Une série policière avec un enquêteur dont le comportement ne rentre pas dans la norme est clairement la clé du succès pour de nombreux scénaristes, y compris français. Il suffit de regarder « HPI » ou « Astrid et Raphaëlle ». Mais dans ce registre, les Américains sont aussi très forts. Et l’un des meilleurs « spécimens » reste bien sûr Adrian Monk, cet ancien policier rongé par les TOC, dévasté par le meurtre de sa femme, Trudy, qui s’est reconverti en détective privé. Un enquêteur singulier, qui voit des indices que lui seul peut déceler, pour démêler les affaires les plus complexes.
La série s’est terminée en 2009 après huit saisons. On y laissait un Monk paisible, qui avait enfin découvert qui était le meurtrier de sa femme (un juge avec qui elle avait eu une liaison avant de le rencontrer), et qui entamait une relation avec la fille que Trudy avait eue avec le même juge et que tout le monde pensait morte à la naissance. Nous revoilà presque quinze ans plus tard… et le covid est passé par là. Ce qui a, une fois de plus, aggravé les symptômes de Monk, qui a toujours eu une peur obsessionnelle des microbes. Il est donc plus que jamais miné par ses troubles obsessionnels compulsifs. Des phobies qui lui font perdre son contrat avec un éditeur pour raconter l’histoire de sa carrière de détective. Déprimé, il pense à se suicider pour retrouver Trudy dans l’au-delà. Ce qui le fait tenir, c’est la perspective du mariage de sa belle-fille. Mais voilà que son futur mari décède dans un accident de saut à l’élastique, qui pourrait bien être un meurtre. Et notre détective « toc toc » reprend du service !
Si Tony Shalhoub a vieilli quelques fois (il a désormais 70 ans), il excelle toujours autant dans le rôle de Monk. Un vrai festival. Il parvient à rendre son personnage aussi agaçant qu’attachant. Et on en redemande. On retrouve également son assistante Natalie, ainsi que Randy et le capitaine Leland Stottlemeyer (qui a changé de métier). En revanche, pas de trace de Sharona, l’assistante de Monk dans les premières saisons, qu’on aurait aimé revoir autrement qu’en images d’archives.
Si ressusciter une série qui a fait son temps n’est pas toujours une bonne idée, il faut dire que les retrouvailles fonctionnent plutôt bien ici. Il est vrai que le scénariste original, Andy Breckman, est de retour, ce qui est généralement signe de réussite. Produit pour Peacock, le site de streaming d’Universal aux États-Unis, cet épisode spécial souffre d’être un peu trop long, mais on ne va pas se priver de ce plaisir. Il parvient à retrouver tous les ingrédients qui ont fait le succès de la série sans tomber inutilement dans une forme de nostalgie.
Changements de voix
Si les acteurs ont tous un peu vieilli (normal, en quinze ans), certains personnages ont changé de voix dans la version française, généralement suite au décès des acteurs qui les doublaient. C’est le cas de Leland Stottlemeyer ou du docteur Bell, le psychiatre de Monk. Un peu dérangeant, surtout si vous êtes tombé récemment sur d’anciens épisodes, que TMC rediffuse actuellement tous les après-midi…
« Monk : Le Retour », 4 septembre, 21h10, TF1.