Lannion. Deux squatteurs libérés après l’incendie criminel d’un manoir

Lannion. Deux squatteurs libérés après l’incendie criminel d’un manoir
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Par Christophe Ganné
Publié le

19 avril 24 à 8h35

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Dans la nuit du 20 au 21 février, les pompiers ont été appelés rue Jacques Feuillu à Lannion suite au sinistre qui a touché le manoir de St Elivet. Celui-ci avait été fortement endommagé par les flammes.

Nouveaux propriétaires

Abandonné depuis de nombreuses années, cet hôtel particulier était bien connu de la communauté des SDF de Lannion, il était devenu un lieu privilégié pour squatter.

En décembre dernier, deux entreprises acquièrent ce bâtiment du XVIe siècle pour une somme relativement modeste, 20 000 euros. L’état de délabrement et la présence quotidienne de squatteurs ont largement contribué à ce prix « bas ».

Le 20 février dans l’après-midi, les nouveaux acheteurs se sont rendus sur les lieux et ont commencé à retirer les différents matelas qui se trouvaient dans l’immeuble. Ils bouchent les fenêtres du rez-de-chaussée. Ce n’est évidemment pas du goût de certains sans-abri qui y voient « la perte future » de leur logement.

Le jour des faits, un couple de sans-abri qui dormait dans une dépendance aurait pu mourir dans cet incendie ; Heureusement, l’intervention rapide des pompiers a permis d’éviter le pire.

Un signalement au commissariat

Début avril, une jeune femme s’est présentée à la police à Lannion, elle leur fournit l’identité de l’agresseur, qui n’est autre que son beau-frère. Ce dernier se serait vanté de son acte. Les deux squatteurs qui ont échappé aux flammes sont à nouveau entendus par les enquêteurs. Si dans leurs premières déclarations, « ils n’avaient vu personne », ils attestent cette fois le contraire. Ils indiquent avoir passé une partie de la soirée au manoir avec deux personnes, dont une bien connue du milieu des sans-abri de Lannion.

L’enquête trouve son second souffle

L’un d’eux est interpellé par les policiers de Lannion le 16 avril au matin. Se sachant recherché, le second se présente quelques heures plus tard. Les audiences démarrent plutôt bien, les deux complices reconnaissent leur présence sur les lieux de l’incendie. Les choses se gâtent quand vient le temps de prendre ses responsabilités. Chacun accuse l’autre d’être à l’origine du désastre.

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Ce soir-là, comme beaucoup d’autres, ils burent beaucoup, ils étaient en colère. Un feu est allumé dans la cheminée pour se réchauffer comme d’habitude, puis l’un d’eux décide de mettre le feu au manoir. On aurait dit : “Comme on ne peut plus dormir ici, personne ne pourra venir ici”

Mais la question demeure : lequel des deux sans-abri est l’incendiaire ?

Devant le tribunal, les prévenus campent sur leurs positions

Aujourd’hui, 18 avril, c’est sous escorte policière que les deux squatteurs arrivent à la barre du tribunal correctionnel après avoir quitté leur garde à vue. Le président ouvre les débats. Les deux prévenus semblent nerveux, « ils ne peuvent pas rester assis, parler beaucoup ». Peut-être le manque d’alcool ou de stupéfiants…

Des casiers judiciaires éloquents

Le premier est né en 1996, quatre mentions figurent à son dossier, violence, stupéfiants… Il avoue être « accro à la cocaïne et à l’héroïne ». Il aurait été diagnostiqué « hyperactif ». Sa compagne est née en 1983, son casier judiciaire est bien plus chargé, il a déjà purgé onze ans de détention pour plusieurs affaires, dont une affaire de violences ayant entraîné la mort de la compagne de sa mère, toujours sous l’emprise de l’alcool.

Qui a causé ce désastre ?

Il reste une certitude, les deux hommes étaient les deux seules personnes présentes dans la pièce principale du manoir lorsque l’incendie s’est déclaré. Problème majeur dans cette affaire : les enquêteurs n’ont pas pu déterminer lequel des deux était réellement à l’origine de l’incendie.

Après les réquisitions du ministère public qui nécessitent cinq et trois ans d’emprisonnement, les deux avocats insistent sur le doute qui existe quant à l’identité de l’auteur des actes. Le tribunal se maintient sur ce dernier élément et acquitte les deux prévenus « au bénéfice du doute ».

Arrivés menottés au tribunal, les deux complices ont quitté la salle d’audience, libres, un léger sourire aux lèvres.

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