©ariane duclert
Le Département a fait du handicap la grande cause de l’année 2024. Et en cette période pré-olympique, il semblait naturel de parler de sport. Durant cette quinzaine de vacances, cinq portraits de dirigeants impliqués dans le mouvement handisport peuvent être découverts. Aujourd’hui, rencontre avec Patrick Bizet, président de Sport, autisme et HANDicap en milieu rural 76, à Neufchâtel-en-Bray.
Patrick Bizet se rend régulièrement dans les écoles et collèges pour sensibiliser au handicap, « et plus généralement aux différences « . ” Je leur explique que le handicap peut commencer tout simplement avec une paire de lunettes.. » Se rendre compte un jour qu’on ne peut plus réaliser certains gestes ou qu’on perd certaines compétences qui, jusque-là, nous semblaient naturelles et apprendre à faire les choses différemment, c’est un peu l’histoire de Patrick Bizet. Cet ancien athlète, pratiquant le handball depuis l’âge de 18 ans, se blesse un jour de match et c’est la descente. Après une mauvaise opération, il a perdu la mobilité d’un genou puis de l’autre. ” Quand tout va bien, on regarde droit devant, mais quand un problème survient, on ouvre notre champ de vision “, il admet. Passer du monde des personnes valides au monde des handicapés est une page qu’il faut tourner » et c’est toujours difficile « . Face au jugement et au regard des autres, comment puiser des forces nouvelles ?
Une cinquantaine de licenciés
Patrick Bizet aurait aimé continuer le handball, mais il y a dix ans, les clubs de handball adaptés étaient encore rares. En 2012, il rejoint cependant le club de Dieppe, bien décidé à reprendre l’activité sportive. Au lieu d’être joueur, il deviendra animateur. ” En m’y intéressant, j’ai découvert une autre forme de handicap, l’autisme, des enfants privés de sport. Comme je suis sensible à l’exclusion, je me suis impliqué. » Il s’entraîne donc en support, expérimente, et débute finalement avec deux premiers jeunes dans son ancien club de Saint-Nicolas-d’Aliermont. Au fil du temps, il gagne la confiance des enfants et des parents. Il reçoit également le soutien de l’ancienne gymnaste Chantal Nallet, vice-présidente du Comité départemental olympique et sportif de Seine-Maritime. Pendant dix ans, Patrick Bizet apprend, puis en juillet 2022, il crée sa propre structure Sport, autisme et HANDicap en milieu rural76 et ouvre plusieurs créneaux dans des salles communautaires : à Dieppe, Envermeu, Neufchâtel-en-Bray et Blangy-sur- Bresle. Des deux premiers jeunes, il est depuis passé à une cinquantaine de licenciés âgés de 2 à 43 ans, dont le plus âgé le suit depuis 7 ans.
” Avec eux, je travaille la motricité, la coordination des mouvements, mais aussi la peur. Il faut partir du principe que pour un enfant autiste, tout ce qui nous paraît simple devient compliqué, comme tendre le bras ou même simplement attendre. Par exemple, lancer une balle est considéré comme un acte d’agression. Cela provoque du stress et de la fatigue. » Dans ce domaine, être facilitateur demande donc de la patience et une réelle capacité à se remettre en question.
Pour se sentir utile
Devenu ambassadeur 76 de la commission Seine-Maritime Sport & Handicap, Patrick Bizet sait désormais pourquoi il se lève le matin : « les jeunes me donnent une forte motivation pour bouger et je me sens utile. J’ai aussi d’autres projets ! » dit-il avec enthousiasme, comme trouver un lieu fixe, où sa fille pourrait même rejoindre l’aventure ou même ouvrir ses activités à des personnes souffrant de maladies invalidantes.
Sur sa plaque il est écrit Ensemble développons le sport pour tous, en lettres de toutes les couleurs. Pour oublier sa douleur, Patrick Bizet se concentre sur celle des autres » et quand je vois les enfants sourire, je me dis que j’ai tout gagné « .
Pour contacter Patrick Bizet : Sport, autisme et HANDicap en milieu rural 76 – 06 88 56 54 33 – [email protected]
