5 faits que vous ignorez peut-être sur Polytechnique

5 faits que vous ignorez peut-être sur Polytechnique
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Depuis sa création en 1791, l’Ecole Polytechnique, aujourd’hui située à Paris-Saclay, fascine. C’est sans doute pour dépassionner le sujet qu’Hervé Joly, directeur de recherche CNRS en histoire contemporaine, a publié, le 18 avril, « Histoire de l’École Polytechnique », un ouvrage qui retrace de manière factuelle l’évolution de l’école, son statut ou encore les élèves autorisés ou non à postuler. Nous vous proposons une sélection de cinq temps forts.

1. Les femmes admises tardivement aux compétitions

Les femmes ont dû attendre 1972 avant de pouvoir passer l’examen d’entrée X. C’est la dernière école d’ingénieurs à avoir franchi ce cap, plus d’un demi-siècle après Centrale, la première, en 1917. La raison se cache dans le statut militaire. Pour évoluer, l’école attendit la réforme de l’armée de 1970 qui autorisait les femmes qui le souhaitaient à effectuer le service militaire volontaire.

Dès leur premier concours, les candidats se sont imposés avec sept admis sur 300. Anne Chopinet a même grimpé au classement la première année. En 2022, Laura Chaubard, ingénieure générale de l’Armement, devient la première directrice générale de Polytechnique. Mais le chemin est encore long : avec 18 % des effectifs, la proportion de femmes chez X reste inférieure à toutes les écoles d’ingénieurs en France où la moyenne est de 28 %.

2. Des opportunités militaires… pour les moins bien classés

Polytechnique se démarque des autres écoles d’ingénieurs par son statut particulier. Fondée en 1791 sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, elle acquiert son statut militaire en 1830. Depuis, elle n’a jamais quitté la tutelle du ministère de la Guerre, aujourd’hui des Armées (sauf sous le régime de Vichy).

À l’origine, le corps militaire (où sont toujours allés les moins bien classés) offrait plus d’opportunités que le corps civil. Mais depuis les années 2000, seules une dizaine de places ont été proposées sans toujours être remplies. Aujourd’hui, en moyenne 7% des étudiants choisissent cette filière.

Deuxième principal débouché original : les corps civils (là où vont les meilleurs). Mais depuis les années 2010, seules trois filières sont ouvertes à une quarantaine d’étudiants : celle des Mines (pour les meilleurs du classement), des Ponts, des Eaux et Forêts (le corps supérieur de l’Etat à caractère technique et interministériel) et de l’Insee. (en tant qu’administrateur).

Sur le site de Polytechnique, on peut lire qu’environ 53 % des ingénieurs polytechniques décident d’entrer dans le privé (on dit alors qu’ils « démissionnent ») ou comme fonctionnaires. 34 % d’entre eux poursuivent leurs études doctorales, dont 15 % qui intègrent un organisme étatique.

3. L’obligation de payer le « chausson » en cas de non-respect de l’engagement

Les carrières en entreprise sont donc paradoxalement les plus prisées. Toutefois, les polytechniciens, en leur qualité d’élèves-officiers, reçoivent une rémunération pendant toute la durée de leurs études, et sont exonérés des frais de scolarité. En contrepartie, ils doivent s’engager à au moins dix ans dans la fonction publique, dans les vingt ans suivant leur formation. S’ils ne respectent pas ce contrat, ils doivent rembourser ce qu’on appelle la « pantoufle »soit 31 000 euros correspondant à leurs frais de scolarité.

Depuis les années 2000, le remboursement « pantoufles » a été supprimé et les étudiants n’avaient plus l’obligation d’intégrer la fonction publique. Cependant, un décret publié au Journal officiel le 23 mai 2015 revient au fonctionnement initial : un polytechnicien qui n’a pas terminé sa scolarité ou qui travaille dans le secteur public depuis moins de dix ans, devra rembourser sa scolarité s’il n’a pas travaillé dix ans pour l’Etat. ” Si l’école parvient un jour à l’appliquer », ajoute toutefois l’auteur.

4. Une maigre hétérogénéité sociale

Malgré la gratuité de l’enseignement, l’origine sociale des étudiants X n’est pas très diversifiée. Entre 2008 et 2016, la part des étudiants issus de « très favorisé » a continué de croître jusqu’à atteindre 23 % de la population X (professeurs compris). En 2019, 73 % des admis au concours proviendraient du « cadres et professions intellectuelles supérieures « . Une population se démarque, ce sont les héritiers : « Chaque année, quasiment sans changement, un étudiant sur dix est le fils d’un polytechnicien. », écrit Hervé Joly.

L’École est consciente de ce problème et, à partir de 1830, des bourses sont accordées aux étudiants les moins aisés. En 1930, l’enseignement devient gratuit et ce système de bourses est aboli.

Nouvelle stratégie adoptée en 2000 : ouvrir des places plus compétitives aux étudiants universitaires, un environnement moins inégalitaire que les classes préparatoires. Malgré tout, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. En effet, la part des boursiers admis stagne à une moyenne de 11,4% depuis 2019 contre une moyenne de 13% les 5 années précédentes.

5. Moins de prestige à l’international

En France, l’Ecole Polytechnique est perçue comme la meilleure école d’ingénieurs. A l’étranger, elle a plus de mal à s’implanter. Avec son statut militaire, » il souffre d’une certaine incompréhension hors des frontières de la France. »

Contrairement aux universités comme Harvard ou Cambridge, Polytechnique est plus petite. En 2023, 140 places sont proposées aux étudiants internationaux. A titre de comparaison, sur les 2 000 étudiants admis chaque année à Harvard, 16 % sont internationaux, soit 320 étudiants.

A noter qu’à l’origine, Polytechnique n’autorisait pas les candidats étrangers. La raison ? Polytechnique forme des ingénieurs et des officiers pour les services publics et militaires. Ce n’est qu’en 1921 qu’elle autorise finalement leur admission, à condition qu’ils ne choisissent pas d’entrer dans la fonction publique française à l’issue de la formation.

Enfin, en termes de classement, l’X, qui apparaît sous le nom d’Institut polytechnique (qui regroupe cinq établissements français), peine à se hisser au sommet. Dans celui réalisé par l’Université de Shanghai et qui fait référence, l’Institut Polytechnique reste en 2023 au-delà de la 300e place tandis que l’Université Paris-Saclay occupe la 15e place. Celui du Times Higher Education est plus favorable et place l’Institut à la 95ème place. Au classement QS, l’ensemble remonte à la 49e place, devant Paris-Saclay, alors 86e.

 
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