russes ont compris beaucoup plus vite quelle était la nature du conflit et s’adaptent vite aujourd’hui, alors que nous peinons à anticiper la trajectoire de cette guerre.

Si les États-Unis n’avaient pas approuvé leur plan d’aide, le point de non-retour risquait-il d’être franchi ?

Tout dépend de ce que vous entendez par là. Les Ukrainiens se trouvent en effet dans une situation difficile et doivent prendre un certain nombre de décisions difficiles. Sans l’aide américaine, la ligne de front aurait avancé en faveur des troupes russes et d’autres villes auraient été attaquées. Mais nous ne parlons pas d’un point de non-retour. La question qui se pose désormais concerne principalement les conditions de mise en place d’une nouvelle contre-offensive en 2025 ou 2026. Même avec le soutien militaire américain, ce qui manque le plus à l’Ukraine, ce sont des soldats à envoyer au front. . Les décisions sur la mobilisation (récemment élargies par le parlement ukrainien, NDLR) auraient également dû être prises il y a six mois. Cela n’a pas été possible pour des raisons politiques et il est désormais trop tard pour stabiliser la situation. Nul doute que les semaines et mois à venir seront difficiles sur le front.

 
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