« Députés, rejetez la loi d’orientation agricole dans son ensemble »

« Députés, rejetez la loi d’orientation agricole dans son ensemble »
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Après environ six mois de retard et de multiples annonces, la loi d’orientation agricole a été présentée mercredi 3 avril en Conseil des ministres. Il sera débattu à l’Assemblée nationale à partir du 13 mai.

Au lendemain des manifestations, le gouvernement a promis une loi d’orientation agricole sociale et écologique, une loi pour les générations à venir. Cependant, ce qui est présenté aujourd’hui vise plutôt à “ libérer et simplifier l’exercice des activités agricoles » que d’envisager le tournant agroécologique tant attendu.

Lire aussi : Projet de loi agricole : peu pour les futurs agriculteurs, beaucoup pour l’agro-industrie

Mais simplifiez pour qui ? Dans le corps du projet de loi, on ne trouve aucun revenu paysan fixe, aucune mesure concrète de transition agro-écologique, aucune assurance d’un renouvellement des générations d’agriculteurs, aucune mesure de régulation foncière. Il s’agit au contraire d’accélérer le rythme de l’agriculture industrielle qui, on le sait, va droit dans le mur.

Ici, “ simplification » ce n’est pas penser à la taille des parcelles, revenir à des outils à taille humaine, cultiver selon nos besoins, limiter les exportations à des milliers de kilomètres. Ici, comme l’évolution récente du droit de l’urbanisme, la simplification se fait au détriment de l’environnement et du droit de recours.

Un soi-disant simplification » au mépris du droit de l’environnement

Article 1euh du projet de loi rappelle que “ l’agriculture, la pêche, l’aquaculture et l’alimentation sont d’un intérêt général majeur »mais de mieux faire passer le droit de produire à grande échelle avant le droit à un environnement sain, le droit au partage de l’eau, à la qualité de l’air et de l’eau, en autorisant des exceptions aux obligations dans ces domaines.

Ainsi l’article 15 du projet de loi propose de ne pas annuler les projets illégaux d’infrastructures agro-industrielles tant qu’ils impliquent“ travaux hydrauliques » – entendre “ mégabassins » – ou élevage – entendre “ fermes industrielles ». Cet article permet non seulement de régulariser ces projets, mais aussi d’accélérer les jugements lorsque des refus d’autorisation administrative permettant l’implantation ou l’extension de ces projets sont contestés par leurs promoteurs.

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“ Nous serons également mobilisés dans les prochains mois pour contester ce projet sur le terrain, en exigeant l’abandon des projets de méga-bassins et de fermes industrielles. », écrivent les auteurs de ce texte.
© Damien Meyer / AFP

C’est donc en sabrant dans le droit de l’environnement que ce soi-disant “ simplification ». Une fois de plus, la loi précarise encore davantage la grande majorité des producteurs agricoles, ne bénéficiant qu’à ceux qui en ont les moyens, l’exploitation de taille suffisante ou la volonté d’industrialiser toujours plus l’agriculture.

Dans le même esprit et pour que ce soit toujours plus simple, et toujours moins débattu, le gouvernement veut aussi prendre par décret un certain nombre de mesures, comme la réduction des délais de recours contre certains projets comme les mégabassins et les fermes. usines, ou relever les seuils pour les bâtiments d’élevage soumis à autorisation environnementale. Il s’agirait de doubler ces seuils déjà alarmants, en augmentant par exemple l’élevage soumis à autorisation de 40 000 à 85 000 volailles.

Citoyens privés de leur droit d’inspection

L’accès de la population à l’information environnementale ainsi que sa capacité à participer à l’avenir de son lieu de vie sont confisqués. Si les appels des promoteurs de mégabassins s’accélèrent, ceux des citoyens se réduisent.

C’est pourquoi nous invitons les députés à rejeter catégoriquement ce projet de loi meurtrier proposé par le gouvernement. Nous voulons et exigeons :

  • une loi d’orientation agricole pour l’avenir, qui prend en compte la diversité des exploitations agricoles, et pas seulement l’agro-industrie, la réalité de la crise environnementale et la situation sociale des agriculteurs. Une loi qui permettra la cession et la reprise d’exploitations à taille humaine, en évitant la spirale de l’endettement et de la dépendance aux subventions ;
  • Une loi qui favorise avant tout la mise en place de projets agroécologiques liés aux territoires, qui fixe un revenu paysan et est profondément sociale, pour que ceux qui nous nourrissent ne soient pas esclaves des exportations et de l’agro-industrie, mais puissent compter sur le soutien de la population, avec la mise en place de la Sécurité Sociale Alimentaire.
  • Une loi qui impose un moratoire aussi bien sur les projets d’élevages industriels que sur les mégabassins, pour enfin respecter les ressources et le vivant ;
  • Enfin une loi démocratique, dont les mesures reflètent les revendications populaires et paysannes, et qui profite à toutes les exploitations agricoles.

Le jour où le projet de loi entrera dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, nous serons devant les bureaux des députés à travers tout le pays pour défendre l’agriculture de demain. Nous accueillons tous ceux qui refusent le modèle agricole dévastateur du gouvernement.

Nous serons également mobilisés dans les prochains mois pour contester ce projet sur le terrain, en exigeant l’abandon des projets de méga-bassins et d’élevages industriels qui, on le sait, gagnent déjà du terrain au mépris de la loi et des populations concernées. !


Premiers signataires :

  • Romane Rozencwajg, pour la coalition Résistance aux fermes industrielles
  • Alice Picard, porte-parole d’Attac France
  • Juliette Franquet, directrice de Zero Waste France
  • Julien Le Guet, porte-parole de Bassines non merci
  • Chloé Gerbier, co-fondatrice de Terres de luttes
  • Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne agriculture et alimentation chez Greenpeace France
  • Jérémy Suissa, coordinateur de Our Everyone’s Business
  • Kim Vo Dinh, co-président de Combat-Monsanto
  • Marc Chesnais, directeur de L’Atelier paysan
  • Dominique Masset, co-présidente de Toxic Secrets
  • Julie Ferrua, secrétaire nationale du syndicat Solidaires
  • Clotilde Batho, présidente de SOLAlternatives agroécologiques et solidaires
  • Thibaut Godin, porte-parole d’Alternatiba
  • Anne-Sophie Trujillo Gauchez, porte-parole d’Action Non-Violente COP21 (ANVCOP21)
 
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