Je suis une personne assez modeste. Ce que je vous dis ici, aucun membre de ma famille ne le sait, pas même ma femme. Je pense que seul un cheminot est capable de le comprendre. Cela fait partie de notre vie quotidienne.
Marc (pseudonyme) est conducteur de train depuis quinze ans. Un travail “ de liberté, très seul, avec beaucoup de responsabilités –
la sécurité des voyageurs en particulier
-. Il y a une certaine fierté à être au service des autres.
Lorsqu’il parle, le Sarthois a une voix calme et posée. Il analyse les situations et s’en souvient sans colère ni tristesse. Il sait gérer ses émotions, qualité essentielle à son métier. La famille ferroviaire a une vie professionnelle assez intense : horaires décalés, une nuit sur deux hors du domicile, entre 30 et 40 week-ends travaillés par an. Et parfois, des situations de crise comme une tempête ou un accident sur la voie, qu’il faut gérer afin de rétablir la circulation au plus vite.
“Nous savons que cela peut arriver”
Marc a subi trois accidents. Le premier et le dernier étaient des suicides. Les passagers sont informés que le train a heurté une personne. Nous ne sommes pas des médecins légistes, nous ne pouvons rien dire d’autre mais tout le monde comprend.
Marc exerçait son métier depuis cinq ans lorsque le premier s’est produit. Il conduisait un train de marchandises ce jour-là, plus lent à s’arrêter car plus lourd
. Une dame s’est jetée sur la voie, c’est arrivé très vite, le train s’est arrêté 1,6 km après le choc
, il explique. A l’époque, il réussissait bonne situation même si j’avais un…
