C’est l’histoire d’un triangle amoureux doublement fatal. En 2011, le corps de Frédéric Butanowicz a été retrouvé au cimetière du Commonwealth de Courcelles-le-Comte (Pas-de-Calais). Lorsque son ex-femme Véronique Lardé est accusée de l’avoir assassiné, elle finit sa vie en prison. Nous sommes au deuxième jour de son procès, et cette affaire est close : le décès du principal intéressé met fin à l’action publique, personne ne sera jamais jugé ou condamné.
Avant de mourir, Véronique Lardé a clamé son innocence, accusant un temps son mari de l’époque d’être à l’origine de l’assassinat. «C’est le truc classique», soupire Maître Loïc Bussy, avocat des proches de Frédéric Butanowicz à Voix du crime. On est dans un triangle amoureux, l’un des deux décède, donc forcément, elle attire l’attention des enquêteurs (…) vers son troisième mari.»
Or, c’est impossible : le téléphone de cet homme ne contient aucun endroit qui pourrait l’incriminer et ses proches confirment son alibi. “On sait aussi qu’il vient de sortir de convalescence car il a subi un pontage coronarien, donc il n’a pas la force”, ajoute Loïc Bussy. « Et finalement, il n’y a aucun élément qui converge vers lui. Et malgré les explications de Véronique, tout continue de converger vers elle.»
C’est une femme qui ne sait pas comment mettre fin à une histoire d’amour avec un homme.
Me Loïc Bussy
Alors pourquoi Véronique Lardé aurait-elle tué Frédéric Butanowicz ? “C’est une femme qui ne sait pas mettre fin à une histoire d’amour avec un homme”, répond Loïc Bussy qui se (re)plonge dans cette affaire pour en écrire un livre, L’Éternel Innocent (Michalon, 2024). “Elle était prise dans ce triangle amoureux et elle devait faire un choix. Elle a fait son choix au détriment de Frédéric.
Pour arriver à cette conclusion, il exclut d’abord le mobile financier : bien que l’accusé ait été surpris en train d’empocher des chèques fournis par la victime, « elle ne profite pas financièrement de la disparition de Frédéric qui donnait l’équivalent de 2 000 euros par mois. Surtout, derrière elle, Véronique Lardé laisse un autre mystère : la mort de son premier mari retrouvé inanimé chez lui, des traces de médicaments qu’il ne prenait pas dans son sang… comme Frédéric dont le corps présente des traces de Fentanyl, une molécule utilisée par les patients atteints de cancer.
Dès lors, c’est « le fantôme d’un empoisonneur » qui plane sur ce dossier. Ce qui vaut à l’accusée le surnom de « La Veuve Noire du Pas-de-Calais ». “La seule façon pour elle de mettre fin à cette histoire est de faire disparaître ces gens.», tente d’expliquer Loïc Bussy. Son mari de l’époque – le troisième – dit lui-même qu’il souffrait de maux de ventre lorsqu’ils vivaient ensemble… Les maux de ventre ont disparu avec elle. “Nous ne connaîtrons jamais la vérité”admet l’avocat, regrettant le procès avorté de cette affaire et l’« injustice absolue » de la mort de Véronique Lardé.
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