Une nouvelle piste relance l’enquête sur la mort du ministre

Une nouvelle piste relance l’enquête sur la mort du ministre
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Quarante-quatre ans plus tard, un témoignage en juin 2023 relance l’enquête pour éclaircir les causes de la mort de Robert Boulin, ancien ministre de Valéry Giscard d’Estaing, retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet en 1979.

Alors que l’enquête, en cours depuis 2015, se dirigeait vers un non-lieu, à la suite d’un avis de fin d’information judiciaire et d’une demande du parquet en ce sens, la manifestation spontanée d’un témoin en 2022 a tout changé. « Cette audience relance l’enquête qui est toujours en cours »a confirmé vendredi 30 août 2024 le parquet de Versailles sollicité par leAFPDans son réquisitoire définitif en 2022, le parquet avait estimé ne pas disposer de suffisamment d’éléments pour conclure à un assassinat.

Un témoignage « clair et précis »

Entendu en 2023 par le juge d’instruction, selon une Source proche du dossier, le témoin avait évoqué plusieurs personnes impliquées à des degrés divers dans l’assassinat de Robert Boulin, 59 ans, alors membre du RPR et ministre du Travail dans le gouvernement de Raymond Barre.

L’homme politique avait auparavant occupé plusieurs portefeuilles sous les présidences de Charles de Gaulle et de Georges Pompidou, et pendant le septennat actuel de Valéry Giscard d’Estaing.

« Ce témoin est clair et précis : il donne des noms, des dates, des éléments concrets, comme tant d’autres témoins qui attendent toujours d’être entendus par la justice. »a réagi pour leAFP Marie Dosé, avocate de la fille du ministre, Fabienne Boulin-Burgeat. Pour elle, c’est désormais une certitude : « Personne ne peut aujourd’hui affirmer objectivement que Robert Boulin s’est suicidé, sauf ceux qui ont intérêt à le faire ».

Robert Boulin à Paris en 1971. | ARCHIVES AFP
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Robert Boulin à Paris en 1971. | ARCHIVES AFP

Selon la Source proche du dossier, Robert Boulin aurait été agressé par plusieurs hommes pour le détourner de ses supposées ambitions politiques, qui pouvaient potentiellement faire de l’ombre à Jacques Chirac, alors à la tête du RPR.

Ce témoin cite deux hommes politiques de l’époque dont il dénonce les donneurs d’ordre, poursuit cette Source : Pierre Debizet, chef du Service d’action civique (SAC), le service de sécurité du parti gaulliste, et Charles Pasqua, l’un des premiers dirigeants du SAC fondé en 1958. Toujours selon la Source, cette opération aurait ensuite mal tourné, et Robert Boulin aurait été tué, son corps disposé de manière à simuler une noyade.

Un licenciement en 1991

A l’époque, les enquêteurs avaient conclu à un suicide par noyade après ingestion de barbituriques. Le ministre venait d’être mis en cause concernant les conditions d’acquisition d’un terrain à Ramatuelle (Var). Une version contestée par la famille de la victime, qui avait relancé les investigations en déposant plainte avec constitution de partie civile en 1983.

En septembre 1991, un non-lieu clôt l’enquête pour homicide volontaire, sans affecter la détermination de la famille, convaincue que Robert Boulin a été assassiné parce qu’il détenait des informations sur le financement occulte de sa famille politique.

Fabienne Boulin-Burgeat a demandé à plusieurs reprises – en vain – la réouverture de l’enquête. En 2015, elle a déposé une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, une procédure qui permet presque systématiquement la désignation d’un juge d’instruction, sur la base du témoignage d’un homme qui a vu deux individus dans le véhicule du ministre le jour de sa mort.

L’État poursuivi pour «faute grave»

Trois mois plus tard, le parquet de Versailles a ouvert une information judiciaire pour arrestation, enlèvement et séquestration suivis de mort ou de meurtre. Ces investigations ont pris fin en 2022, sans qu’aucun suspect n’ait été mis en examen. Le parquet a alors requis un non-lieu, invoquant l’absence de preuves dans le dossier.

Conclusions rendues à l’issue d’une enquête judiciaire « pas ou peu investi »déplorait Me Dosé en 2022. L’avocat critiquait depuis plusieurs années « l’enterrement » de l’instruction, et s’est particulièrement indigné des refus d’actes en septembre 2021.

Parallèlement, Fabienne Boulin-Burgeat a assigné l’État en justice en juin 2021 pour « faute grave »estimant que la justice avait échoué dans cette affaire. « Je ne désespère pas de la justice car je suis résolument démocrate mais j’attends depuis 42 ans que justice soit faite, je suis très patient mais c’est dommageable pour notre démocratie de ne pas tout faire pour connaître la vérité sur la mort de mon père »la fille du ministre avait alors déclaré.

En 2019, des journalistes ont demandé à Emmanuel Macron d’ouvrir les archives des services de renseignement concernant cette affaire.

 
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