Les grands récifs coralliens meurent-ils plus vite que prévu ? – .

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Les océans se réchauffent partout sur la planète et cela pourrait avoir des conséquences dramatiques. L’Administration nationale américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA) a exprimé cette semaine son inquiétude face à cette puissante vague de chaleur marine qui sévit actuellement. Depuis février 2023, les relevés de températures ont battu des records aux quatre coins du monde. Même si selon l’agence, il est encore trop tôt pour mesurer précisément les impacts de la hausse des températures, les effets sont déjà visibles, notamment sur les coraux qui blanchissent massivement. Dans ce domaine, la Grande Barrière de Corail australienne est malheureusement en première ligne.

En Australie, les jours de la Grande Barrière de corail semblent comptés

L’autorité chargée de protéger le plus grand récif corallien du monde a annoncé, mercredi 17 avril 2024, que l’épisode de blanchissement massif actuel est le plus grave jamais enregistré. C’est la nouvelle plutôt déprimante que viennent de délivrer les autorités australiennes. Selon les relevés aériens réalisés ces dernières semaines, les trois quarts des récifs observés sont touchés. Ce blanchissement est même considéré comme extrême sur environ 40 % de la Grande Barrière de Corail, qui s’étend pourtant sur 2 300 km. Cette année, deux cyclones l’ont également endommagé, mais la principale cause de son blanchissement est bien sûr le réchauffement climatique et celui des océans. Désormais, ses jours semblent comptés, puisque cet épisode est non seulement le plus violent, mais aussi le cinquième en à peine huit ans.

Mais si l’Australie, en tant que producteur majeur de combustibles fossiles, est en partie responsable de ce réchauffement, elle ne peut pas résoudre seule ce défi mondial. Si le monde ne parvient pas à contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C, presque tous les récifs coralliens de la planète pourraient disparaître.

Cela représenterait bien sûr une perte énorme en termes de biodiversité, mais aussi un coup dur pour l’économie australienne. La Grande Barrière de Corail fournit chaque année plus de 64 000 emplois et près de 3,5 milliards d’euros de revenus touristiques. C’est la raison pour laquelle le gouvernement australien a tant peur de la prochaine réunion du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, en juillet 2024 : compte tenu des dégâts constatés, on ne voit pas comment la Grande Barrière de Corail pourra échapper à la liste des sites en danger.

L’Australie a déjà réussi à repousser cette échéance à deux reprises, et le gouvernement élu il y a deux ans se montre bien plus proactif dans la lutte contre le réchauffement climatique. Malheureusement, son action est encore jugée trop timide face à l’imminence de la menace : tout en s’engageant à protéger les espèces menacées d’extinction et à réduire ses émissions de CO2, elle continue également de délivrer de nouveaux permis d’exploitation de gisements de gaz naturel, comme autant de clous sur le cercueil de la Grande Barrière de Corail.

Au Mexique, le scénario catastrophe d’un blanchissement généralisé arrive plus tôt que prévu

Le Mexique est bordé dans les Caraïbes par le système corallien de Méso-Amérique, le deuxième plus grand au monde, et entouré des deux côtés par d’autres récifs de l’Atlantique et du Pacifique. Le pays est non seulement particulièrement touché par le phénomène de réchauffement des océans, mais il est surpris par la rapidité du phénomène.

C’est la première fois que les scientifiques observent un blanchissement des coraux d’une telle ampleur. Il s’agit d’un blanchissement généralisé, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Les experts estiment qu’au moins 80 % des coraux sont touchés et tous s’accordent sur le fait que la probabilité de les voir mourir d’ici un an est élevée. Il s’agit d’un scénario catastrophe qui arrive plus tôt que prévu. Cela n’était pas prévu avant 2030, pour le moins dramatique. Il faut dire que l’eau n’a jamais été aussi chaude autour du Mexique : sur chaque littoral, les eaux de surface ont atteint en moyenne 31° durant l’été 2023.

Bien qu’il s’agisse d’une année record, le phénomène n’est pas nouveau au Mexique ; le pays subit déjà les conséquences du réchauffement des eaux. La montée du niveau de la mer contraint les villages à se déplacer. Elle est également bien visible chaque année sur les plages des Caraïbes, lorsque plusieurs tonnes de sargasses s’échouent. Cette algue brune et flottante naît dans l’océan et se multiplie à grande vitesse dans les courants chauds.

Le Mexique doit également faire face au phénomène El Niño, un événement naturel et récurrent, qui se produit cette année dans la région, et qui tend également à réchauffer les eaux. Une circulation des courants océaniques dans le Pacifique équatorial fait remonter les eaux chaudes à la surface. L’impact se produit déjà, il est très clair dans les courbes, et il s’accumule avec le réchauffement provoqué par l’activité humaine. Le risque est important car la chaleur des océans alimente la formation d’ouragans et le Mexique se trouve sur leur passage.

En octobre 2023, la ville d’Acapulco a été dévastée par Otis, un ouragan de catégorie 5, qui s’est formé sur le Pacifique et s’est renforcé précisément en passant sur des zones où la température était plus élevée que dans le reste de l’océan. Au Mexique, la saison des ouragans commence en mai. Avec El Niño toujours présent et le réchauffement climatique des eaux de la planète, les risques d’apparition de tempêtes de forte intensité sont beaucoup plus élevés.

 
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