« Tant que je suis en forme… » – .

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Ses yeux rieurs ont quelque chose de jeune, malgré son âge honorable. «Je soigne certaines familles depuis une cinquantaine d’années, j’en suis à ma troisième génération», explique le docteur Jacques Lanciaux, 87 ans, dans son cabinet médical emblématique de l’avenue du Luxembourg, à Agen. Ce regard joyeux croise encore celui des enfants qu’il soigne « sans jamais porter la blouse blanche, pour ne pas les effrayer, en expliquant toujours ce que je vais faire et en demandant la permission de les examiner ». Merci aux parents soucieux de garantir que le médecin n’envisage pas de prendre sa retraite. « Il ne se passe pas une semaine sans qu’on me dise de ne pas m’arrêter. J’ai bien conscience d’être privilégié au niveau de ma santé. Donc tant que je suis en forme…», sourit le vaillant octogénaire, passionné de course à pied.

La fenêtre de son bureau offre une vue imprenable sur le lycée Palissy, l’établissement où Jacques Lanciaux a effectué toute sa scolarité, de la maternelle au baccalauréat. « J’en garde un excellent souvenir, tant de l’ambiance que de la qualité de l’enseignement des professeurs », confie-t-il. Pourtant, rien ne prédestinait le petit bonhomme du Nord à débarquer en terre gasconne. Sauf l’irruption de la Seconde Guerre mondiale dans l’existence de la famille, originaire de Cambrai. « Tout le monde était entassé dans la traction avant, avec un matelas sur le toit pour nous protéger des balles. » Direction le sud et la perspective d’un abri. « Mes parents envisageaient de partir deux semaines. Finalement, nous arrivons, puis restons à Agen en 1942, après plusieurs étapes. »

Désertification médicale

L’Agenais d’adoption, désormais célèbre, opte très tôt pour des études de médecine. Le choix de sa spécialité est renforcé par des expériences de stage, et, avec le recul, par un traumatisme infantile. « J’ai été très frappée par le décès de ma petite sœur, à l’âge de deux ans et demi, des suites d’une toxicose, qu’on appelle aujourd’hui déshydratation. C’était en 1949 », se souvient-il.

« Pédiatre est un métier que j’aime, c’est une activité très riche… »

Après avoir travaillé essentiellement comme indépendant, le pédiatre s’installe en février 1966, après avoir remplacé un certain docteur Chollet. Le docteur se forme également en psychologie de l’enfant, travaille au sein des CMPP (centres médico-psychpédagogiques), des CAMSP (centres d’action précoce médico-sociale), dont il a été responsable à Agen, et dans des structures à Villeneuve-sur-Lot, Fumel, mais aussi travaille aux côtés du juge des enfants, sous l’égide de La Sauvegarde.


«J’ai la chance d’avoir une vie bien remplie. Je suis sûr que je ne regretterai rien. »

Loïc Déquier/SO

« Pédiatre est un métier que j’adore. Le contact avec les gens, les rencontres intéressantes… C’est une activité très riche», s’enthousiasme le médecin, désespéré par le manque de spécialistes dans la ville et la désertification médicale. « C’est dramatique pour l’accès aux soins. »

Dévouement

Jacques Lanciaux reçoit aujourd’hui ses jeunes patients au rez-de-chaussée de la maison de ses parents, lui père de neuf enfants – « J’en avais déjà cinq quand j’ai fait ma thèse » – dont aucun n’a choisi le même parcours professionnel que lui. «Ils ont vu la vie que je menais», reconnaît-il. Le dévouement, les déplacements, les dérangements la nuit, les visites à domicile… »

Fort de ses années d’expérience, le médecin est parfois frappé par l’absence d’interdits en matière d’éducation, tout en se réjouissant de l’implication croissante des pères lors des consultations. Sur les étagères de son bureau, de multiples objets témoignent de sa passion pour les voyages, un hobby poursuivi avec la même exaltation que son parcours professionnel. «J’ai la chance d’avoir une vie bien remplie. Je suis sûr que je ne regretterai rien.

Dans le Lot-et-Garonne, un médecin généraliste sur cinq a plus de 67 ans

Sur 204 médecins généralistes indépendants exerçant dans leur cabinet dans le département, près de 40 d’entre eux ont plus de 67 ans et continuent d’exercer, tout en ayant acquis leurs droits à la retraite, soit près de 20 %. Une statistique éclairante dans un département touché par la désertification médicale.

 
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