Cette violence des mineurs qu’on ne voulait pas voir augmenter

Cette violence des mineurs qu’on ne voulait pas voir augmenter
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LLe professeur d’histoire avait été tabassé par un élève fréquentant la mosquée proche de l’école. Cet adolescent musulman avait appris – ou croyait comprendre – que parler des racines chrétiennes de et de l’histoire des rois et visiter les églises et les châteaux était interdit par le prophète. Le médecin a prescrit 15 jours d’arrêt de travail au professeur. Pour éviter mauvaise publicité, articles de presse et questions des parents, le directeur du collège lui propose plutôt de prendre trois mois d’arrêt maladie… et de se taire ! Cela ne s’est pas produit le mois dernier dans la banlieue d’une grande ville, mais il y a dix-huit ans, dans une petite ville tranquille de Corrèze.

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Un mois plus tôt, les enseignants d’un collège de Seine-Saint-Denis se sont mis en grève après que l’un d’entre eux a été menacé par une bande de jeunes : « On connaît votre voiture. Nous savons où travaille votre femme… » Je suis allé les voir dans leur collège cadenassé. « Ils », répétaient-ils, accablés de tristesse, « ils… » « Mais qui, eux ? Anciens élèves? Amis de vos propres élèves ? Le français ? Des Polonais ? Italiens, Espagnols, Algériens… ? » Réponse effrayée « Oh non ! Si vous nous posez ce genre de question, nous vous expulsons ! »

J’étais resté tout l’après-midi et ça avait été un flot de confidences effarouchées. Bien entendu, je ne pouvais ni les répéter ni indiquer les noms des établissements concernés, pas plus que je ne pouvais citer le centre du Pas-de-Calais où j’avais rencontré des éducateurs spécialisés ou le Lycée du Nord où se présentaient des filles. déjà voilée. Mais malgré cette autocensure, mon article, publié par Le Figaro, a fait scandale. Au point qu’on m’a accusé de m’être converti au FN. Mes propres amis ont été choqués. Je leur ai dit que je n’avais pas écrit la moitié de ce que j’avais vu et entendu… Mais je n’aurais pas dû dire ça ! Je n’aurais jamais dû prendre le risque de remporter une seule voix pour Jean-Marie le Pen…

La contagion de la « rageosphère »

Il a fallu vingt ans, la multiplication des incidents criminels, la baisse dramatique du niveau d’éducation en France et la fuite des enseignants (plusieurs milliers d’entre eux manquaient déjà l’an dernier malgré les augmentations de salaire annoncées) pour que certains d’entre eux et, ce faisant, , directeurs d’école jusqu’à présent bâillonnés, osent enfin décrire le mal. Nous avons alors cru entendre le Lorenzaccio d’Alfred de Musset : « L’humanité a soulevé sa robe et m’a montré… sa nudité monstrueuse. »

Auparavant, de jeunes ou anciens enseignants avaient publié, souvent sous des pseudonymes, des avertissements, voire des appels à l’aide sous les titres Requiem pour l’Éducation Nationale, Confidences d’un jeune professeur, Madame, vous êtes une prof de merde ! Ou Journées tranquilles d’un enseignant de banlieue. Mais cela ne leur vaut qu’un peu de publicité personnelle, des menaces et parfois le rejet de la profession. Des sociologues comme Gérald Bronner (auteur deApocalypse cognitive, PUF, Aujourd’hui 2021) avait alerté sur le temps croissant passé par les jeunes devant les écrans – jusqu’à 6 ou 7 heures par jour avant même l’adolescence ! – et sur l’écart grandissant entre la masse d’informations reçues et la liberté des esprits « qui subissent le charme des écrans et s’abandonnent aux mille visages de la déraison ».

Le professeur de criminologie Alain Bauer, célèbre pour ses interventions à la télévision autant que pour ses travaux (dernière publication Tu ne tueras pas2024, Fayard), avait expliqué la hausse des homicides (un millier en 2023 et même 5 000 si l’on compte les tentatives d’homicide !) par une évolution de ce qu’il nomme dans un entretien à Midi libre la « rageosphère ». La rageosphère ? Créée par les réseaux sociaux, elle va bien au-delà du harcèlement scolaire. L’éminent professeur propose donc la création d’une « identité numérique » associée à l’état civil.

Vive l’autorité ! Mais la peur l’emporte…

Le Premier ministre Gabriel Attal a pris note de toutes ces mises en garde lors de sa brève visite l’année dernière à l’Éducation nationale. C’est là, à partir d’un acte d’autorité très populaire, l’interdiction de la abaya à l’école, qu’il instaure la formule devenue célèbre depuis son discours de Premier ministre à l’Assemblée nationale, fin janvier : « Vous cassez, vous réparez. Tu es sale, tu nettoies. Vous défiez l’autorité, on vous apprend à la respecter. » Là aussi, il commence à prendre conscience de l’ampleur des problèmes. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de quelques milliers d’étudiants qui deviennent dépendants de l’argent facile et de la violence. « Nos adolescents, raconte Caroline C., directrice d’une école des « meilleurs quartiers » de Paris, « ne se rendent même plus compte que leur camarade ne va pas se relever… Quant aux parents, même s’ils travaillent dans métiers dits « favorisés ». », ils sont souvent séparés et absents. En plus, ils ont peur, pour une simple gifle, d’être accusés de maltraitance.» Pour ce réalisateur, Attal a raison.

Mais le président de la République et le gouvernement n’ont pas encore pris conscience de l’immense problème des 800 000 mères célibataires. Je pense à la caissière du supermarché de mon quartier parisien. Elle quitte son travail à 20 heures et ne peut rentrer chez elle en banlieue, au mieux, s’il n’y a pas de grève ou de panne de métro ou de train ce jour-là, jusqu’à environ 21 h 30. Sa fille de 13 ans est, dit-elle, une bonne élève. , travaille très dur. Mais comment être sûr que votre fils de 15 ans ne « traînera pas » ?

Tout reste à faire pour ces parents, qui ne sont pas tous coupables d’irresponsabilité. Tout reste à faire pour rassurer les enseignants. « L’administration de l’Éducation nationale est encore une machine à broyer », constate la directrice d’école parisienne à la veille de sa retraite. Regardez le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris ! Il a dû prendre une retraite anticipée car il a été menacé de mort pour avoir demandé à une étudiante d’enlever son voile ! Après l’assassinat de Samuel Paty il y a trois ans et celui de Dominique Bernard il y a six mois, on aurait pu s’attendre à une mobilisation massive des Français, soutenue par le gouvernement. Mais non. La peur a encore gagné. »

 
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