un spectacle à voir absolument

Publicité / Publicité

Stéphanie Jasmin et Denis Marleau reviennent sur les écrits de Marie-Claire Blais avec un roman magistral et touchant. Un cœur habité par mille voix. Une réalisation à couper le souffle. Jusqu’au 28 avril Espace Go – Théâtre contemporain et féministe à Montréal

Après avoir offert le grandiose SOIF Matériaux il y a presque cinq ans, Stéphanie Jasmin et Denis Marleau proposent cette fois une toile sensible, empreinte de tolérance et de douceur, servie par un casting admirable.

L’histoire met en scène les personnages dans lesquels Marie-Claire Blais a donné vie Les nuits du métro Et L’Ange de la Solituderomans publiés dans les années 70 et 80. Le public retrouve donc des personnages vieillis : René (le merveilleux Jean Marchand) est en fin de vie et ses amis militants se sont un peu éloignés des luttes pour les droits des homosexuels et des transsexuels.

type="image/webp">>

Le personnage de René, et ceux de ses amis militants – sans oublier Grande Sophie, sur le plateau d’Espace Go. Crédit photo Yanick Macdonald

Une distribution époustouflante

Louise (Christiane Pasquier et sa diction parfaite), Doudouline (surprenante Sylvie Léonard dans une apparente vulnérabilité), Polydor (très crédible Louise Laprade) et Gérard (Nadine Jean dans un double rôle convaincant) retrouvent le patient fragilisé. Pour l’occasion, Grande Sophie, la mère de Doudouline (excellente Élizabeth Chouvadlizé, dans un double rôle assez fort), bien que si caustique, se joint au rendez-vous. L’énigmatique infirmière/dame Olga (Pascale Drevillon, toujours plus affirmée) veille jalousement sur René.

Le jeu des acteurs est filmé et projeté sur l’immense mur du fond. La caméra est manipulée par Victor Cuellar, qui se déplace sur scène comme un chat, capturant des gros plans de visages dans lesquels la fragilité des personnages éclate à travers l’écran. L’ensemble de la scénographie est de couleur blanc crème, et la tenue de Victor Cuellar reprend les codes du kurogo, la tenue noire portée par les marionnettistes japonais, pour suggérer l’invisibilité du marionnettiste. Il se dégage de l’ensemble un parfum légèrement nostalgique de cérémonial païen, même si de petites touches d’humour allègent l’atmosphère.

type="image/webp">>

Nadine Jean (assise) Pascale Drevillon (à la table à repasser) Victor Cuellar devant la caméra. Crédit photo Yanick Macdonald

Jean Marchand, qui poursuit une carrière de pianiste classique comme soliste, chambriste et accompagnateur en plus de sa carrière de comédien et de metteur en scène, joue sur un superbe piano à queue noir. L’environnement musical (musique d’Alexander Macsween) est très présent et contribue à situer doucement les tableaux dans un autre espace-temps.

Marie-Claire Blais était une adepte d’Espace Go et l’auteur Kevin Lambert lui rend ici un bel hommage en signant l’adaptation théâtrale du dernier livre que la romancière a écrit juste avant sa mort, en 2021. Les situations sont bien installées et cette production élégamment et souligne avec justesse le chemin parcouru depuis les émeutes de Stonewall.

Ginette Noiseux, la directrice artistique sortante d’Espace Go, peut repartir le cœur heureux. Un cœur habité par mille voix. Jusqu’au 28 avril Espace Go – Théâtre contemporain et féministe à Montréal

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT images de la scène du chaos