Le RN promet la censure à Xavier Bertrand s’il devient Premier ministre…

« Le groupe UDR à l’Assemblée nationale censurera évidemment tout gouvernement dirigé par Xavier Bertrand », écrit Éric Ciotti sur X. « Il est allé jusqu’à appeler à voter communiste pour faire barrage à l’Union des droites, insultant au passage 11 millions d’électeurs », déplore le député des Alpes-Maritimes qui s’est allié à l’extrême droite.

Cela fait sept semaines que le gouvernement de Gabriel Attal a démissionné et s’est vu confier la gestion des affaires courantes. Quarante-neuf jours sans conseil des ministres, sans nominations majeures ni nouvelles décisions politiques. Un record de la Ve République, battu le 26 juillet.

C’est le temps qui s’est écoulé depuis le second tour des législatives du 7 juillet, qui s’est soldé par une Assemblée nationale sans majorité. Le chef de l’Etat, qui invoque d’autres démocraties européennes où la recherche de coalitions est la norme, aura attendu 47 jours avant d’entamer des consultations formelles avec les forces politiques. En Italie ou en Belgique, elles débutent immédiatement après le vote.

Le Rassemblement national, première formation de l’Assemblée nationale avec 126 députés, voterait la censure contre un gouvernement dirigé par Xavier Bertrand, a-t-on appris mardi de sources partisanes.

Le RN n’accepterait qu’un gouvernement « technique » qui instaurerait la représentation proportionnelle comme mode de scrutin pour les législatives avant une nouvelle dissolution dans un an, a-t-on ajouté.

Un Premier ministre, oui, mais pas à n’importe quel prix. La remise en cause de la réforme des retraites est une “ligne rouge” pour les macronistes, selon le député EPR (Ensemble pour la République) Sylvain Maillard qui s’exprimait sur Franceinfo.

« Le nouveau Premier ministre devra construire une coalition majoritaire avec les parlementaires. Je m’opposerai à toute suppression de la réforme des retraites ou de la loi sur l’immigration », a également déclaré sur France 2 le député macroniste Benjamin Haddad. Charles Rodwell a tenu le même discours. « Abroger la réforme des retraites provoquerait un chaos budgétaire ».

Pour rappel, LR avait connu une cuisante débâcle lors des législatives, marquées par le rapprochement de son président, Éric Ciotti, avec l’extrême droite.

Le parti de Xavier Bertrand ne compte que 47 élus à l’Assemblée nationale. Loin du RN (126 adhérents ou apparentés), d’Ensemble pour la République (99), de La France insoumise – Nouveau Front populaire (72) et des socialistes et apparentés (66). Ce qui en fait seulement la cinquième force politique de l’hémicycle.

Pour Emmanuel Macron, le calcul est simple : le groupe composé d’Ensemble pour la République, des Démocrates et Horizons et des Indépendants, dispose de 163 sièges. Ajoutés aux 66 de LR, ils pourraient supplanter les 180 sièges du NFP. Sans toutefois assurer une majorité absolue de 289 députés.

Selon nos collègues de parisienEmmanuel Macron a téléphoné mardi à Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau pour discuter de la nomination du chef du gouvernement. Il leur aurait fait part de son intention de nommer Xavier Bertrand à Matignon, rapporte le quotidien. Les principales figures du parti de droite auraient répondu qu’elles n’y étaient pas opposées mais qu’elles voulaient des garanties : il n’était pas question de diriger un gouvernement qui mènerait une politique de gauche.

Selon des sources proches du parti Les Républicains qui ont parlé à l’AFP, Emmanuel Macron et les dirigeants de la droite ont discuté mardi matin d’une éventuelle nomination de Xavier Bertrand à Matignon. Mais l’entourage du président de la République a tenu à préciser à l’agence de presse que le chef de l’Etat continue de “tester les hypothèses Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve”.

Pour Laurent Jacobelli, député RN de Moselle, « il y a tromperie sur la marchandise ». Interrogé sur RMC, le porte-parole du parti d’extrême droite estime que Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) « est un homme politique ». « Il s’est prononcé fortement en faveur de l’euthanasie, c’est son droit. Il a manifesté contre la loi sur l’immigration, donc c’est un immigrationniste. Et il méprise, il insulte sans cesse, les électeurs du Rassemblement national. Donc c’est un diviseur de la gauche. »

Bertrand, Cazeneuve, Beaudet… Mais aussi Laurent Berger. Selon franceinfo, le président de la République aurait également proposé le poste de Premier ministre à l’ancien secrétaire général de la CFDT, qui l’aurait refusé. Il faut dire que l’ancien syndicaliste était un farouche opposant à la réforme des retraites…

Le député LR Olivier Marleix a appelé sur LCI « à la nomination d’un Premier ministre de droite capable de travailler avec tout le monde, de trouver des choix de convergence ». Mais « nous n’avons jamais dit que nous censurerions automatiquement Bernard Cazeneuve », a-t-il tenu à préciser.

Du côté des Républicains historiques, on retrouve un front uni derrière Xavier Bertrand. Le maire du Touquet, Daniel Fasquelle, estime que le président de la région Hauts-de-France ferait « un excellent Premier ministre ». « Je pense que c’est quelqu’un qui demain serait capable de mettre sur la table des propositions très concrètes qui répondent aux attentes des Français », a-t-il déclaré sur France Bleu Nord.

Étonnamment (non), l’extrême droite est sur la même ligne qu’Éric Ciotti. Thierry Beaudet, qui « ne sert à rien dans le paysage actuel », est « celui qui va permettre à Emmanuel Macron de duper les Français », estime le député RN du Nord, Sébastien Chenu, sur RTL. « Il est hostile au RN », « n’a pas de projet », et « va plus ou moins continuer » la politique du chef de l’État.

« Thierry Beaudet est contre la loi sur l’immigration et favorable à la légalisation du cannabis, c’est un homme de gauche », a déclaré mardi sur CNews le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti. L’ancien président de l’UMP – il n’en est plus vraiment membre depuis qu’il s’est engagé à l’extrême droite – « ne croit pas forcément à sa nomination » à Matignon. « Cela fait partie des leurres que brandit le président de la République », estime-t-il savoir.

L’idée de nommer à Matignon Thierry Beaudet, rompu à la culture du consensus, a été accueillie avec une certaine bienveillance par les partenaires sociaux. Mais elle a suscité moins d’enthousiasme au sein de la classe politique. Un haut responsable du camp présidentiel s’interroge ainsi sur sa capacité à « aller dans la gueule du lion à l’Assemblée », tandis qu’à gauche, la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, observe que l’intéressé n’a « jamais gouverné » ni « œuvré au rassemblement des forces politiques ».

Plus inattendu car inconnu du grand public, le nom de Thierry Beaudet a émergé lundi comme possible Premier ministre. Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), profil issu de la société civile, a une sensibilité plutôt à gauche. Alors pour tout savoir sur ce nouveau prétendant à Matignon, 20 minutes vous donne une mise à jour sur sa carrière :

Bonjour à tous. Ce mardi marquera-t-il l’épilogue du casse-tête politique pour trouver un locataire à Matignon ? La réponse est incertaine comme chaque jour alors que lundi un nouveau nom apparaissait sur la liste de l’Élysée. Comme Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve, Thierry Beaudet est également évoqué pour s’installer au 57 rue de Varenne. Mais rien n’est sûr et Emmanuel Macron peut encore sortir une autre piste de son chapeau.